L’or de Barcelone 1992 a donné à "Evergreen Tree" Waldner une notoriété "présidentielle"

Le nom de Jan-Ove Waldner, le légendaire pongiste, résonne bien au-delà de sa Suède natale. Après une carrière s'étendant sur plusieurs décennies, le vainqueur du simple hommes de Barcelone 1992 est toujours très courtisé en Chine - et par les entreprises suédoises…

L’or de Barcelone 1992 a donné à "Evergreen Tree" Waldner une notoriété "présidentielle"
(© 1992 / Comité International Olympique (CIO))

Fort de sa participation à cinq éditions des Jeux Olympiques et des dizaines de médailles qu’il a glanées dans le monde entier, l’as suédois du tennis de table Jan-Ove Waldner est devenu une légende dans son pays. Mais les plus ardents supporters du médaillé d’or de Barcelone 1992 résident cependant dans le pays de ses adversaires les plus redoutables : la Chine.

"J’ai fait tellement de choses avec eux qu’ils me voient probablement à moitié Chinois", confie Waldner, aujourd’hui âgé de 53 ans. En 2000 (aux Jeux de Sydney), lorsque j’ai battu les Chinois, il y avait 250 millions de Chinois derrière leur petit écran. C’est donc assez important. Il faudrait que beaucoup de pays européens se regroupent pour atteindre ces chiffres."

Entre 1983 et 2001, Waldner a remporté 25 médailles aux quatre coins de la planète. En Chine, cet exploit l’a rendu aussi célèbre que le président des États-Unis.

En 1995, lorsque le club suédois du Kalmar BTK a recruté le pongiste, ses dirigeants ont auparavant mené une étude pour mesurer sa notoriété en Chine.

"Bill Clinton et moi étions les Occidentaux les plus célèbres en Chine, devant Michael Jordan [l’ancien joueur de basketball] et une autre célébrité. Lorsqu’on a été numéro un en Chine, c’est assez énorme là-bas", ajoute Jan-Ove Waldner.

"J’y ai ouvert un restaurant, je me suis battu pour obtenir les Jeux Olympiques, j’ai figuré sur un timbre-poste local et j’ai joué contre six générations de joueurs chinois. J’ai également commencé à m’entraîner en Chine. Je suis allé à Shanghai quand j’avais 14 ans. Après avoir participé à l’Open de Chine, nous avons pu rester sur place pour nous entraîner pendant trois semaines, et j’ai beaucoup appris de ce stage. Il y a donc beaucoup d’aspects de ma carrière qui ont un lien avec la Chine."

Né à Stockholm, l’emblématique olympien n’avait que 16 ans lorsqu’il a atteint la finale du Championnat d’Europe en 1982, remportant sa première médaille internationale chez les seniors. Dix ans plus tard, auréolé de multiples titres de champion du monde, il remporte la compétition de simple aux Jeux Olympiques de Barcelone 1992 - peut-être son exploit le plus significatif.

"C’était très spécial. Nous avons participé pour la première fois aux Jeux à Séoul en 1988 [lorsque le tennis de table a fait ses débuts olympiques] et Erik Lindh, un autre Suédois, a terminé troisième. À l’époque, nous n’avions pas vraiment conscience de la dimension de cet exploit", souligne Waldner.

"Mais en 1992, c’est devenu flagrant. Cela fut évidemment un exploit colossal. En outre, j’ai été le seul Suédois à remporter une médaille d’or et cela a donc eu un énorme retentissement en Suède. Quand on bat un étranger en finale, ce n’est pas la même chose que contre un Suédois. Alors quand j’ai battu le Français Jean-Philippe Gatien, c’était assez intense. Si je devais choisir les trois plus belles compétitions [de sa carrière], Barcelone se situe au sommet. Viennent ensuite mes deux titres individuels de champion du monde, notamment le deuxième à Manchester en 1997 où j’ai gagné sans perdre le moindre set. Cela dit, aux Jeux Olympiques, je n’ai perdu qu’une manche et c’est plutôt bien aussi."

Alors que ses adversaires ont raccroché tour à tour leur raquette, Jan-Ove Waldner a poursuivi sa carrière, ce qui lui a valu de gagner le surnom en Chine de "The Evergreen Tree", "l’arbre au feuillage persistant". Il a participé aux cinq premiers tournois olympiques de tennis de table après l’introduction de ce sport au programme olympique, perdant une finale serrée à Sydney en 2000. Waldner reconnaît cependant que parmi ses meilleurs souvenirs des Jeux, Barcelone tient la corde.

"En 2000, c’était particulier. C’était aussi énorme parce que j’ai perdu 3-2 en finale contre le Chinois Kong Linghui. Mais globalement, les Jeux de Sydney ont peut-être été les plus impressionnants en termes d’organisation. C’était incroyablement beau à Sydney", souligne Waldner.

Enfin, lors de ses derniers Jeux à Athènes en 2004, le Suédois a causé la plus grande surprise du tournoi. Alors qu’il sortait d’une longue blessure, il a atteint les demi-finales, à l’âge de 38 ans !

"C’est évidemment un autre souvenir magnifique", dit-il.

"En 2003, j’ai été sur la touche pendant environ huit mois à cause d’une blessure au pied, et je suis revenu l’année suivante. Il y avait énormément de supporters - je pense que c’est là que j’en ai eu le plus. Il y avait environ cinq à six mille Suédois à chaque match, c’était donc très agréable. Il y avait eu beaucoup de débats pour savoir si je devais aller aux Jeux ou non, et je pense que le fait de réussir a créé une énorme sensation. J’étais également un peu plus vieux et peut-être que ça leur a plu."

Waldner remercie ses origines suédoises, qui lui ont permis d’avoir une carrière internationale aussi longue.

"Si j'avais été Chinois, je n’aurais pas pu participer à cinq éditions des Jeux Olympiques, car ils ne peuvent sélectionner que leurs trois meilleurs joueurs", dit-il.

"En 2004, jamais je n’aurais pu faire partie de l’équipe chinoise. Avec ma blessure, j’aurais peut-être été classé huitième ou dixième. Mais en Suède, Jörgen Persson [le septuple olympien] et moi, nous étions toujours au sommet. Mon style de jeu a aussi joué en ma faveur, avec de bons services qui pouvaient me donner des points faciles. Mais je dois avouer qu’à la fin de ma carrière, j’ai souvent eu recours au Voltarène (un analgésique)."

Après avoir remporté le titre national en simple jusqu’en 2010, Waldner a joué son dernier match en 2016, mettant fin à une carrière de quatre décennies. "The Evergreen Tree" continue néanmoins de se rendre dans la superpuissance d’Extrême-Orient avec des entreprises suédoises qui se battent pour bénéficier de ses services.

"Je suis toujours un sésame en Chine", indique-t-il.

"Je passe au bureau chaque semaine pour relever mes courriels, et à chaque fois, il y en a 20 ou 30 de différentes sociétés qui souhaitent ma participation à des événements. Quand Volvo fait une opération ou quand Ikea ouvre un nouveau magasin, je suis en général présent. Une grande partie de ma vie tourne encore autour du tennis de table."

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