Los Angeles laisse un héritage durable
Le 14 août 1932, le stade olympique de Los Angeles, théâtre de tant d’exploits sportifs au cours des 15 jours qui ont précédé, affiche à nouveau complet pour l’apogée des Jeux de 1932. Le public est invité à assister à un ultime spectacle sportif, le Prix des nations équestre, avant le début en grande pompe de la cérémonie de clôture.
« Tous les regards se sont à nouveau tournés vers le tunnel immense, d’où étaient sortis, deux petites semaines auparavant, des jeunes dans la fleur de l’âge issus de quarante nations, venus fêter les Jeux de la Xe Olympiade sur les rives du Pacifique, se souvient le rapport officiel. Lorsque les premières notes de musique militaire ont retenti dans la douceur de la fin d’après-midi, le même personnage vêtu de blanc que lors du premier jour a émergé du tunnel, arborant fièrement le drapeau de la Grèce, mère des Jeux Olympiques. »
Puis, dans le même ordre que lors de la cérémonie d’ouverture, c’est au tour des drapeaux et des bannières des pays participants de défiler. Un détail frappe cependant l’attention, une absence, celle des athlètes eux-mêmes dont la plupart ont déjà pris le long chemin du retour. Étant donné que la location du village olympique est facturée à la nuit, ce n’est peut-être guère surprenant.
Évoquant le village olympique ultramoderne, tout le monde s’accorde à dire qu’il s’agit d’un succès retentissant. « Une grande et belle famille regroupant quarante nationalités y a vé-cu, à faire pâlir tous les hommes politiques du monde. Mais pas un seul athlète n’a oublié un seul instant le pays ni le sang d’où il est issu, pas plus qu’il irait bientôt confronter son talent et sa personnalité à ceux de ses camarades venus d’ailleurs, au nom de l’honneur de son pays et du sport, souligne le rapport officiel. Nuit après nuit, au sein du village, le vain-queur a côtoyé le vaincu dans un contexte de véritable amitié personnelle et de compréhen-sion humaine. »
Dommage qu’il ne reste plus aucune trace du village aujourd’hui. Après les Jeux Olym-piques, chaque bungalow sera vendu pour 140 dollars (215 dollars avec les meubles) et beaucoup d’entre eux seront dispersés aux États-Unis. Certains seront même expédiés dans des contrées lointaines, notamment en Allemagne, au Japon et en Afrique du Sud. Mais l’héritage restera intact, le village devenant une marque de fabrique de tous les Jeux sui-vants.
De retour au stade olympique, une personnalité néerlandaise accomplit le rituel de la transmission du drapeau olympique, confié à Amsterdam quatre ans plus tôt, à John C. Porter, maire de Los Angeles, qui en aura la garde jusqu’à Berlin 1936. En même temps que les trompettes sonnent, la flamme olympique s’éteint lentement pour signifier la clôture des Jeux de 1932.
Laissons le dernier mot au rapport officiel qui indique que, face à de grandes difficultés inattendues, « c’est l’affect qui a soutenu toute la famille olympique dans sa volonté d’aller de l’avant dans une période de crise économique et de conflits politiques mondiaux et, au prix d’une abnégation extrême, dans sa détermination à faire des Jeux de la Xe Olympiade un succès exceptionnel ».