Le B-Boy Bumblebee médaillé d’or en breaking au nom du père

Le B-Boy Bumblebee est devenu le premier champion olympique de la jeunesse de l’histoire du breaking à Buenos Aires 2018. Jeudi, il a également remporté une médaille de bronze dans l’épreuve mixte par équipes avec la B-Girl autrichienne Ella. Pour son père qui a été contre toute attente un adepte du breaking dans la Russie des années 1990, ces médailles valent plus que de l’or.

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Le B-Boy Bumblebee médaillé d’or en breaking au nom du père
(Lucas Valerga/Buenos Aires 2018)

Sergei Chernyshyov a déclenché une révolution pacifique à Voronej, une ville de province située à 500 kilomètres de Moscou, lorsqu’il a commencé à enseigner le breaking aux enfants du coin à la fin des années 1990. À l’époque, n’ayant pas la possibilité de voyager, Sergei Chernyshyov a visionné des cassettes vidéo de breakers étrangers pour étudier leurs mouvements et les a ensuite testés sur la piste de danse.

À Buenos Aires 2018, le nom de l’homme de la province russe peu connue a été inscrit dans les annales de son sport de prédilection, puisque son fils, le B-Boy Bumblebee – dont le vrai nom est également Sergei Chernyshyov – est devenu le premier médaillé d’or de breaking dans le cadre olympique.

« Pour résumer ce que je ressens, c’est tout le sens de ma vie », dit le père et entraîneur du médaillé. J’attends es débuts olympique depuis longtemps. »

Sergei Chernyshyov a dû abandonner le breaking en 2000, à la naissance de son fils, le futur B-Boy Bumblebee. Jusque-là, il formait près de 200 enfants, le breaking ayant gagné en popularité dans la ville, qui compte un peu plus d’un million d’habitants.

Dès l’âge de 4 ans, Bumblebee a été inscrit à des cours de gymnastique artistique, mais bien que prometteur, il a tout arrêté de manière inattendue à 8 ans.

C’est alors que le breaking est entré dans sa vie.

« J’attendais cela », confie son père à propos de sa nouvelle orientation. « J’attendais le moment où il allait se rendre compte que le breaking était davantage fait pour lui. »

Sergei Chernyshyov a appris tous les mouvements qu’il connaissait à son fils et l’a même aidé à choisir son nom de B-Boy. À l’origine, Bumblebee voulait s’appeler ″Optimus Prime″, du nom d’un personnage de la série Transformers, mais son père a estimé que ce nom faisait trop adulte et il lui a suggéré à la place ″Bumblebee″, le nom d’un gentil robot de la même franchise.

Neuf ans plus tard, à Buenos Aires 2018, Sergei Chernyshyov a vu son fils entrer dans l’histoire en remportant la médaille d’or lors de la toute première compétition de breaking organisée dans le cadre olympique.

« C’est un honneur pour moi », a déclaré le B-Boy Bumblebee au sujet de sa victoire historique. « J’avais l’occasion de gagner cette médaille d’or et naturellement, je ne pouvais pas ne pas la saisir. Après tout, c’est la première médaille d’or en breaking. J’ai toujours considéré qu’il était très important de laisser une trace dans l’histoire et je pense que maintenant, quoi qu’il arrive, j’en ferai partie. »

Jeudi, Bumblebee a également remporté une médaille de bronze dans l’épreuve par équipes mixtes dans laquelle il était associé à la B-Girl autrichienne Ella.

Pour son père, le simple fait d’assister à la compétition pionnière de Buenos Aires a été une expérience étourdissante. Sergei Chernyshyov y a rencontré certains des fondateurs du breaking qu’il a passé des heures à étudier sur vidéo, notamment Crazy Legs, Storm et Renegade, aujourd’hui juges et membres du jury.

Le sport a fait son chemin en Russie depuis que Sergei Chernyshyov s’est lancé dans ce que les Russes appellent familièrement les "sauvages années 90", une période de troubles politiques et économiques. Curieusement, c’est précisément cette période difficile qui a contribué à l’expansion de ce sport.

« À l’époque, c’était la mode dans toutes les rues parce qu’un B-Boy était d’abord considéré non pas comme un danseur, mais comme un athlète », explique Sergei Chernyshyov. « C’était très utile, surtout dans les années 90 en Russie. Tu pouvais te faire un nom non seulement avec tes poings, mais aussi avec tes talents. »

Maintenant qu’il a assisté aux débuts de son sport préféré aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, Sergei Chernyshyov espère qu’il fera son entrée dans le programme olympique à Paris 2024. Pour sa part, B-Boy Bumblebee était content d’avoir pu donner à son père ce premier échantillon de gloire olympique.

« Mes parents ont ouvert leur propre studio de danse quand j’avais neuf ans. J’y suis allé et j’y suis tombé la tête la première », dit Bumblebee. « Neuf ans plus tard, je gagne aux Jeux Olympiques de la Jeunesse. C’est avant tout un cadeau pour mon père car lui aussi a pratiqué cette discipline et il sait pertinemment ce que cela signifie. Le plus important dans une victoire, c’est de pouvoir la partager avec quelqu’un. »