Lindsey Jacobellis repart à l'assaut de l'or olympique
Considérée comme une des plus grandes championnes de l’histoire du snowboard cross, Lindsey Jacobellis n’a pas encore connu la réussite aux Jeux Olympiques. Quintuple championne du monde, elle est la double tenante du titre planétaire (2015 et 2017), et espère bien connaître enfin la gloire olympique à sa quatrième participation aux Jeux d'hiver.
Lindsey Jacobellis naît à Danbury dans le Connecticut, non loin des montagnes du Vermont et de la station de Stratton Mountain où son frère l’entraîne à pratiquer le snowboard en 1996 alors qu’elle est âgée de 10 ans. Bien qu’elle brille également en half-pipe dans un premier temps, Lindsey Jacobellis va surtout grandir avec sa discipline favorite, le snowboard cross qui naît en Amérique du nord au début des années 1990 et qui connaît sa première grande compétition internationale en 1997 aux X-Games. Jacobellis y participe pour la première fois à l'âge de 15 ans. Elle va devenir l’athlète la plus titrée des X-Games d’hiver avec dix victoires en « SBX » entre 2003 et 2016. Elle s’impose également cinq fois dans les championnats du monde de la FIS (2005, 2007, 2011, 2015, 2017), remporte deux fois la Coupe du monde de sa spécialité (2007, 2009) et compte, au départ de la saison olympique 2017-2018, 28 victoires en Coupe du monde et un total de 48 podiums. Un ensemble de résultats qui font de la championne américaine aux cheveux bouclés un des plus grand noms de la jeune histoire du snowboard cross.
Désillusions olympiques
Lors de la saison qui la verra gagner le globe de cristal de la FIS pour la première fois,
le snowboard cross fait ses débuts olympiques en 2006 aux Jeux de Turin, sur le parcours de virages relevés et de sauts construit à Bardonecchia. Lindsey est, à 20 ans, la n°1 mondiale et va le prouver… jusqu’au dernier saut débouchant sur la ligne d’arrivée en finale ! Elle passe en effet aisément tous les tours jusqu’à se retrouver sur la rampe de départ face aux trois autres finalistes pour la course aux médailles.
Elle s’élance en boulet de canon, creuse tout de suite un bel écart et s’échappe tandis que derrière elle, contacts et chutes se multiplient. Lindsey arrive esseulée sur le tremplin final, décolle et… attrape sa planche en l’air (un « grab ») ce qui la déséquilibre et provoque sa chute à quelques mètres du but. Le temps qu’elle se relève, la Suissesse Tanja Frieden arrive lancée pour la dépasser et remporter le premier or olympique de la discipline. La médaillée d’argent admettra plus tard que ce geste « n’était pas nécessaire », précisant « Le snowboard est une discipline amusante… et je m’amusais. »
Lindsey Jacobellis ne connaît pas non plus la réussite en 2010 à Vancouver, où elle se classe 5e après avoir été éliminée en demi-finale en ratant une porte après une mauvaise réception sur un saut, puis à Sotchi en 2014 où elle termine 7e, sortie au même stade sur une chute.
Une nouvelle chance à PyeongChang 2018
Alors que son palmarès olympique reste pour l’instant constitué d’une médaille d’argent, la championne américaine marque l’histoire de sa discipline sur tous les autres fronts.
Elle est aujourd'hui la double championne du monde en titre, gagnante de la finale aux Mondiaux FIS de Kreischberg (Autriche) en 2015 et à ceux de Sierra Nevada (Espagne) en mars 2017 où elle remarque : "Chaque année, ça devient un peu plus dur, car le niveau féminin continue à augmenter dans la discipline", ajoutant : "Je veux qu'on se souvienne de moi comme quelqu'un qui soutient la nouvelle génération, tout en continuant à placer la barre plus haut." Comme elle le fait d'ailleurs dans la première épreuve de la saison olympique 2017-2018, le 10 septembre sur le tracé de Cerro Catedral (Argentine) où elle s'impose devant la championne olympique en titre tchèque Eva Samkova et la Française médaillée de bronze à Sotchi 2014 Chloé Trespeuch. Puis elle enchaîne en gagnant la première course de l'hiver olympique, le 13 décembre à Val Thorens (France) devant Chloé Trespeuch et l'Italienne Michela Maioli.
L'Américaine a expliqué ce qui la poussait à continuer la trentaine passée : "Mon sport évolue constamment, et c’est quelque chose dont je veux encore faire partie et que j’adore pratiquer. Il n’est pas question de dire "ça n’a pas fonctionné aux Jeux, remballons tout et faisons autre chose. Je sais que j’ai encore une vie dans mon sport. Je ne veux pas m’arrêter sans raison. Je veux continuer jusqu’à ce que je n’en sois plus physiquement capable."
Lindsey Jacobellis s'est déjà rendue à PyeongChang en février 2016 lors de la première épreuve test disputée sur le parcours de cross de Bokwang, remportée par Chloé Trespeuch et où elle s'était classée 4e de la finale. "J'ai eu beaucoup de plaisir à aller à PyeongChang pour disputer la course pré-olympique. C'est un gros, gros parcours façon X-Games, avec beaucoup de possibilités de se mettre en chasse à l'abri du vent, beaucoup de vitesse et beaucoup de temps pour capitaliser sur les erreurs des autres concurrentes, pour dépasser…. je pense qu'il correspond à mes qualités", note-t-elle.
Sur la lancée d'une carrière de quatorze années au plus haut niveau, elle va donc repartir à l'assaut de l'or olympique en février prochain. Elle ne considère pas forcément que ce sera sa toute dernière chance. "Je continue à prendre chaque semaine l'une après l'autre, chaque mois l'un après l'autre, je vis juste mon rêve. Je ne regarde pas trop loin vers le futur parce que cela vous fait rater ce qui se passe sur le moment. J'ai fait des erreurs dans le passé en me préoccupant trop de ce qui allait arriver, sans voir ce que j'avais sous le nez."