Les stars du snowboard masculin offrent un magnifique spectacle à PyeongChang 2018

En commençant par Redmond Gerard, le premier médaillé d'or né en 2000, en continuant par le triplé de légende de son compatriote Shaun White et le non mois fameux doublé du Français Pierre Vaultier, en terminant par la victoire inaugurale du Canadien Sébastien Toutant en Big Air, et par la très belle victoire du Suisse Nevin Galmarini en snowboard alpin, les émotions et les exploits de légende n'ont pas manqué du Phoenix Snowpark à la gigantesque rampe d'Alpensia !

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Les stars du snowboard masculin offrent un magnifique spectacle à PyeongChang 2018
(2018 Getty Images)

Encore fallait-il gagner sa place aux Jeux à 17 ans, entrer de l'équipe olympique américaine où les places sont si chères compte-tenu de l'importante densité de spécialistes au plus haut niveau international, et de l'impitoyable processus qualificatif interne qui ne s'est achevé que fin janvier. Redmond Gerard l'a fait, et ce 11 février sur le parcours de slopestyle snowboard à Phoenix Park, il n'est pas que le premier médaillé d'or de son pays aux Jeux de PyeongChang 2018, il est aussi pour l'histoire le premier athlète né en 2000 à décrocher un titre olympique.

Redmond Gerard ressemble fortement à Tintin avec ses cheveux roux et sa mèche rebelle. Au cours journée ensoleillée mais balayée par un froid glacial, l’enfant de Breckenridge, soigne le suspense pour damer le pion au principal favori canadien Maxence Parrot vainqueur des trois dernières éditions des X-Games en Big Air. Dominé par Parrot lors des qualifications, le prodige de 17 ans doit sortir un run exceptionnel lors de sa troisième et ultime tentative pour subjuguer les juges par son inventivité et sa maîtrise technique.

Après deux notes assez moyennes de 43.33 et 46.40, il parvient à offrir une prestation totalement maîtrisée, pleine d’audace de fluidité et de créativité. Il réussit notamment à plaquer un magnifique "switch backside 1260", puis en étant le seul à prendre autant de vitesse, à faire tournoyer un "triple cork" parfaitement posé sur son dernier saut. Les juges apprécient : 87.16 - le meilleur score de la finale et la victoire.

« C’est complètement fou, » s’exclame l'adolescent. "Je n’arrive pas à y croire. Je tremble et je ne sais pas si c’est à cause de l’excitation ou du froid. Poser un run était déjà incroyable après mes chutes de deux premiers runs. Finir premier, c’est incroyable." Quatrième lors des derniers X Games à Aspen au mois de janvier, il est arrivé à ces Jeux en pleine confiance après avoir obtenu ses deux premiers succès en Coupe du monde à quelques semaines des Jeux :  à Mammoth Mountain et à Snowmass Il a su tout donner dans son ultime run pour surpasser ses rivaux canadiens et succéder à son compatriote sage Kotsenburg qui avait remporté la compétition inaugurale à Sotchi en 2014.

Maxence Parrot, 23 ans, a dominé les qualifications avec un run noté 87.36. « J’ai dû assurer mon dernier run en finale », explique-t-il. « Red n’a pas tenté deux triples mais il a fait un run propre et c’est ce que les juges voulaient voir. » Avec une note de 86.00, il s’incline de peu devant son jeune rival. La troisième place revient à Mark McMorris, un autre Canadien, qui a pu s’imaginer pendant un long moment sur la plus haute marche du podium après avoir signé deux runs de très grande qualité notés 75.30 et 85.20 et qui finit en bronze, comme à Sotchi 2014 !

Shaun White : les légendes ne meurent jamais

Il s’était qualifié in extremis pour la compétition de halfpipe snowboard des Jeux de PyeongChang. Lors de la Coupe du monde de Snowmass en janvier dernier, Shaun White avait dû attendre son ultime run pour sortir d’énormes figures qui lui avaient octroyé un total mémorable de 100 points et son billet pour ses quatrièmes Jeux d’hiver. Il faut dire que sa préparation avait été perturbée par une chute à l’entraînement en octobre 2017 ayant nécessité notamment 62 points de suture.

Quatrième des Jeux de Sotchi 2014, un résultat qu'il n'a jamais avalé, l’Américain âgé de 31 ans, est une véritable légende de sa discipline. Il le démontre lors des qualifications qu'il survole le 13 février avec un score stratosphérique de  98.50, et à nouveau le lendemain, en dominant d’extrême justesse la finale.

Le champion olympique de 2006 et de 2010 est devancé par le jeune Japonais Ayumu Hirano qui place la barre très haut avec un total de 95.25, une note d’autant plus remarquable que le vent est encore très fort sur le snowpark de Phoenix. Mais White, surnommé depuis longtemps la « tomate volante », va prendre tous les risques lors son dernier run, réussissant notamment un back to back 1440 pour aller chercher l’or. Plus aérien que jamais, il pose toute ses difficultés sans aucune anicroche. Les juges le gratifient alors de la meilleure note du jour avec 97.75. 

Derrière, le jeune Japonais Hirano est sous pression. Il s’élance courageusement pour essayer de faire mieux et part à la faute. Une chute lui enlève toute chance de victoire, et il finit à la deuxième place comme à Sotchi en 2014 où il avait été devancé à l'âge de 15 ans par le Suisse Iouri Podlatchikov. La troisième place revient au champion du monde en titre, l’Australien Scotty James, âgé de 23 ans avec un total de 92.00 réussi dès son premier run.

"Honnêtement, aujourd’hui, le plus important était de se qualifier pour la finale," indique Shaun White après son troisième titre olympique. "C’est un tel parcours pour arriver jusqu’aux Jeux qu’on en oublierait presque qu’il faut se qualifier pour la finale. J’ai été surmotivé de poser mon premier run en finale." Noté 94.25, il lui aurait valu la médaille d'argent sans son ultime envolée gagnante. "Cela m’a enlevé un énorme poids des épaules. Puis ensuite, j’ai vu tout le monde réussir de gros runs et cela m’a donné la motivation nécessaire pour lâcher ce dernier run."

Malgré les innombrables succès qui ont jalonné son exceptionnelle carrière, White laisse alors exploser sa joie. Après avoir lancé sa planche en l’air, il tombe à genoux avant de fondre en larmes. Des larmes qu’il n’a pas encore séchées lorsqu’il se retrouve peu après dans les bras de sa maman Cathy White. Son ambition est désormais de revenir aux Jeux Olympiques en 2020 en skateboard et pourquoi pas essayer de défendre son titre à Beijing en 2022 où il n’aura que…35 ans. Il est bien connu que les légendes ne meurent jamais…

Pierre Vaultier impérial en finale du snowboard cross, comme à Sotchi en 2014  

Le Français Pierre Vaultier conserve son titre du snowboard cross, le 15 février sur le parcours du Phoenix Park, en passant toute la finale en tête. Exactement comme quatre ans plus tôt à Sotchi, il devance l'Australien Jarryd Hughes et l'Espagnol Regino Hernandez, qui remporte la troisième médaille de l'Espagne aux Jeux d'hiver.

Tout peut arriver en snowboard cross ! Le champion olympique en titre, champion du monde 2017, actuel leader de la Coupe du monde Pierre Vaultier tombe en demi-finale. Mais il n'est pas le seul. Il se relève et après que les Australiens Alex Pullin et Jarryd Hughes aient passé la ligne d'arrivée, il arrive en roue libre et en troisième position afin de gagner sa place en finale !

Premier des qualifications, à l'aise en 1/8e puis vainqueur de son quart, il manque donc de tout perdre. "Mais j'ai une bonne étoile. Un coup de malchance transformé en coup de chance inattendu ! Mon coach m'a alors dit : ‘Il ne peut plus rien t'arriver, tu fracasses le run final et personne ne pourra plus rien dire.’ Eh bien, ça a été le cas," dit-il à chaud, au bord des larmes.

En effet, après cet avertissement sans frais, il n'y a pas photo en finale. Le champion français avale les virages relevés, les modules et les énormes sauts du parcours du Phoenix Park en tête du départ à l'arrivée. Aucun des cinq autres concurrents de cette explication pour le podium ne réussit à approcher sa planche.

Les choses se décantent assez rapidement, puisqu'il y a trois chutes à l'arrière, et seuls l'Australien Jarryd Hughes et l'Espagnol Regino Hernandez peuvent continuer à chasser derrière Vaultier. Il s'autorise un magnifique saut final avant de passer la ligne bras levés. Comme l'Américain Seth Wescott en 2006 et 2010, Pierre Vaultier devient double champion olympique de sa discipline.

Jarryd Hughes termine avec la médaille d'argent, seulement 11/100e devant Regino Hernandez, qui avec le bronze remporte la troisième médaille de l'Espagne aux Jeux d'hiver après Francisco Fernandez Ochoa (or en slalom, Sapporo 1972) et sa petite soeur Blanca (bronze en slalom, Albertville 1992).

Big Air : Toutant hauteur, tout en finesse !

Le Canadien Sébastien Toutant remporte la première médaille d’or du Big Air le 24 février, avec deux runs renversants sur le tremplin monumental du Centre de saut à ski d’Alpensia. Son total de 174.25, lui permet de devancer le jeune Américain de 20 ans, Kyle Mack (168.75) et le Britannique Billy Morgan (168.00). A noter que Redmond Gerard, vainqueur en slopestyle, une semaine plus tôt, prend la cinquième place.

Il donne tout sur ses premiers runs. Deux sauts éblouissants d’une très grosse difficulté technique, lui rapportant respectivement 84.75 pts et 89.50 pts, permettent à Sébastien Toutant de s’imposer dans cette toute première épreuve de snowboard Big Air, ajoutée cette année au programme olympique. 11eme en slopestyle et 5e des qualifications, il a gardé le meilleur de lui-même pour cette finale.

« C’est incroyable. J’ai eu beaucoup de problèmes de dos ces temps derniers," explique-t-il. « Il y a deux mois, je ne pouvais même pas faire de snowboard. Et le voir d’avoir pu montrer à tout le monde ce dont j’étais capable, c’est extraordinaire. »  Avec un cab triple cork 1620 et un backside 1620 triple cork, il fait le show. A 25 ans, le Québécois de l’Assomption n’avait pas énormément de références internationales si ce n’est une troisième place aux championnats du monde de Yabuli en Chine en 2017 et deux quatrièmes places aux X-Games en 2016 et en 2017.

Juste derrière lui, on trouve le jeune Américain Kyle Mack qui réussit un très gros deuxième run (86.75) pour aller chercher la médaille d’argent. Une seule fois sur le podium en Coupe du Monde, il avait déjà fini à la deuxième place du Big Air lors des championnats du monde de Yabuli.

La médaille de bronze revient au Britannique Billy Morgan, 28 ans, qui a dû attendre son troisième et ultime run pour poser un backside triple 1440 avec un nose grab lui offrant les 85.50 synonymes de podium. Il s’agit de la cinquième médaille de la Grande Bretagne dans ces Jeux de PyeongChang 2018 et la quatrième en bronze. Il repart avec le sourire de cette olympiade après avoir participé aux Jeux de Sotchi, le genou protégé d’une attelle après s’être rompu les ligaments croisés. Il avait tout de même pris la 10ème place. En bon Britannique, il célèbre sa performance en ouvrant une canette de bière imaginaire. « C’est notre langage quand on ne peut pas se parler. Cela veut dire qu’on ira boire une bière pour fêter ça. »

Nevin Galmarini conclut en beauté dans le géant parallèle

Le même 24 février, au Phoenix Snowpark, le leader suisse de la Coupe du monde de snowboard alpin Nevin Galmarini, déjà médaillé d'argent à Sotchi en 2014, s'impose en finale du géant parallèle de snowboard devant un public déchaîné. Il bat en finale l'athlète de la République de Corée Lee Sangho, tandis que le Slovène Zan Kosir prend le meilleur sur le Français Sylvain Dufour dans la petite finale pour la médaille de bronze.

Après la sensation Ester Ledecká, sacrée championne olympique du géant parallèle une semaine après avoir gagné l'or du super-G en ski alpin, le Suisse Nevin Galmarini honore lui aussi brillamment son statut de grand favori de l'épreuve masculine.

Galmarini domine dans son parcours le Slovène Tim Mastnak en huitième de finale, l'Italien Roland Fischnaller en quarts, le Français Sylvain Dufour en demi-finale et le Coréen Lee Sangho pour le titre. Ce dernier, n'avait jusque-là obtenu qu'un podium en Coupe du monde en mars 2017, et son parcours jusqu'à la finale provoque l'enthousiasme du nombreux public présent dans les gradins.

"Aujourd’hui, c’était fantastique," s’exclame Nevin Galmarini. "J’ai eu un peu peur en qualifications mais je me sentais vraiment bien. J’ai senti que je pouvais aller encore plus vite. Mais je suis champion olympique et ça me semble un peu surréaliste pour le moment. La foule était vraiment incroyable et cela m’a donné de la motivation pour donner le meilleur de moi-même." A 31 ans, Nevin Galmarini a disputé à PyeongChang ses troisièmes Jeux Olympiques. Il s'était classé 17e du géant parallèle à Vancouver 2010 et avait pris la médaille d'argent derrière le Russe d'origine américaine Vic WIld à Sotchi en 2014, où il s'était aussi classé 7e du slalom parallèle. 

Lee Sangho est le premier Coréen médaillé dans cette discipline dans l’histoire des Jeux. "J’espère que cette médaille sera une opportunité pour la Corée, pour le gouvernement de la République de Corée, et pour tous les gens de soutenir davantage le snowboard alpin afin que nous puissions avoir encore plus de compétiteurs dans le futur. »

Dans la petite finale, le vétéran slovène Zan Kosir, vainqueur du français Sylvain Dufour, gagne sa troisième médaille olympique après le bronze en géant parallèle et l'argent en slalom parallèle à Sotchi en 2014. « C’étaient les meilleurs Jeux auxquels j’ai participé. La piste était super, la neige parfaite et le publics et l’atmosphère également. »

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