La championne de tir Hanna Öberg n'a pas fini de briller au biathlon
À seulement 20 ans, la Suédoise Hanna Öberg a bouleversé le monde du biathlon en remportant la médaille d'or aux Jeux Olympiques de PyeongChang 2018 après un sans-faute au tir. Sûre de sa concentration hors pair et de son sang froid sous pression, elle a la ferme intention de continuer à se surpasser et à aller plus loin.
En effet, Hanna Öberg se révèle véritablement dans l'adversité. Plus le biathlon se complique, meilleure elle est. Elle est consciente que c'est grâce à cette faculté qu'elle a décroché, contre toute attente, une médaille d'or aux Jeux de PyeongChang 2018 à l'âge de 20 ans.
"J'adore ces moments décisifs ; c'est ce que j'aime le plus en biathlon. Je crois que je suis d'autant meilleure que l'enjeu est important."
La championne du monde junior de sprint et de poursuite a remporté le 15 km individuel tout en réalisant un sans-faute au tir, signant ainsi l'un des plus beaux retournements de situation des Jeux en République de Corée. Elle a ensuite aidé son équipe à se monter sur la deuxième marche du podium à l'épreuve de relais.
"Quand on sait qu'un tir va être décisif, pour la victoire, une médaille, ou peu importe... On sait qu'on y est, on sait exactement ce qu'il faut faire et on réussit à toucher les cinq cibles ! C'est le moment le plus difficile, mais aussi celui que je préfère dans ce sport."
"PyeongChang a été une formidable expérience pour moi. C'était une chance incroyable de pouvoir participer à ces Jeux Olympiques. Je suis ravie d'avoir obtenu de bons résultats et d'avoir remporté des médailles. Je vais continuer à travailler d'arrache-pied pour me qualifier aux prochains Jeux (Beijing 2022), même si nous n'y sommes pas encore."
Sport militaire d'origine scandinave, le biathlon combine le ski de fond et le tir à la carabine. Les biathlètes enchaînent une course de ski de fond et cinq tirs à une distance de 50 mètres. Pour chaque tir manqué, ils reçoivent du temps additionnel ou un tour de pénalité à parcourir.
Née à Kiruna, la ville la plus septentrionale de Suède, Hanna Öberg a commencé à skier dès l'âge de deux ans. Son père, biathlète depuis son passage dans l'armée, a fondé un club dans la ville de Piteå lorsqu'elle avait dix ans.
"Il n'y avait pas de club, alors mon père s'est associé à d'autres personnes pour en monter un. Comme c'était lui l'entraîneur, j'ai naturellement commencé à participer aux entraînements. J'ai tout de suite accroché."
Hanna Öberg a été conquise par la principale difficulté de cette discipline : le passage du ski à grande vitesse au tir de précision. Les biathlètes alternent entre le tir couché, avec une cible de 45 mm de diamètre, et le tir debout, avec une cible de 115 mm. Chaque seconde passée à viser ou à calmer sa respiration peut se révéler coûteuse plus tard dans la course ou, au contraire, cruciale pour la réussite du tir.
"Le ski est très fatigant physiquement et il faut ensuite retrouver toute sa concentration pour réussir son tir. Le tir demande un haut niveau de précision, c'est totalement différent."
"Il faut vraiment avoir un bon mental et une concentration totale pour réussir à passer de l'un à l'autre", explique-t-elle.
Les gradins principaux sont toujours placés juste à côté du pas de tir, où se dispute généralement l'issue de l'épreuve. Les acclamations de la foule peuvent parfois distraire les biathlètes qui doivent faire abstraction de tout ce qui les entoure pour se concentrer uniquement sur la cible.
"La moindre distraction me fait systématiquement rater mon tir. Il faut être à 100 % concentré sur ce qui compte. Le stress, l'anticipation de la course à venir ou l'auto-conviction, du genre "il faut vraiment que je réussisse ce tir" portent rarement leurs fruits. Je tire mieux lorsque je suis calme et apaisée, que je me concentre sur ce que je dois faire plutôt que sur ce qu'il se passe autour de moi."
Pas besoin de chausser des skis pour entraîner son mental. Passionnée d'apiculture, la biathlète américaine Susan Dunklee a expliqué que son travail au milieu d'un essaim d'abeilles, où elle doit absolument garder son calme, l'aide à se concentrer à l'approche du pas de tir.
Hanna Öberg conseille : "Toute activité nécessitant d'être pleinement dans l'instant peut aider. La méditation en pleine conscience présente quelques similitudes, par exemple."
"J'en fais un peu, mais pour moi, l'entraînement au stand de tir est plus efficace."
Ces deux dernières saisons, Hanna Öberg a enregistré un pourcentage de réussite au tir de 87 % et de 86 %. Les biathlètes tirent deux fois au sprint et quatre fois en course individuelle et en poursuite, dont le départ diffère selon les athlètes, en fonction de leur classement à la course précédente. Pour chaque séance de tir, le but ultime est de réussir cinq tirs propres.
"On est tellement heureux, presque euphoriques, quand on y arrive. J'ai à chaque fois l'impression d'apprendre quelque chose lorsque je me retrouve dans une séance de tir décisive, quelle qu'en soit l'issue. Quand je réussis un tir propre, j'ai vraiment l'impression de grandir. C'est un sentiment qui m'accompagne pendant toute la course."
Son petit ami, le biathlète suédois Jesper Nelin, âgé de 27 ans, a quant à lui remporté l'or au relais masculin à PyeongChang 2018. Sa petite sœur Elvira a récemment intégré l'équipe de la Coupe du monde.
"C'est génial de l'avoir dans l'équipe et c'est aussi très inspirant pour moi", se réjouit Hanna.
"Je lui enseigne tout ce que je sais, mais elle connaît déjà le principe du biathlon : on tire et on skie. Donc il n'est pas vraiment question de ça. Comme elle est nouvelle en Coupe du monde, je lui apprends plutôt à bien marcher jusqu'au départ, où a lieu le contrôle des armes sur les différents sites. Les relations avec la presse et les médias aussi. Je lui explique ma façon de travailler pour tout ce qui tourne autour du sport."
L'année suivante, Hanna Öberg a prouvé que son succès à PyeongChang n'était pas un hasard en gagnant l'or en individuel, l'argent en relais et le bronze en relais mixte à domicile aux Championnats du monde de biathlon de Östersund 2019. Elle s'est classée cinquième au classement général de la Coupe du monde la même année. L'année 2020 a très bien débuté pour elle puisqu'elle compte déjà une deuxième place au classement.
Toute son attention est tournée vers les Jeux Olympiques d'hiver de Beijing 2022, où elle pourrait défendre son titre et remporter l'or en relais aux côtés de sa sœur, sa cadette de trois ans.
Son tempérament et son talent indiscutable laissent présager de nouveaux exploits.