Le grand champion olympique Ian Thorpe adresse un message d’espoir et de positivité
Pour Ian Thorpe, quintuple champion olympique de natation, c'est simple : nous devons "rester positifs, nous connecter et communiquer". Et avec une carrière sportive et une vie ultérieure qui représentent le triomphe sur l'adversité, l’Australien sait de quoi il parle.
“J'aimerais être dehors et avoir ma routine habituelle, mais ce n'est malheureusement pas possible", a indiqué Ian Thorpe, l’olympien le plus décoré d'Australie, à propos de la pandémie de Covid-19 et de son impact sur tous les aspects de la vie”.
“Au lieu de cela, je lis des livres que je n'ai pas eu le temps de lire, je tchatte plus souvent avec des amis et mes mains n'ont jamais été aussi propres. Nous devons rester positifs."
“Heureusement, nous vivons à une époque où la technologie nous facilite la communication. Nous devrions communiquer autant que possible avec nos proches pour rester en contact et nous rappeler que nous sommes tous dans le même bateau. Pour moi, c'est aussi simple que de promettre d'appeler ma grand-mère deux fois par semaine au lieu d'une seule."
“Cette planète n'est pas divisée par les nations, mais par la déconnexion que nous créons en ne communiquant pas, et nous avons maintenant l'occasion de surmonter cela.”
L'une des grandes occasions pour le monde de se réunir à nouveau dans un esprit de célébration sera les Jeux Olympiques de Tokyo, qui se dérouleront désormais du 23 juillet au 8 août 2021. Et Ian Thorpe a été catégorique sur les médias sociaux : le report est la "bonne décision".
Le multiple champion olympique sait comment saisir les occasions au bon moment. C'est quelque chose qu'il fait depuis toujours. D'abord en tant que nageur, puis en tant que défenseur de questions sociales, qu’il s’agisse des droits des homosexuels, de la santé mentale, du harcèlement ou encore de l'alphabétisation des autochtones. Rien de tout cela n'est simple, mais à 37 ans, Ian Thorpe se rend compte que tout cela fait partie du voyage.
Le natif de Sydney a fait irruption sur la scène en 1998, lorsqu’il a remporté l'or aux Championnats du monde du 400m nage libre et du relais 4x200m nage libre à l'âge de 15 ans. Deux ans plus tard, avec une envergure de 1,90 m et une pointure 52, l'adolescent est arrivé aux Jeux Olympiques de Sydney 2000 avec d’énormes attentes placées en lui.
"Je faisais mes débuts olympiques. La piscine dans laquelle je m'entraînais avait été transformée en un site olympique que je ne reconnaissais plus. On m'arrêtait dans la rue et on me disait : "J'ai hâte de te voir gagner ta première médaille d'or ; on a acheté des billets pour te voir nager"", a expliqué Ian Thorpe.
“À 17 ans, c'était beaucoup à gérer.”
À l'intérieur de la piscine, il a géré avec brio. D'abord, il a remporté le titre du 400 m nage libre, la première médaille d'or de l'Australie aux Jeux. Puis, une heure plus tard, avec ses coéquipiers, il inflige une première défaite olympique aux États-Unis dans le relais 4x100 m nage libre hommes. Le pays hôte avait une nouvelle star. Thorpe a ensuite ajouté à son palmarès l'or au relais 4x200m nage libre, ainsi que l'argent au 200m nage libre et au 4x100m quatre nages.
Des moments de gloire sportive extraordinaire ont continué à défiler sur le chemin de Thorpe. En 2002, il a battu le record du monde du 400 m nage libre aux Jeux du Commonwealth à Manchester, alors qu'il semblait s'entraîner en douceur.
“Je n'ai pas réalisé à quelle vitesse je nageais, et j'ai battu le record du monde sans effort", a-t-il déclaré. "Si j’avais su, j'aurais forcé un peu plus.”
Mais même lorsque le sport était facile pour lui, Ian Thorpe trouvait la vie hors de la piscine beaucoup plus difficile. Après avoir arrêté la compétition, il s’est montré très ouvert sur les batailles qu'il a menées contre la dépression invalidante, les problèmes d'alcool et les pensées suicidaires.
Pour un homme qui se souvient très bien d’avoir regardé à la télévision, à l’âge de neuf ans, l'allumage de la vasque olympique à Barcelone en 1992, les Jeux ont toujours représenté de grands moments.
“À Athènes, je devais défendre mon titre olympique, mais je faisais aussi face à une pression supplémentaire car un de mes amis [Craig Stevens] avait dû abandonner sa place dans l'équipe pour que je puisse concourir", a expliqué Ian Thorpe. "Cela a ajouté une autre dimension et j'ai ressenti l'attente supplémentaire de gagner, non pas pour moi, mais pour lui et pour tout le monde chez nous".
Une fois de plus, l'homme surnommé "la Torpille" a relevé le défi. Dans ce qui était alors considéré comme la "course du siècle", l'Australien a triomphé à la fois de l'Américain Michael Phelps et du Hollandais Pieter van den Hoogenband pour remporter une finale titanesque dans le 200m nage libre. Il a également remporté l'or dans le 400m nage libre, l'argent dans le relais 4x200m nage libre et le bronze dans le 100m nage libre.
Deux ans plus tard, il se retire une première fois de la compétition, à l'âge de 24 ans seulement.
"Quand je regarde ma carrière de nageur, je suis plus impressionné maintenant qu'à l'époque, surtout en réalisant que je fais à présent partie de l'histoire", dit-il.
Les 14 années qui ont suivi ont été riches en réalisations et défis. Thorpe a pris les devants et est devenu l'un des principaux défenseurs des droits civils dans son pays. De sa campagne réussie en faveur du projet de loi australien sur les droits des homosexuels en 2017 à l'appel lancé cette année à son gouvernement pour qu'il abroge des lois qui selon lui encouragent la discrimination religieuse, l'ancien nageur s'est mis en première ligne.
"Je suis fier de la façon dont je vis ma vie depuis que j’ai arrêté la compétition, en défendant les valeurs olympiques et celles des athlètes et en ayant un impact sur la vie des gens, en les encourageant à faire de leur mieux", a-t-il déclaré.
Un retour dans les bassins entre 2011 et 2013 n'a pas apporté la troisième expérience olympique que Thorpe espérait mais il ne regrette pas d’avoir essayé.
"Avec le recul, j'aurais aimé recommencer plus tôt", a déclaré Ian Thorpe. "La meilleure chose qui me soit arrivée avec mon retour à la compétition, c'est que j'ai retrouvé mon amour de la natation, comme je le ressentais quand j'étais enfant. Je n'avais pas ça quand j'ai pris ma retraite en 2006".
Et à présent, Ian Thorpe, qui s'est engagé comme commentateur pour la chaîne de télévision australienne Seven Network pour les Jeux de Tokyo 2020 l'année prochaine, s'appuie sur les leçons qu'il a apprises.
"Je me suis toujours fixé des objectifs clairs en tant qu'athlète, mais je me suis rendu compte que le chemin pour les atteindre n'est pas toujours droit, et qu'en réalité il est plutôt sinueux et boueux", a-t-il déclaré.
"Dix ans plus tard, mon ambition est simplement d'être une meilleure personne que ce que je suis maintenant et de pouvoir y réfléchir, et de savoir que j'ai travaillé tous les jours pour y parvenir".