Le monobob féminin, une nouvelle discipline olympique qui fait son chemin
Les fans olympiques ont pu découvrir le bobsleigh en version solo lors des JOJ de Lillehammer en 2016 et de Lausanne en 2020. L'épreuve féminine est désormais inscrite au programme des Jeux de Beijing 2022 et elle présente la particularité de proposer un bob strictement identique à toutes les concurrentes, faisant la part belle au pilotage en dehors de toutes considérations sur la valeur du matériel.
Le monobob a fait ses débuts sur la scène olympique avec succès lors des 2es JOJ d'hiver disputés en 2016 à Lillehammer, et ce fut une véritable révolution pour ce sport inscrit au programme des Jeux d'hiver depuis la première édition à Chamonix en 1924. En effet, pendant des décennies, le monde du bobsleigh a été dominé par des équipes utilisant les technologies de la Formule 1 et de l'ingénierie aérospatiale pour concevoir les bobs les plus rapides possible. Un sport plein de secrets, notamment concernant les recherches innovantes en aérodynamique.
Le monobob est destiné à mettre cet aspect technologique de côté, avec une compétition où tous les pilotes utilisent le même engin. Pour la deuxième manche chez les jeunes espoirs sur la piste de glace de Lillehammer, le plus rapide de la première descente devait même échanger son bob avec celui qui avait été le plus lent ! L’idée d’avoir un seul concurrent dans le bob répondait également à la volonté d’avoir plus de pays en compétition tout en donnant la possibilité à un plus grand nombre de jeunes sportifs de se mettre plus facilement à la discipline.
"C’est la deuxième saison où nous courons avec des monobobs", déclarait à l'époque Ivo Ferriani, président de la Fédération internationale de bobsleigh et skeleton (IBSF). "Je suis sûr que la jeune génération va adhérer à notre projet car le monobob permet d’aborder plus facilement la discipline. Celle-ci est rentable financièrement et sécurisée. Vous n’avez pas besoin de quelqu’un derrière vous pour piloter. Vous ne vous préoccupez pas de l’équipement. Vous vous concentrez uniquement sur le pilotage et vos compétences sportives."
Comme pour les versions à deux ou à quatre, la qualité du départ a son importance. Une bonne poussée fait toujours gagner des centièmes de secondes. Mais c'est là l'affaire du seul pilote qui, une fois installé dans son engin, doit trouver les meilleures lignes tout au long de sa descente sans que la nature de son matériel n'entre en ligne de compte. Le monobob se présente sous une forme longue et profilée, terminée par de larges ailettes des deux côtés du carénage à l'avant.
Un circuit mondial mis en place et du matériel fourni par l'IBSF
Après ces débuts remarqués, la commission exécutive du CIO a décidé le 18 juillet 2018 d'inscrire le monobob au programme des Jeux d'hiver de Beijing 2022 parmi les sept nouvelles épreuves qui feront leurs débuts sur la grande scène olympique en Chine. Dans un souci d'équilibre, il ne s'agira que d'une épreuve féminine. Les hommes disputent les épreuves à deux et à quatre, alors que les femmes ne s'alignent qu'en bob à deux depuis 2002. Ainsi, elles auront elles aussi deux épreuves, le monobob étant en mesure d'augmenter le caractère universel du bobsleigh puisque les pays manquant d'équipements technologiques ou d'athlètes ayant développé des qualités de pousseuses auront de meilleures chances dans la mesure où une bonne pilote sera la seule chose à prendre en compte. À l'image du bob à deux et à quatre chez les hommes, une même pilote pourra donc disputer deux épreuves aux Jeux.
Le circuit mondial du monobob féminin a été mis en place par l'IBSF lors de la saison 2018-2019, avec des engins tous identiques fournis par la Fédération internationale. L'Australienne Breeana Walker a gagné la première compétition internationale, s'imposant dans les deux courses disputées en deux manches les 4 et 5 novembre 2018 à Lillehammer. Pour ces débuts, douze pilotes représentant sept pays étaient en lice. Les deux podiums étaient constitués, derrière Breeana Walker, de la Française Margot Boch et de la Néerlandaise Karlien Sleper dans cet ordre pour la première course, puis dans l'ordre inverse pour la course suivante. Quatre autres courses ont eu lieu l'hiver dernier, remportées par la Canadienne Christine De Bruin à Königsee (12 décembre), sa compatriote olympienne en bob à deux Melissa Lotholz à Calgary (10 janvier), puis l'Australienne Ashleigh Werner et la Canadienne Cynthia Serwaah à Lake Placid (12 et 13 avril).
La participation a augmenté de façon significative cet hiver, tout comme le nombre de courses puisqu'il y en a huit au programme. La saison 2019-2020 a démarré les 18 et 20 novembre sur les pistes de Lake Placid et de Lillehammer, avec un total de trente-deux athlètes en compétition représentant dix-sept pays. La Canadienne Cynthia Appiah l'a emporté sur la piste américaine, la Russe Anastasiia Makarova a devancé Margot Boch et Karlien Sleper sur le toboggan norvégien, la Chinoise Ying King s'est imposée à Königssee (Allemagne). Park City (États-Unis), La Plagne (France) et Lake Placid pour finir (en avril 2020) accueilleront les autres épreuves de monobob féminin organisées par l'IBSF cet hiver.
Et du côté des jeunes, le monobob a fait sa deuxième apparition sur la scène olympique aux JOJ de Lausanne 2020. Sur l'Olympia Bob Run de Saint-Moritz, le match a été somptueux dans les deux compétitions au point que chez les hommes, l'Allemand Alexander Czudaj et le Roumain Andrei Robert Nica ont terminé vainqueurs ex-aequo avec un temps identique de 2 min 24 s 80, au terme des deux manches. Dans l'épreuve dames, une superbe bataille a tourné à l'avantage de la Roumaine Georgeta Popescu devant la meilleure bobeuse de l'hiver dans les séries jeunes, la Slovaque Viktoria Cernanska.
Le feuilleton du monobob est à suivre avec attention cet hiver et les deux suivants pour se faire une idée plus précise des forces en présence dans l'optique des Jeux de Beijing 2022.