Les favoris répondent présent sur le tapis de lutte gréco-romaine
Les six catégories de la lutte gréco-romaine ont couronné de superbes champions, parmi lesquels le Cubain Mijain Lopez, entré dans la légende des poids lourds avec un 3e titre, le Russe Roman Vlasov qui a conservé le sien, ou encore Davor Stefanek, qui a ouvert le compteur de la Serbie en lutte olympique.
Ismael Borrero Molina, champion du monde en titre des 59 kg, a eu l’honneur de remporter la première médaille d’or des compétitions de lutte de Rio 2016, le 14 août, en surprenant le Japonais Shinobu Ota, 4-0 en finale.
Disputés devant un public nombreux et enthousiaste massé dans les gradins de l’Arena Carioca 2, les débuts de la lutte à Rio en style gréco-romain ont connu un joli succès. Les modifications des règles introduites avant les Jeux n’y étant pas pour peu, grâce à des combats plus rapides, plus agressifs sur le tapis et générant plus de points au tableau de marque.
Le Japonais Shinobu Ota a été une des vedettes du jour : arrivé de nulle part, il a brillamment dominé plusieurs prétendants au podium dans son parcours improbable vers la finale. Parmi eux, le champion olympique en titre et septuple champion du monde iranien Hamid Soryan, battu 5-4 lors du tour préliminaire.
Le champion du monde 2015 Ismael Borrero Molina n’était pas décidé à laisser Ota couronner sa belle journée avec la médaille d’or. Le Cubain s’est montré supérieur en amenant au tapis son adversaire dans la première manche de la finale, et a scellé sa victoire avec un 2e amené à terre dans le 2e acte. En obtenant un 8-0 en points techniques, pour un score final de 4-0, Molina a apporté l’or à Cuba pour la septième fois consécutive aux Jeux Olympiques. Les médailles de bronze sont allées au Norvégien Stig-Andre Berge et à l’Ouzbek Elmurat Tasmuradov.
« Je suis vraiment content d’être sacré champion olympique, a dit Ismael Borrero Molina. C’est beaucoup d’émotion, c’est difficile à expliquer. » En évoquant la finale, il a ajouté : « Ça a été vraiment vite, mais j’ai été capable d’être le plus fort pour m’installer au sommet!»
Nouvelle médaille d’or pour Roman Vlasov
Le programme de la lutte aux Jeux ayant évolué par la suppression d’une catégorie hommes en gréco-romaine, une autre en lutte libre, pour l’addition de deux catégories en lutte féminine, toutes les catégories de poids ont été révisées. Ainsi, le Russe Roman Vlasov, sacré en 74 kg à Londres en 2012, s’est-il imposé à Rio chez les 75 kg.
Il a mené son parcours avec autorité, malgré une coupure à un sourcil subie dans un combat préliminaire. Cela ne l’a pas empêché, après avoir nettement battu le Chinois Yang Bin en quarts de finale puis le Croate Bozo Starcevic en demi-finale, de calmer les ardeurs du Danois Mark Overgaard Madsen en finale, récoltant un maximum de points techniques pour une victoire 3-1.
« Je me sens très bien », a expliqué Vlasov, qui a remporté à Rio son deuxième titre olympique consécutif. « C’est un plaisir d’être ici. Pas seulement moi, mais tous ceux qui ont tenté de gagner une médaille. Et maintenant, le rêve est devenu réalité et nous sommes à Rio! C’est énormément d’émotion. J’ai tant à dire, mais je n’ai pas assez de mots. C’est simplement que je suis très heureux ! ».
Dans cette catégorie, le lutteur de la République de Corée Kim Hyeonwoo a partagé la médaille de bronze avec l’Iranien Saeid Morad Abdvali.
Mijain Lopez entre dans la légende de la lutte avec un 3e titre olympique
Lors de la deuxième journée de lutte gréco-romaine le 15 août, le poids lourd cubain Mijain Lopez a consolidé son statut parmi les plus grand lutteurs de l’histoire en remportant son 3e titre olympique en gréco-romaine chez les 130 kg pour égaler le légendaire Alexandr Karelin.
Le combat pour la médaille d’or sur le tapis de lutte de l’Arena Carioca 2 a été le remake de la finale des championnats du monde 2015 entre le Cubain Mijain Lopez Nunez et le Turc Riza Kayaalp, qui s’était alors imposé. Porte-drapeau de sa délégation lors de la cérémonie d’ouverture, Lopez était bien décidé à prendre sa revanche, et il n’a pas perdu de temps en renversant son adversaire au bout de seulement 20 secondes dans la première manche pour récolter 4 points techniques d’entrée.
A la fin de ce premier acte, le Cubain a porté son avantage à 5 points, puis a nettement dominé la deuxième manche pour achever le combat 6-0 en technique, 3 à 0 au score de classement.
Alors qu’il restait une minute de combat, les juges ont infligé une pénalité de deux points à Kaylaap après qu’il a semblé porter un coup au visage de son adversaire. La différence de huit points aurait dû stopper automatiquement le combat pour supériorité, mais Lopez a dû attendre d’exploser de joie, puisque la décision a été annulée. Rien n’étant ensuite marqué, Mijain Lopez a pu enfin célébrer sa victoire, en esquissant un pas de samba sur le tapis, provoquant l’extase parmi les nombreux fans cubains et brésiliens qui garnissaient copieusement les gradins.
Après avoir remporté sa troisième médaille d’or consécutive dans la catégorie poids lourds, le lutteur cubain a réagi : « Je suis très fier d’atteindre le même niveau que le grand Karelin! C’est juste un immense honneur. J’avais promis que je le ferais et je l’ai fait! Quant à ma danse, elle est venue naturellement. Le Brésil, c’est le Brésil, et au Brésil, vous devez danser! »
Mijain Lopez Nunez avait déjà remporté deux fois la médaille d’or chez les 130 kg, à Beijing 2008 et à Londres 2012. Il a aussi été sacré cinq fois champion du monde pour trois médailles d’argent. A Rio, il s’installe définitivement parmi les légendes du sport cubain. Et de la lutte gréco-romaine olympique.
L’Azéri Sabah Shariati et le Russe Sergey Semenov ont récolté les médailles de bronze dans cette catégorie.
Davit Chakvetadze s’impose chez les 85 kg
Dans la finale des 85 kg, toujours le 15 août, le vainqueur russe des Jeux Européens de Bakou Davit Chakvetadze était mené 2-0 par son adversaire ukrainien Zhan Beleniuk après le premier acte, mais il a nettement pris le dessus dans la deuxième manche, dominant son opposant avec un 9-2 en points techniques, scellant sa victoire sur le score de 3 à 1. Le Biélorusse Javid Hamzatau et le surprenant Allemand Denis Maksymilian Kudla sont montés sur le podium pour recevoir les médailles de bronze.
« La première manche a été un peu difficile pour moi, a admis Davit Chakvetadze, mais dans la seconde période, j’ai été capable de me concentrer et de remporter la victoire. Je me suis ressaisi, j’ai redoublé de concentration et j’ai conclu ce match. Je suis l’homme le plus heureux de la terre. Je veux remercier tous ceux qui m’ont soutenu. »
Zhan Beleniuk s’est accordé une note de « 3 sur 5 » pour sa performance en finale. « Dans la deuxième moitié du combat, les choses n’ont pas marché. Mon adversaire était sérieux et inconfortable pour moi. Par conséquent, je vais devoir continuer à m’entraîner afin de gagner la prochaine fois. Nous nous sommes déjà rencontrés à cinq reprises, et en comptant la finale d’aujourd’hui, le score est de 3-2 en sa faveur. »
Davor Stefanek offre à la Serbie sa première médaille d’or en lutte
La finale des 66 kg de lutte gréco-romaine a opposé deux sans grade, puisque tous les favoris ont chuté auparavant à la Carioca Arena 2. À l’issue de la première période, l’Arménien Migran Arutyunyan comptait un point d’avance sur Davor Stefanek, mais le Serbe a obtenu un point et a égalisé à 1-1. Mais comme il a été le dernier à marquer et que le score n’a pas évolué, il a été déclaré vainqueur à l’issue du combat.
Après ce final spectaculaire, Stefanek a indiqué que sa victoire avait été un effort collectif. « Dès que je suis entré dans la compétition, j’ai senti que j’allais donner le maximum. C’est très particulier. C’est une médaille d’or de lutte pour Subotica, ma ville natale. Je remercie mes entraîneurs, toute l’équipe, mes parents, le Comité National Olympique et la Fédération serbe de lutte.»
Tout en étant le premier champion olympique de lutte serbe, Stefanek a débloqué le compteur de son pays à Rio 2016 et lui a offert la deuxième médaille d’or de son histoire, après celle obtenue par Milica Mandic en taekwondo féminin aux Jeux Olympiques de Londres 2012.
De son côté, le médaillé d’argent Arutyunyan était abattu après sa défaite. « Je suis très déçu, a-t-il déclaré. Ça fait très longtemps que je me bats uniquement pour ça. » Les médailles de bronze sont revenues au Géorgien Shmagi Bolkvadze et à l’Azéri Rasul Chunayev.
Arthur Aleksanyan signe une victoire impressionnante
Dans la catégorie des 98 kg, le favori arménien Artur Aleksanyan a fait grosse impression lors de tous ses matches et n’a pas eu beaucoup de mal à contenir en finale le Cubain Yasmany Daniel Lugo Cabrera qu’il a battu aux points 3-0. Aleksanyan, qui avait obtenu le bronze à Londres 2012, est devenu le premier lutteur arménien multi-médaillé.
Il a indiqué qu’il était devenu plus fort depuis sa troisième place d’il y a quatre ans, et que sa progression depuis lors avait joué un rôle décisif pour sa victoire. « Je suis venu ici pour gagner l’or et je suis fier de l’avoir eu. Depuis Londres, j’ai disputé trois finales de championnats du monde et j’en ai remporté deux, d’où mon rang de favori au départ de la compétition. Il y avait beaucoup de pression, mais j’ai réussi à la gérer. » À propos de Lugo Cabrera, son adversaire, il a ajouté : « Je l’avais déjà rencontré et je savais que ce serait un adversaire coriace. Il est très bon debout et il marque généralement ses points comme ça. Il fallait donc que je fasse attention. Mais j’ai appliqué les conseils de mes entraîneurs et ça a marché.»
De son côté, Lugo Cabrera s’est montré bon prince dans la défaite. « Aleksanyan est champion du monde et je savais donc que le combat serait difficile. Il est régulier et ses résultats aussi. Mais c’est fabuleux d’avoir récolté l’argent. Nous avons travaillé très dur et toute l’équipe a obtenu d’excellents résultats au cours de la compétition.»
Battu en quarts de finale, l’Iranien Ghasem Rezaei, tenant du titre (il s’était imposé chez les 96 kg à Londres 2012), a tracé sa route en repêchages pour aller quérir une des deux médailles de bronze. L’autre est revenue au Turc Cenk İldem, après sa défaite 9-0 en demi-finale face à Aleksanyan.