Le chant du cygne teinté d’or d’Alsgaard
Le Norvégien Thomas Alsgaard a débuté le ski de fond très jeune. Il a effectué sa première course à 3 ans, dans une épreuve destinée à des skieurs âgés de 5 ans, et l’a gagnée. La légende raconte que, l’année suivante, ses parents, pensant qu’il s’est perdu, vont le retrouver sur la piste de ski du coin, sur le point de se lancer à l’assaut d’un troisième tour du parcours de 9 km.
Sa première apparition aux Jeux Olympiques d’hiver a lieu à Lillehammer 1994, où il gagne de l’or dans le 30 km et de l’argent dans le relais 4 x 10 km. Quatre ans plus tard, il décroche une nouvelle médaille d’or en relais à laquelle il ajoute le titre de la poursuite combinée, après avoir battu son compatriote Bjørn Dæhlie dans l’un des finaux les plus exaltants de l’histoire du ski de fond olympique.
À Salt Lake City, Alsgaard réduit sa participation à trois épreuves seulement : le relais 4 x 10 km, la poursuite combinée et le 30 km. S’il ne peut terminer que 12e de cette dernière course, il a toujours en ligne de mire la défense de ses deux titres de Nagano.
Au menu figure d’abord la poursuite combinée, le 14 février. En dépit des quatre années séparant les deux Jeux, Alsgaard n’a rien perdu de sa vitesse. S’il n’y a pas de Dæhlie à battre, cette fois, c’est un autre de ses compatriotes, Frode Estil, qui se dresse sur sa route.
Alsgaard s’élance pour la partie en pas de patineur quelque 36 secondes derrière Estil, mais il comble peu à peu son handicap dans la partie en style classique. Ainsi, lorsque les deux Norvégiens entament la dernière ligne droite, ils sont au coude-à-coude et vont franchir la ligne d’arrivée dans un mouchoir. Impossible de savoir qui a gagné, et même la photo d’arrivée est incapable de les départager. Finalement, fait rarissime, les deux hommes sont crédités du même temps de 49’48’’9 et se partagent donc la médaille d’or.
Le 4 x 10 km est à peu près du même tonneau. Pour la quatrième fois consécutive aux Jeux, il tourne à une bataille entre la Norvège et l’Italie. Lorsque Alsgaard se lance dans le dernier relais, les deux équipes ne sont séparées que par une demi-seconde. Opposé à Christian Zorzi, le Norvégien conserve l’avantage jusqu’à l’entrée dans la dernière ligne droite. Zorzi produit alors son effort et le dépasse pour prendre la tête. Mais rassemblant ses dernières forces à l’approche de la ligne, Alsgaard reprend l’avantage dans un ultime sursaut alors qu’il ne reste plus que 20 m à parcourir, et offre l’or à son équipe pour trois dixièmes. Ce sera le chant du cygne d’Alsgaard, qui annoncera peu après son retrait de la scène internationale.