La Jamaïque fière de son quatuor doré
Quatre ans auparavant, l’équipe jamaïcaine du 4x400m masculin a connu une terrible désillusion. Elle s’était fixée alors comme objectif de battre le surpuissant relais américain et semblait en mesure de remplir son contrat, avant qu’Arthur Wint ne se relève dans le troisième relais, blessé. Adieu donc la médaille.
Quatre ans plus tard, on prend les mêmes et on recommence, le quatuor étant toujours composé de Wint et de Leslie Laing, Herb McKenley et George Rhoden. Et les quatre hommes partagent toujours la même ambition : priver les États-Unis de médaille d'or.
Certes, d’autres nations sont présentes au départ de l’épreuve, mais rares sont ceux qui pensent que la victoire peut échapper aux Américains ou aux Jamaïcains. Justifiant leur statut de favoris, les deux relais se qualifient d’ailleurs facilement pour la finale.
Wint, champion olympique du 400m en 1948, est opposé sur le premier tour de piste à Ollie Matson, qui deviendra plus tard professionnel de football américain. Matson prend un léger avantage, que Gene Cole accentue au terme d’un deuxième relais particulièrement rapide. Laing, le deuxième Jamaïcain, est relégué à quelque 10 ou 12 m à mi-parcours, et son équipe est à la dérive.
Mais McKenley réalise alors quelque chose d’exceptionnel. Il boucle son tour en 44’’6, soit environ 1’’7 plus vite que l’Américain Charles Moore et, du coup, ce sont les Jamaïcains qui possèdent un mince avantage à l’amorce du dernier 400m. La lutte fait rage entre George Rhoden, qui a gagné le titre individuel du 400m, et le coureur américain Mal Whitfield, sixième de cette même finale. Whitfield a peut-être dans l’idée de prouver que son fiasco individuel n’était qu’un accident de parcours. Ce qui est sûr, c’est qu’il talonne Rhoden jusqu’à l’arrivée, lui rendant foulée pour foulée jusqu’à l’épuisement. Finalement, Rhoden l’emporte in extremis avec un dixième d’avance, alors que le record du monde est pulvérisé de 4’’3. Énorme !
La victoire offre donc aux Jamaïcains ces médailles d’or si convoitées et donne le coup d’envoi à une énorme vague de liesse en Jamaïque, où des fêtes éclatent spontanément dans la rue jusque tard dans la nuit.