La cérémonie d’ouverture
En ce 6 avril 1896, jour du lundi de Pâques, les rues d’Athènes sont encore plus animées que d’habitude. Tous les bâtiments publics sont pavoisés, tandis que des bannières multicolores flottent au vent et que des couronnes de fleurs vertes tapissent les façades de nombreuses maisons. Où que l’on aille, les lettres O et A (initiales grecques pour Ολυμπιακοί Αγώνες, Jeux Olympiques) attirent le regard, tout comme les dates « 776 av. JC, 1896 ap. JC », en référence à la première année des Jeux antiques et à celle de leur rénovation.
À deux heures de l’après-midi, les quelque 60 000 spectateurs commencent à se diriger vers le stade panathénaïque, site de la cérémonie d’ouverture et des épreuves d’athlétisme. Construit à l’origine en 330 av. JC, le stade a été mis au jour plusieurs dizaines d’années auparavant, mais il est resté dans un état de délabrement. Néanmoins, en grande partie grâce au soutien financier de Georgios Averoff, un Grec d’Egypte fortuné, il a été superbement restauré avec du marbre blanc.
Au total, plus de 300 athlètes – tous masculins – représentant 13 pays ont convergé vers Athènes pour prendre part à 43 épreuves couvrant neuf sports différents. Plus des deux tiers de ces concurrents viennent de Grèce, le pays organisateur, alors que les plus gros contingents venant après sont ceux d’Allemagne et de France, avec 19 sportifs chacun. Viennent ensuite les États-Unis, avec une équipe forte de 14 éléments. Avant d’arriver à Athènes, nombre de ces athlètes ont dû supporter un voyage long et dénué de confort sur terre et sur mer, certains débarquant même en Grèce juste à temps pour concourir.
Dans le stade, les hommes en tenue traditionnelle grecque voisinent avec les Européens en costume. Les femmes utilisent de grands éventails de papier pour se protéger du soleil, les parasols ayant été interdits afin de ne pas gêner la vue. Peu après 15 heures, le roi et la reine de Grèce arrivent et sont accueillis officiellement par le prince royal et ses frères, le président du Conseil des ministres grec, et les membres du Comité hellénique et du Comité International Olympique. Le prince royal prononce un bref discours dans lequel il évoque la genèse de l’entreprise et les obstacles qu’il a fallu surmonter pour la mener à bien. Il demande ensuite au roi de proclamer l’ouverture des Jeux avant que l’hymne olympique, écrit spécialement pour l’occasion par le compositeur grec Spyridon Samaras, ne résonne, interprété par 150 choristes.
« Le succès de la fête est désormais assuré », s’enthousiasme le correspondant du Times dans sa dépêche pour l’édition du lendemain du journal. « Le Parthénon est plus beau que la Tour Eiffel et plus intéressant que la Grande roue de Londres. Quant à l’Acropole, on peut difficilement faire mieux que ces ornements agencés avec goût, alors que le ciel étoilé de l’Attique déverse des torrents de flambeaux panachés. Et s’il faut malgré cela de la nouveauté, la rénovation du stade panathénaïque est là, qui relie les temps modernes à l’Antiquité. »