Le programme de boxe de Rio 2016 s’achève par un feu d’artifice en or

Le boxeur français Tony Yoka a été sacré champion olympique des super-lourds (+91 kg) en battant en finale le Britannique Joe Joyce, dimanche sur le ring du pavillon Riocentro 6. Les boxeurs ouzbeks Fazladdin Gaibnazarov et Shakhobidin Zoirov ont obtenu deux des quatre médailles d’or en jeu, respectivement chez les poids super-légers et mouche, tandis que l’Américaine Claressa Shields a conservé son titre des poids moyens.

6 min
Le programme de boxe de Rio 2016 s’achève par un feu d’artifice en or
(Getty Images)

Tony Yoka triomphe chez les super-lourds

Le licencié des Mureaux (Yvelines), âgé de 24 ans, clôt ainsi l'exceptionnelle moisson française à Rio avec six récompenses (2 or, 2 argent, 2 bronze), soit le meilleur total loin devant les trois podiums de Beijing 2008 et Anvers 1920. Il imite aussi sa compagne Estelle Mossely, titrée vendredi chez les -60 kg, 16 ans après le dernier or olympique français de Brahim Asloum à Sydney.

« J'avais dit que si j'étais au meilleur de ma forme, personne ne me battrait ici. Je savais qu'il ne pouvait pas me battre, il est moins bon que moi. C'est ce que je me suis répété. C'est un bon puncheur, mais je suis un meilleur boxeur », a expliqué Yoka en sortant du ring

Champion du monde en titre, Yoka a tenu son rang sur le ring du Rio Centro 6 face au Britannique de 30 ans, qu'il avait d'ailleurs battu sur la route de son sacre planétaire l'an passé. « La force d'un vrai champion, ce n'est pas d'arriver en haut, mais d'y rester. Je suis devenu champion du monde, il fallait que j'assume ce statut-là », a-t-il ajouté, chaudement félicité par Teddy Riner et Brahim Asloum. 

Moins mobile qu'en demi-finale en raison d'une blessure à une cheville, Yoka a tout de même fait parler sa boxe d'esquive et de contre pour forcer la décision des juges, dont deux sur trois se sont prononcés en sa faveur.

Fils d'un boxeur professionnel d'origine congolaise, Yoka a quasiment toujours vécu gants aux poings et récolte la récompense d'un parcours déjà exemplaire.Il avait d'ailleurs tout à fait assumé son ambition sur ces Jeux : « Moi ce sera 1 ou 1, l'or ou rien du tout », avait-il assuré, quatre ans après avoir vécu une désillusion à Londres en 2012 où il avait été sorti dès le premier tour.

La France tient en tout cas un couple en or, avec Estelle Mossely, se future femme sacrée un jour avant lui. « C’est absolument incroyable. Nous rêvions de participer aux Jeux ensemble, et ensuite, nous rêvions aussi de gagner tous les deux une médaille, et pourquoi pas de l’or. Et maintenant, nous l’avons tous les deux fait. Incroyable ! » a dit le premier français champion olympique des super-lourds. « Après sa victoire, elle m’a juste dit de gagner parce qu’elle avait fait son job et qu’elle avait sa médaille. C’était à mon tour, et je ne pouvais pas échouer.  Il faut croire en ses rêves, aller jusqu'au bout et les réaliser. La force d'un vrai champion, ce n'est pas d'arriver en haut, mais d'y rester. Je suis devenu champion du monde, il fallait que j'assume ce statut-là.» 

Dans cette catégorie, le Croate Filip Hrgovic et le Kazakh Yvan Dichko, respectivement battus par Yoka et Joyce en demi-finales, ont pris les médailles de bronze.

Claressa Shields conserve son titre des moyens

L’Américaine Claressa Shields a battu la Néerlandaise Nouchka Fontijn et défendu ainsi victorieusement sa couronne des poids moyens femmes, devenant ainsi la première pugiliste des États-Unis à gagner deux médailles d’or olympiques en 112 ans.

Quant à l’argent de Fontijn, c’est la première médaille remportée par un représentant néerlandais en boxe depuis le bronze et l’argent décrochés respectivement par le poids lourd Arnold Vanderlyde et le super-welter Orhan Delibas en 1992. La Kazakhe Dariga Shakimova et la Chinoise Li Qian, battues en demi-finales se sont partagé les médailles de bronze.

Comme pour rappeler son statut de championne olympique en titre, Claressa Shields avait amené avec elle sur le ring sa médaille d’or de Londres 2012. Elle a fini par porter les deux autour de son cou. « À Londres, je savais que j’allais gagner et ici aussi », a déclaré une Shields super-confiante, qui n’a pas perdu un seul combat depuis 2012 et qui a bénéficié d’une décision aux points unanime contre Fontijn.

« Je voulais simplement gagner les deux premières reprises nettement, c’est tout et quand je suis retournée dans mon coin, ils m’ont dit que j’avais gagné cette reprise, et puis celle-là. J’ai répondu que je devais boxer intelligemment, a-t-elle ajouté. J’ai travaillé extrêmement dur pour être là. Ce n’est pas donné à tout le monde d’être médaillé d’or olympique et moi, je suis double championne olympique. »

Zoirov remporte l’or des poids mouche hommes de haute lutte

L’Ouzbek Shakhobidin Zoirov a gagné l’or des poids mouche homme de boxe an obtenant une victoire aux points à l’unanimité sur le double champion du monde russe et médaillé de bronze de 2012 Misha Aloyan. Les médailles de bronze sont revenues au Vénézuélien Joel Segundo Finol et au Chinois Hu Jianguan.

Le boxeur ouzbek s’est fait peur dans le premier round lorsqu’il a subi une coupure à la tête, mais il a fini par remporter un combat très serré. Zoirov, qui a été hissé dans les airs par son soigneur, était fou de joie d’être monté sur la plus haute marche du podium. « J’avais un rêve, c’était de gagner aux Jeux Olympiques. C’était mon objectif et j’ai tout fait pour l’atteindre. Je suis maintenant très content d’avoir concrétisé ce rêve. »

Il n’a pas tardé à rendre hommage à Aloyan qui a soutenu la comparaison jusqu’au bout. « Le combat était très équilibré, car mon adversaire était très fort. Nous nous sommes souvent retrouvés tête contre tête et les juges ont décidé d’accorder la victoire à l’Ouzbékistan. Nous apprécions la vaillance de mon adversaire et nous avons beaucoup de respect pour lui, mais nous sommes contents de la décision. »

De l’or pour Gaibnazarov en super-légers hommes

Fazladdin Gaibnazarov a amplifié la joie de l’Ouzbékistan en doublant la mise grâce à une médaille d’or surprise en finale des super-légers hommes. Il a pris le meilleur sur l’Azéri Lorenzo Sotomayer Collazo sur une décision partagée 2-1. Le Russe Vitaly Dunaytsev et l’Allemand Artem Harutyunyan ont remporté chacun une médaille de bronze.

« Je ne trouve pas les mots pour exprimer ma joie, ni ce que je ressens. C’est le jour le plus heureux de ma vie, a déclaré Gaibnazarov. Le combat s’est déroulé comme je l’avais prévu et j’ai saisi ma chance. »

« Je me sens un peu triste », a reconnu Sotomayer Collazo qui avait battu Gaibnazarov précédemment et qui a éclaté en sanglots à l’annonce du verdict des juges. « Je voulais l’or, je voulais être champion, le roi, mais cela n’a pas été possible. Je suis allé jusqu’en finale. Tous les athlètes essaient de se battre pour le titre. »

C’était la troisième médaille d’or des boxeurs ouzbeks à Rio, ce qu’ils n’avaient encore jamais réalisé aux Jeux.

Plus de