Le titre et le record du monde sur 10.000m pour Knut Johannesen

Lorsqu’il arrive à Squaw Valley, âgé de 26 ans, le charpentier et patineur de vitesse d’Oslo Knut Johannesen peut logiquement viser son ou ses premiers titres olympiques sur les longues distances. Il est passé à une seconde de l’or sur 10.000m à Cortina d’Ampezzo le 31 janvier 1956, repoussé sur la deuxième marche du podium par le Suédois Sigvard Ericsson. L’année suivante à Östersund (Suède), il est devenu champion du monde toutes distances.

Le titre et le record du monde sur 10.000m pour Knut Johannesen
(1960 / Comité International Olympique (CIO) / RÜBELT, Lothar)

En 1959, il a remporté le championnat d’Europe à Göteborg puis a conservé son titre continental à Oslo un mois avant de faire le voyage vers la Californie. Depuis 1957, il n’a pas été battu dans les championnats de Norvège, et il prend la tête du classement Adelskalender qui compile au niveau mondial les résultats des patineurs sur l’ensemble de leur carrière.

Knut Johannesen est le porte-drapeau de la délégation norvégienne lors de la cérémonie d’ouverture des VIIIe Jeux d’hiver. Il commence par prendre la 20e place du 500m remporté par le Soviétique Yevgeny Grishin. Le lendemain, 25 février 1960, le champion norvégien est le principal favori du 5000m sur l’ovale de Squaw Valley où il a toutefois été battu sur la distance par le Néerlandais Jan Pesman lors d’une course pré-olympique disputée quelques jours plus tôt.

Johannesen s’élance dans la neuvième paire, avec comme référence, le chrono de 8:05.3 signé au début de la compétition par son compatriote Torstein Seiersten qui occupe à cet instant la tête du classement. Sur un rythme moins rapide dans les premiers tours, Johannesen accélère progressivement et finit très fort, il devance Seiersten de 5 secondes à l’arrivée (8:00.8). Jan Pesman s’élance ensuite… et se retrouve derrière (8:05.3). Arrive enfin le Soviétique Viktor Kosichkin : il adopte un rythmé métronomique de 37-38 secondes au tour et ne faiblit pas jusqu’à la fin pour signer une large et belle victoire en 7:51.3, soit 9 secondes de mieux que Johannesen qui se contente à nouveau de la médaille d’argent. Jan Pesman prend le bronze et Thorsten Seiersten finit 4e.

Le 27 février, après avoir pris la veille une anecdotique 11e place sur 1500m, Knut Johannesen est prêt pour signer un exploit majeur dans sa course de prédilection, le 10.000m. Sur cette distance, le record du monde de son compatriote Hjalmar Andersen (16:32.6) est déjà vieux de huit ans. Dès la 2e paire, le Suédois Kjell Bäckman l’atomise en 16:14.2 ! Mais on n’a encore rien vu.

S’élançant juste derrière, Johannesen adopte un rythme affolant. A mi-course, il a déjà 10 secondes d’avance sur Bäckman, et il continue, à cette vitesse supersonique pour littéralement démolir le record du monde à son tour. En 15:46.6, il bat Bäckman de presque 28 secondes, améliore de 46 secondes le record 1952 d’Andersen et devient le premier patineur à couvrir le 10.000m en moins de 16 minutes. Reste le vainqueur du 5000m, Viktor Kosichkin. Il part également très fort et semble en mesure de faire encore mieux, mais il faiblit dans les derniers tours. Lui aussi en moins de 16 minutes (15:49.2), il prend la médaille d’argent. Kjell Bäckman termine en bronze.

Le charpentier d’Oslo, affectueusement surnommé « Kupper’n » n’en a pas fini avec la gloire olympique. Avant de disputer ses troisièmes Jeux à Innsbruck, il s’approprie le record du monde du 3000m en 7:37.8 chez lui dans la capitale norvégienne le 26 janvier 1963. Dans les Alpes tyroliennes en février 1964, il remporte le titre olympique qui lui manquait sur 5000m et complète sa collection de podiums sur 10.000m avec le bronze pour porter son total à cinq médailles olympiques dont deux en or.

Plus de