Le Grand Chelem de Lidiya Skoblikova

Le Grand Chelem de Lidiya Skoblikova
(Getty)

Étudiante à Tcheliabinsk dans l’Oural soviétique, puis institutrice, Lidiya Skoblikova se signale au niveau national à 17 ans, en battant les records d’URSS du 1 500 m et du 3 000 m. Elle intègre l’équipe nationale et brille aux Championnats du monde ISU de 1959 et 1960 où elle remporte deux fois le bronze « toutes distances » en s’imposant sur 1 500 m et sur 3 000 m.

Lors des Jeux de Squaw Valley de 1960, la championne soviétique remporte ses deux premières médailles d’or, sur les mêmes distances : le 1 500 m (avec un record du monde de 2’52’’2) et le 3 000 m.

Avant de fêter ses 21 ans (elle est née le 8 mars 1939), Lydia Skoblikova est donc double championne olympique, mais ce n’est que le début de son immense carrière internationale… et de sa progression sur toutes les distances ! Ainsi, après une médaille d’argent aux Championnats du monde de 1962, elle réalise un premier exploit majeur lors de l’édition suivante, en 1963 à Kariuzawa (Japon), en s’imposant sur les quatre distances du programme et en battant le record du monde du 1 000 m en 1’31’’8. Ce résultat annonce son grand chelem des Jeux d’Innsbruck en 1964.

La première compétition disputée sur l’ovale olympique d’Innsbruck le 30 janvier 1964 est le 500 m. C’est sans doute la seule épreuve au départ de laquelle Lidiya Skoblikova, reine des longues distances, n’a pas forcément les faveurs du pronostic. Dès la première paire, sa compatriote Irina Yegorova laisse sur place la Polonaise Helena Pilejczyk et bat le record olympique en 45’’4. Son temps reste en haut du tableau d’affichage jusqu’à la 13e et avant-dernière paire, qui oppose Lidiya Skoblikova à la Polonaise Adelajda Mroske.

Équilibrée et particulièrement véloce, Lidiya Skoblikova s’impose sur la ligne d’arrivée en 45’’0, nouveau record olympique et médaille d’or à la tête du premier triplé soviétique en patinage de vitesse : Irina Yegorova est médaillée d’argent et Tatyana Sidorova en bronze avec un chrono de 45’’5.

Le lendemain, Lidiya Skoblikova défend son titre olympique du 1 500 m. Sa coéquipière Berta Kolokoltseva, en action dans la 2e paire aux côtés d’Adelajda Mroske, réalise 2’27’’1 pour prendre la tête de la compétition. Dans la 7e paire, la Finlandaise Kaija Mustonen, associée à l’Américaine Janice Lawler, fait mieux : 2’25’’5. 

Enfin, Lidiya Skoblikova s’élance dans la 10e paire, en compagnie de la championne olympique allemande du 500m en 1960, Helga Haase. Au 2e tour, la Soviétique se détache, alors qu’elle évolue dans les mêmes temps que Mustonen et Kolokoltseva (1’07’’), mais au 3e tour, elle prend de l’avance (1’44’’)… et à l’arrivée, elle signe le record olympique en 2’22’’6 pour remporter sa 2e médaille d’or à Innsbruck et sa quatrième en tout, devant Mustonen et Kolokoltseva.

Troisième jour de compétition consécutif et troisième épreuve : le 1 000 m. Ce 1er février 1964, c’est à nouveau Irina Yegorova qui imprime le rythme dès la 3e paire. Elle restera même la plus rapide sur les deux premiers tours de l’épreuve, en 55 secondes. Ses 1’34’’3 à l’arrivée sont le temps à battre.

Kaija Mustonen vient ensuite se placer juste derrière, à 5 dixièmes (1’34’’8). Skoblikova est appairée avec la Canadienne Doreen Ryan, septième duo à s’élancer sur la glace. Son dernier tour est phénoménal. Encore en retard sur Yegorova aux 600 m, son accélération finale lui permet de s’approprier le record olympique (1’33’’2) et une 3e médaille d’or en autant de jours. Irina Yegorova est sa dauphine, comme sur 500m, et Kaija Mustonen signe un nouveau podium en montant sur la 3e marche.

Enfin, Lidiya Skoblikova complète son grand chelem le 2 février en conservant son titre du 3 000 m. Elle est cette fois en chasse du chrono signé par sa compatriote Valentina Stenina, lors de la 4e paire, qui a bouclé ses sept tours en 5’18’’5. Partie trois paires plus tard, la déjà quintuple championne olympique est en tête au 5e tour et ne faiblit pas. A l’arrivée, elle bat Stenina de presque 4 secondes (5’14’’9). La surprise est créée ensuite par la Nord-Coréenne Han Pil-Hwa, qui égale le chrono de Stenina dans la 14e paire, pour partager la médaille d’argent et devenir la première athlète de son pays à monter sur un podium aux Jeux d’hiver.

Quant à Lidiya Skoblikova, son grand chelem féminin de 1964 ne sera jamais égalé aux Jeux, ses six médailles d’or, femmes et hommes confondus, dans son sport, non plus. Seul l’Américain Eric Heiden réussira un exploit comparable en remportant les cinq épreuves masculines des Jeux de Lake Placid en 1980.

Lidiya Skoblikova bat encore un record du monde en 1967, celui du 3 000 m (5’05’’9) à Oslo (Norvège), participe à ses troisièmes Jeux à Grenoble en 1968 où elle se classe 6e sur 3 000m,puis reprend ses études pour devenir professeur de physiologie. En 1983, elle est décorée de l’ordre olympique (argent) par le président du CIO Juan Antonio Samaranch. Le 7 février 2014, elle fait partie des huit personnalités russes qui portent la bannière olympique dans le stade de Sotchi lors de la cérémonie d’ouverture des XXIIes Jeux d’hiver.

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