Les novices américains réalisent un miracle sur glace

Entre 1952 et 1992, l'équipe soviétique de hockey sur glace exerçait un monopole presque total sur les victoires olympiques. Seuls les États-Unis, alors opposés à l'URSS pendant la Guerre froide, furent capables de remettre en cause la domination soviétique en réalisant un véritable « Miracle sur glace » lors des Jeux de Lake Placid en 1980.

Miracle on ice
(1980 Getty Images)

L'équipe soviétique abordait le tournoi en grand favori : elle avait en effet triomphé dans la discipline lors de quatre éditions consécutives de précédents Jeux Olympiques et venait d'anéantir les États-Unis 10-3 au cours d'un match amical, organisé trois jours à peine avant la cérémonie d'ouverture.

La médaille d'or semblait absolument hors de portée pour l'équipe américaine, composée de joueurs amateurs encore étudiants. Mais c'était sans compter sur leur entraîneur Herbert Brooks, qui savait comment motiver ses hommes et les pousser à toujours donner le meilleur d'eux-mêmes.

Cette confrontation exceptionnelle rassembla tous les Américains : contrairement à leur précédente victoire contre l'Union Soviétique en 1960, le contexte politique des années 1980 ajoutait un côté dramatique et excitant, et dans tout le pays chaque foyer suivit l'événement à la télévision.

Dès le départ, Brooks annonça à ses jeunes joueurs qu'ils n'avaient pas le talent nécessaire pour battre leurs adversaires soviétiques. En revanche, une discipline militaire et une série de 63 matches avant les Jeux Olympiques (dont la fameuse défaite 10-3) forgèrent un esprit d'équipe invincible qui allait leur permettre de surpasser le talent des Soviétiques.

Brooks leur enseigna le style de patinage fluide typiquement européen, les rendit agressifs et leur apprit à jouer à tous les postes, s'inspirant de la doctrine du « football total » utilisé par l'équipe de football néerlandaise pour remporter de nombreuses victoires dans les années 1970.

Les Américains prirent d'abord un mauvais départ, la Suède menant 2-1 alors que leur match d'ouverture touchait à sa fin. Mais Brooks tenta alors un véritable coup de poker en remplaçant le gardien Jim Craig par un attaquant supplémentaire, et les Américains parvinrent à marquer 27 secondes avant la fin du match pour ramener le score à égalité, 2-2.

L'émotion fut encore plus grande lorsqu'ils affrontèrent le deuxième grand favori, la Tchécoslovaquie. Après être revenus au score (2-2) durant la première période, les Américains écrasèrent leurs adversaires est-européens 7-3. Pour les médias du monde entier, cela laissait présager une bonne histoire.

L'équipe, principalement composée d'étudiants de l'université du Minnesota, remporta ses matches contre la Norvège, la Roumanie et l'Allemagne de l'Ouest et fut propulsée dans la ronde des médailles avec la Finlande, la Suède et l'URSS.  David allait devoir combattre Goliath... sur la glace.

Comme prévu, l'équipe soviétique commença par mener le jeu et semblait se diriger vers une nouvelle victoire au terme de la première période. Mais Brooks avait adressé à ses joueurs un discours de motivation efficace avant le match, en leur disant que l'heure du triomphe avait sonné, et l'équipe galvanisée réussit à égaliser le score.

Au début de la seconde période, le légendaire entraîneur soviétique Viktor Tikhonov, à la surprise générale, échangea son gardien expérimenté Vladislav Tretyak 

contre le défenseur remplaçant Vladimir Myshkin. L'URSS parvint néanmoins à marquer à nouveau, faisant passer le score à 3-2 et s'assurant apparemment la victoire.

Mais à seulement 20 minutes de la fin du match, l'équipe américaine, survoltée par cet unique point de retard, réussit à reprendre le dessus.

Et l'impensable se produisit : les Américains prirent la tête en marquant deux buts en l'espace de deux minutes. Au cours des 10 dernières minutes de jeu, les Soviétiques mirent toute leur énergie à attaquer le but adverse, mais la défense américaine tint bon, notamment grâce à son gardien, Jim Craig, qui réalisa 39 arrêts durant ce match.

Quand l'horloge sonna la fin de la rencontre, le public laissa exploser sa joie. L'émotion était telle, en cet instant extraordinaire, que les Soviétiques vaincus se prirent à sourire et à féliciter leurs adversaires. Et les États-Unis n'avaient même pas encore décroché l'or !

Pour remporter la compétition, Brooks et son équipe atypique, devenue une unité de combat de classe olympique, devaient maintenant vaincre la Finlande. Ils réalisèrent cet exploit avec un score de 4-2, déchaînant une nouvelle fois l'enthousiasme de leurs supporters.

Leur victoire fut si inattendue et si incroyable qu'elle fit l'objet d'un film réalisé des années plus tard à Hollywood. En 2002, des membres de l'équipe de 1980 furent chargés d'allumer la torche lors de l'ouverture des Jeux Olympiques d'Hiver de Salt Lake City. Jim Craig, devenu conférencier spécialiste de la motivation, continue à recevoir des lettres de remerciement de la part de passionnés de hockey sur glace.

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