Roald Bradstock

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Roald Bradstock
© Audrey Bradstock

« Je veux que la réalisation de ce projet embrasse les valeurs olympiques de respect, d'amitié et d'excellence. »

Roald Bradstock est un athlète britannique, lanceur de javelot, qui a représenté deux fois son pays dans le cadre des Jeux Olympiques (GBR - 1984 et 1988). Il a également remporté un prix international de peinture en tant qu'artiste olympique (USA - 2000). Les idées et tenues sportives loufoques, caractérisant l'allure de Bradstock sur le terrain de sport comme dans la vie, lui ont valu beaucoup d'attention au cours de ces dernières années. Il a d'ailleurs transformé la piste d'élan du lancer de javelot en véritable podium de défilé de mode, du fait des tenues colorées, avec javelots assortis, qu'il peint lui-même à la main. Il détient également des dizaines de records mondiaux, officiels et officieux, obtenus en lançant des javelots, des balles de golf (155,44 m), des iPod (140,81 m) et même un disque vinyl (112,10 m), pour n'en citer que quelques-uns. Les vidéos de ses "performances artistiques", à l'entraînement comme en compétition, ont déjà été visionnées des millions de fois sur YouTube ("roald62"). Le style artistique unique de Bradstock, ses capacités et les techniques novatrices qu'il utilise dans ses dessins, ses peintures et ses collages lui valent désormais une reconnaissance internationale. En l'an 2000, il a remporté le concours de peinture sportive, organisé par le Comité olympique des États-Unis (USOC), et s'est vu attribuer en 2003 le prestigieux Prix international de l'artiste sportif de l'année, décerné par l'United States Sports Academy (USSA), ainsi que l'American Sports Art Museum and Archives (ASAMA).

En 2005, Bradstock devient le premier artiste officiel de la Fédération nationale d'athlétisme des États-Unis (USA Track & Field, USAT&F). L'année suivante, en 2006, il est l'un des membres fondateurs d'une association internationale d'artistes olympiques, appelée l'Art des olympiens (Art of the Olympians, AOTO), créée sous l'impulsion du champion olympique de lancer du disque et artiste abstrait, Al Oerter. Ce dernier est connu pour avoir remporté quatre médailles d'or, lors de quatre éditions consécutives des Jeux Olympiques. La même année, après avoir soumis diverses idées et propositions au Comité d'organisation des Jeux Olympiques de Londres 2012 (LOCOG) concernant la manière d'utiliser le sport et l'art pour promouvoir les Jeux Olympiques, Bradstock est nommé ambassadeur olympique pour le sport et l'art par le gouvernement britannique, afin d'œuvrer au service du programme en faveur de l'héritage olympique dans le cadre du Fonds pour le sport et la jeunesse (Youth Sport Trust, YST). Bradstock possède un baccalauréat en dessin, peinture et sculpture, ainsi qu'un diplôme en arts plastiques (dessin, peinture et gravure) de l'Université méthodiste du Sud (SMU), de Dallas, au Texas. Depuis 1996, Bradstock travaille en tant qu'artiste professionnel à plein temps. À partir de l'an 2000, il a décidé de concentrer son travail artistique exclusivement sur le sport, en tant que source d'inspiration pour ses idées, ses créations et ses concepts. 

Ce projet a ouvert la voie au changement, en faisant appel aux olympiens pour servir de lien entre le sport et l’art, et donner naissance à UNE langue universelle
Roald Bradstock

Interview

Vous avez été invitée par le CIO en tant qu’artiste en résidence. C’était la première fois que vous étiez présente sans participer à des compétitions et, de plus, lors de Jeux d’hiver. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

Ce séjour a été l’expérience la plus incroyable de toute ma vie. Un rêve devenu réalité ! Écouter les remarques des athlètes, tellement spontanées et naturelles, les entendre dire ce que je pense et ressens depuis si longtemps au fond de moi était tout simplement fantastique ! Je me suis rendu compte que je n’étais pas seul, que les autres voyaient et ressentaient la même chose que moi concernant le sport et l’art.

Comment les athlètes ont-ils réagi lorsqu’ils vous ont rencontrée sur le terrain ? Ont-ils participé à vos activités ?

Nous avons eu un total de 111 olympiens, venus de 39 pays différents, ainsi que la participation du président du CIO, du président de l’Association mondiale des olympiens (WOA), de SAS le Prince Albert et de deux membres de la famille de Coubertin.

D’après vous, est-ce que les athlètes ont répondu favorablement à cette initiative ?

La réaction des athlètes face à cette initiative artistique a été encore meilleure que j’aurais pu l’espérer. C’était tellement amusant de voir entrer des personnes, des couples et des groupes d’un si grand nombre de pays et de sports différents pour peindre et ajouter leur propre petite touche sur une toile, à l’aide d’un peu de couleur. Ils sentaient qu’ils faisaient partie de quelque chose et qu’ils avaient le droit de s’exprimer. Ils pouvaient choisir entre des dizaines de pinceaux de tailles différentes et plus de cent couleurs de peinture. J’étais très surpris d’entendre les athlètes parler des similitudes qu’ils voyaient entre le sport et l’art.

Cette expérience des Jeux va-t-elle changer la manière dont vous appréhendez l’art olympique ?

En fait, cela a constitué un tournant dans l’histoire olympique, en reprenant une idée ancienne d’une manière nouvelle, pour faire participer les olympiens à une activité à la fois sportive et artistique. Je suis convaincu que cela peut devenir, deviendra et doit devenir une activité organisée régulièrement dans les villages d’athlètes, lors de toutes les futures éditions des Jeux Olympiques d’hiver et d’été, comme des Jeux Olympiques de la Jeunesse. Il existe tant de possibilités de développer cette idée.

Quel est le moment qui a représenté pour vous le défi le plus difficile à relever ?

La partie la plus délicate du projet a été la phase de préparation. Il s’agissait d’une première et un travail énorme a donc été nécessaire pour garantir le succès de ce projet.

Et quel a été le moment le plus mémorable ? Celui que vous n’oublierez jamais.

Je n’arrive pas à retenir un seul moment en particulier. Cette période de 17 jours a été un flot continu de moments qui ont tous été incroyables, depuis l’instant où le président Bach a passé 40 minutes à peindre avec les artistes, jusqu’au moment où un patineur artistique m’a demandé de peindre les anneaux olympiques sur ses patins. Et puis, j’ai vu tous ces athlètes rire et avoir du plaisir à peindre au cours de l’une des périodes, si ce n’est de LA période la plus stressante de toute leur jeune vie. Toutefois, il y a eu une personne et une remarque qui ont tout de même été plus marquantes que les autres : un jour, alors que l’on voyait toutes les toiles les unes à côté des autres, un homme s’est approché, a observé toutes ces peintures et les quelques athlètes encore à l’œuvre, puis s’est exclamé : « Ah, les valeurs olympiques ! ». Lanny et moi avons échangé un regard et souri, tout était dit, n’est-ce pas ?

Quelles sont les principales conclusions que vous en tirez ?

La principale conclusion que je puisse tirer de cette expérience est de noter que Pierre de Coubertin avait entièrement raison de réunir le sport et l’art, les deux langues universelles que nous avons tous en commun. Jusqu’ici, on peut dire que la grande difficulté a toujours été le fait que ces deux langues ont suivi des chemins parallèles, ont évolué côte à côte, mais dans l’ensemble de manière séparée et sans lien entre elles. Je pense, par conséquent, que ce projet a ouvert la voie au changement, en faisant appel aux olympiens pour servir de lien entre le sport et l’art, et donner naissance à UNE langue universelle, afin de nous rassembler et de promouvoir le Mouvement olympique, ses valeurs et ses idéaux.