Le brillantissime Henrik Harlaut dévoile les secrets du big air en ski acrobatique

Henrik Harlaut, athlète olympique lors des deux dernières éditions et sept fois médaillé d'or aux X Games, a une recette simple pour réussir en big air en ski acrobatique: s'entraîner, s'entraîner, s'entraîner et oublier toute logique pour se convaincre que l'on peut y arriver. 

Le brillantissime Henrik Harlaut dévoile les secrets du big air en ski acrobatique
(2018 Getty Images)

Le Suédois Henrik Harlaut comprend parfaitement pourquoi la plupart des personnes ont un sursaut de terreur lorsqu'ils regardent un saut en big air. D'ailleurs, il estime que c'est grâce à sa capacité à non seulement accepter, mais aussi apprécier cette sensation qu'il est devenu l'un des meilleurs skieurs acrobatiques au monde.

"J'ai dû surmonter cette sensation tellement de fois que j'y suis habitué maintenant", confie Henrik Harlaut, l'athlète masculin le plus médaillé de l'histoire des X Games. "J'essaye tout simplement d'emmagasiner un maximum de confiance avant de m'élancer. On doit vraiment croire dur comme fer que l'on va réussir. Si l'on n'y croit pas, autant réessayer un autre jour. Si on ne le sent pas, je conseille de retenter dans quelques jours, mois, voire années."

Et de poursuivre : "Mais lorsqu'on parvient à surmonter cette peur et à atterrir comme il faut, c'est un sentiment indescriptible. C'est probablement la plus grande joie que j'ai jamais ressentie et la raison pour laquelle j'aime autant ce sport."

L'athlète, aujourd'hui âgé de 28 ans, a commencé le ski acrobatique il y a 19 ans. En moins d'un an, il avait réussi son premier back-flip, et à l'âge de 14 ans, il parvenait très souvent à exécuter des switchs 1440. Depuis, il n'a cessé de chercher à maîtriser de nouvelles figures : une quête qui s'est muée en obsession.  Au fur et à mesure que les différents flips, twists et grabs se compliquaient, le Suédois a dû revoir son approche :

(Getty Images)

"Avant, je faisais beaucoup de trampoline, mais maintenant mes figures ont trop d'envergure et je ne suis pas assez longtemps en l'air avec un trampoline", explique-t-il avec un sourire. "C'est donc devenu presque plus fou pour moi de m'entraîner sur un trampoline que sur des skis."

À la place, il s'entraîne d'une façon qui peut sembler encore plus renversante :

"Je vis en Andorre, où il y a une salle qui dispose d'une grande rampe pour patins à roulettes, avec une fosse remplie de mousse au bout. Du coup, je m'entraîne sur des patins à roulettes", confie-t-il. "Ce n'est pas tout à fait comme skier, mais on retrouve cette sensation de glissement en avant, comme pour un saut à ski. Il suffit ensuite de l'appliquer sur des skis."

Et d'ajouter : "Néanmoins, peu importe la figure, le premier essai sur la neige, surtout quand personne ne l'a fait auparavant, est toujours assez stressant."

Henrik Harlaut, qui a remporté l'argent en big air aux Championnats du monde de ski 2019, avoue être obsessionnel. À y regarder de loin, il semble consacrer l'essentiel de sa vie à la réalisation de cascades et de figures toujours plus démentes, et il ne fait rien pour dissiper cette impression :

"En général, j'essaye de combiner deux versions plus faciles ou plus petites de figures pour en créer une plus grande", explique-t-il. "Ce qui me plait, c'est la liberté d'expression : il n'y a pas de règles quant à la direction que doit prendre ce sport ou sur les figures qu'il faut obligatoirement réaliser. C'est libre et on peut user de sa créativité pour inventer de nouvelles rotations originales et des grabs différents."

"Il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre pour faire progresser sa technique."

Sans surprise, lorsqu'il donne des conseils aux jeunes athlètes aspirant à briller en ski acrobatique, Henrik Harlaut attache le plus d'importance à deux compétences en particulier :

"Il faut être un bon skieur, afin d'avoir un bon contrôle pour réussir à sauter et à atterrir correctement. Il faut aussi avoir une fibre quelque peu acrobatique. Avoir passé du temps sur un trampoline ou toute autre activité qui aide à comprendre ce qu'éprouve le corps lorsqu'on est en l'air compte aussi beaucoup."

Henrik Harlaut a su ajouter une bonne dose de motivation et de plaisir à ce combo gagnant et en a récolté les fruits. Bien qu'il se considère comme spécialiste du big air, il n'a pas à rougir de ses performances en slopestyle : il a en effet terminé sixième aux Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi 2014 et a remporté l'or en Coupe du monde en 2018.

(Getty Images)

 Un programme d'exercice physique rigoureux et une alimentation saine, sans relâche, l'ont aidé à tutoyer le sommet de ces deux disciplines pendant la majeure partie des dix dernières années. Il n'a aucunement l'intention de changer les choses pour l'instant.

"Je ne vois pas la fin, on ne peut pas dire qu'elle se rapproche", avoue-t-il. "Le ski est l'activité la plus divertissante au monde pour moi. C'est ce qui m'apporte le plus de joie, parmi tout ce que j'ai essayé jusqu'à présent. Je suis très, très reconnaissant pour toutes les occasions que j'ai de pouvoir skier. Chaque jour que je passe à la montagne renforce ce sentiment de gratitude en moi."

Avec ses longues dreads et ses vêtements baggy, Henrik Harlaut incarne une figure immédiatement reconnaissable et célébrée sur les pistes du monde entier.  Même si, comme la plupart de ses pairs, il s'inspire du skateboard pour imaginer de nouveaux "tricks", Henrik Harlaut ne s'arrête pas là : il a également adopté le style vestimentaire de ce sport de rebelles.

 Non pas qu'il conseille à quiconque de suivre son exemple :

"Je suis clairement influencé par la mode baggy des skateboardeurs de la fin des années 1990. J'y puise une grande partie de mon style... Il faudrait vraiment que j'arrête", précise l'athlète. En effet, lors de l'un de ses passages à l'épreuve de slopestyle à Sotchi en 2014, son pantalon était tellement ample qu'il est tombé : un moment qui n'a pas manqué de marquer les esprits cette année-là.

"C'est le style que j'avais quand j'ai commencé à skier vers 12 ans. C'est celui que j'admirais lorsque je regardais des vidéos de ski."

"Je suis un peu comme ça : si je tombe amoureux de quelque chose, c'est pour la vie. C'est pareil pour la musique que j'écoute. J'adore le hip-hop des années 1990 et je n'ai jamais arrêté d'en écouter depuis que j'ai commencé : j'aime trop cette musique ! Je pousse toujours les choses très loin."

(Getty Images)

Qui sait, s'il réussit à décrocher l'or à la première épreuve olympique de big air en ski acrobatique aux Jeux de Beijing 2022, ce qui viendrait couronner une carrière exceptionnelle, les pantalons baggy reviendront peut-être à la mode. En tout cas, Henrik Harlaut, qui s'est adjugé un sixième titre aux Big Air X Games en janvier 2020, a hâte d'essayer :

"J'espère vraiment que ça arrivera. Je suis vraiment content que l'épreuve fasse son entrée au programme des Jeux. Pas forcément parce que je me débrouille plutôt bien en big air, mais surtout parce que cela m'offre l'occasion de participer à une autre épreuve des Jeux Olympiques. C'est vraiment génial !"

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