Le double doublé des sœurs Marielle et Christine Goitschel

Le double doublé des sœurs Marielle et Christine Goitschel
(IOC)

Enfants de Val-d’Isère, les sœurs Goitschel ont un peu plus d’un an d’écart : Christine, l’aînée, est née le 9 juin 1944 et Marielle a vu le jour le 28 septembre 1945. Toutes deux excellentes skieuses, elles intègrent l’équipe de France de ski alpin au début des années 1960 et font rapidement des étincelles sur la scène internationale. Christine est championne de France de slalom en 1962 tandis que Marielle s’en va la même année gagner une médaille d’argent en slalom et un titre en combiné lors des championnats du monde FIS de 1962 à Chamonix. Elles se montrent capables de briller dans les trois disciplines du ski alpin : slalom, géant et descente.

Le 1er février 1964 à Axamer Lizum, site du slalom olympique dames, piqueté de 51 portes en première manche, Marielle Goitschel porte le dossard No 1. Explosive, la skieuse de 18 ans signe d’entrée le chrono de référence (43’’09) et creuse même des écarts importants puisque toutes les concurrentes qui s’élancent ensuite terminent leur parcours en plus de 44 secondes. Seule…. sa soeur Christine, dossard No 14, parvient à limiter les dégâts et vient se poster au 2e rang en 43’’85.

(Getty Images)

Entre les 56 portes de la deuxième manche, Christine se montre à son tour intouchable, bouclant son slalom en 46’’01. Elle devance Marielle (47’’68) de 1 seconde et 67 centièmes et remporte le titre olympique avec un temps total de 1’29’’86 contre 1’30’’77 à sa sœur cadette. L’Américaine Jean Saubert prend le bronze en 1’31’’36. C’est la première fois que deux sœurs réalisent un doublé aux Jeux d’hiver. Lorsque Christine monte sur la première marche du podium, Marielle l’applaudit à tout rompre ! Et ce n’est pas fini…

(IOC)

Le 3 février, toujours à Axamer Lizum, le slalom géant se dispute en une seule manche, comme cela restera le cas jusqu’à la fin des années 1960. Cette fois, c’est Christine qui plante la première banderille. 3e partante, elle signe un chrono de 1’53’’11 qui est égalé trois dossards plus loin par Jean Saubert. Il faut attendre que la 14e concurrente pousse le portillon de départ : Marielle Goitschel se montre aérienne, ultrarapide et largement au-dessus du lot. Elle négocie les 56 portes en 1’52’’24 pour une victoire imparable, devant sa grande sœur co-médaillée d’argent en compagnie de Jean Saubert. Deux doublés pour deux sœurs, c’est non seulement une première, mais un exploit unique aux Jeux Olympiques d’hiver.

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Lorsqu’on demande à Marielle Goitschel quel fut son plus grand moment à Innsbruck, elle répond sans hésiter : « C’est quand Christine a gagné le slalom et que j’ai fait deuxième. Même lorsque j’ai remporté le géant, je n’étais pas aussi excitée ». Et Christine ajoute : « C’était nouveau ! C’était la première fois ! Ce sont les deux ou trois premières minutes les plus merveilleuses de nos vies. Après, cela ne vous appartient plus… »

Félicitées par le président de la République Charles De Gaulle (« Sachez, mesdemoiselles que tout le monde est fier de vos victoires »), fêtées par une foule enthousiaste lors de leur retour à Val-d’Isère, les sœurs Goitschel vont continuer à briller au cours des années 1960, au sein d’une équipe de France alors à son apogée. C’est surtout Marielle qui se constitue le plus beau palmarès du ski alpin féminin français, en réalisant une fantastique razzia lors des Championnats du monde FIS de Portillo (Chili) en 1966 : médaille d’or en géant, en combiné et en descente, médaille d’argent en slalom derrière sa compatriote Annie Famose, et surtout, Marielle remporte à Grenoble en 1968 le titre olympique du slalom qui lui avait échappé quatre ans plus tôt.

Quant à Christine, mariée à l’entraîneur Jean Béranger, elle sera en sa compagnie à l’origine de la création de la station de ski de Val-Thorens dans les années 1970. C’est dans cette station, à l’occasion du cinquantenaire de leurs exploits à Innsbruck, que les sœurs Goitschel sont élevées au grade d’Officier de la Légion d’honneur le 2 février 2014.

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