Originaire de Chicago, la jeune fille timide de 19 ans davantage caractérisée par sa grâce fluide et sa beauté que par ses qualités athlétiques, décrocha l’or à l’unanimité des juges. Elle devint du même coup la dernière patineuse de l’histoire à triompher sans avoir réalisé de triple saut.
Bien qu’elle soit passée professionnelle après les Jeux et ait amplifié sa toute nouvelle renommée – elle fut surnommée « la chérie de l’Amérique » - via les tournées de la féerie sur glace Ice Capades, c’est à Innsbruck que son illustre carrière amateur atteignit son point culminant.
Dorothy Hamill avait chaussé ses premiers patins à 8 ans et demi à peine, et après des années de leçons privées et d’entraînements à 4h30 du matin, sa détermination commença à payer.
Après avoir gagné le titre novice dames aux Championnats des États-Unis de 1969, elle entama sa carrière internationale et alla se placer sous l’aile de Carlo Fassi, entraîneur réputé qui conduisit John Curry au titre olympique la même année.
D’entrée, Fassi ordonna à sa protégée myope de porter des lunettes à large monture, ce qui allait devenir plus tard la marque de style de Dorothy, imitée par ses supporters dans le monde entier. Le nouveau partenariat fut fructueux et Dorothy gagna le titre national américain de 1974 à 1976.
Elle dut toutefois se contenter de l’argent aux Championnats du monde de 1974 – après une crise de larmes sur la glace – et réédita sa performance en 1975, derrière la patineuse néerlandaise Dianne de Leeuw. À la veille des XIIes Jeux d’hiver, elle était cependant loin d’être favorite pour la médaille d’or, d’autant plus qu’elle avait subi un coup dur lorsque Fassi l’avait laissée pour s’occuper de Curry.
La paire fut néanmoins reconstituée en Autriche et Dorothy Hamill surmonta sa nervosité paralysante d’avant la compétition pour clouer le bec à ses détracteurs. Après les figures imposées du programme court, Dorothy était en tête, une position idéale pour pouvoir se lâcher dans le programme libre plus long. C’est ce qu’elle fit, pour décrocher l’or – un peu aussi, selon elle, grâce aux chaussures spéciales que Fassi lui avait fait faire. Pour fêter ça, elle engloutit un hamburger et dormit ce soir-là avec sa médaille sous son oreiller.
Dès le lendemain matin, Dorothy, qui allait remporter les championnats du monde de 1976, s’était muée une vedette. Elle devint en effet la première athlète à signer un contrat d’un million de dollars par an, des millions de jeunes américaines copièrent sa coupe de cheveux au carré et, ultime hommage à sa célébrité, des magasins de jouets vendirent bientôt des poupées Dorothy Hamill.
À des années-lumière du showbiz, on doit à Dorothy Hamill une nouvelle figure – une pirouette allongée (en adoptant une position en arabesque, une jambe tendue en arrière, parallèle à la glace) qui se termine en pirouette assiste – qu’on a appelée la Hamill Camel.
Dorothy Hamill a récemment reconnu pour la première fois qu’elle avait triomphé à Innsbruck malgré une dépression profonde, ce qui rend son exploit encore plus remarquable.
La championne olympique gagna encore quatre titres mondiaux consécutifs chez les professionnels dans les années quatre-vingt et triompha dans Ice Capades. Elle demeure toujours une figure de proue de la discipline et à ce jour, elle patine encore, que ce soit professionnellement ou par plaisir.