L’Australienne Suzi-Rose Deegan suit sa propre trajectoire vers le panier

Bien qu’aveugle d’un œil, la basketteuse australienne, qui tire plus vite que son ombre, a aidé son équipe à se qualifier pour les demi-finales 3 x 3 chez les femmes.

L’Australienne Suzi-Rose Deegan suit sa propre trajectoire vers le panier
(IOC)

Suzi-Rose Deegan a entendu maintes et maintes fois que son style de tir unique n’était pas très académique, mais la basketteuse australienne de 3 x 3 sait quoi répondre à ses détracteurs, notamment ceux qui ignorent qu’elle est aveugle de l’œil gauche.

« J’ai une technique de tir différente, c’est vrai, mais ça marche quand même et ça me convient. Cela m’a permis d’arriver là où je suis aujourd’hui », explique Suzi-Rose, âgée de 17 ans, qui a contribué à la qualification de son équipe pour les demi-finales du tournoi féminin en battant l’Ukraine 16-6 mardi.

« Tout le monde me demande comme j’ai atteint ce niveau en étant aveugle d’un œil. Mais j’ai grandi avec ça, alors pour moi, c’est banal. »

Sa technique de tir consiste à lâcher le ballon de son côté gauche avec sa main droite de manière à pouvoir toujours voir le panier avec son œil droit.

Suzi-Rose Deegan est née avec un "œil paresseux" et sa vision a continué à diminuer en raison d’une maladie dégénérative qui lui a fait finalement perdre la vue de l’œil gauche à l’âge de 13 ans.

« Cela a été une sorte de bénédiction pour moi d’avoir ce diagnostic, car j’ai pu par la suite aller voir mes entraîneurs et leur dire que je ne pouvais pas modifier ma technique, que c’était le style de tir qui me convenait le mieux et que ça allait rentrer. J’essuie peut-être pas mal de critiques, mais je m’entoure de gens [comme ses coéquipières] qui sont toujours à mes côtés et qui me tirent vers le haut. »

« À l’évidence, ça porte ses fruits », estime Ruby Porter, 17 ans, à propos de la technique de sa partenaire. « Nous sommes très fières qu’elle soit allée aussi loin - et avec nous toutes - et c’est tout simplement formidable. »

Sara-Rose Smith et Alexandra Fowler, qui ont commencé à jouer ensemble seulement deux semaines avant le début des JOJ, complètent l’équipe australienne. Les quatre jeunes filles sont toutes des basketteuses traditionnelles, choisies par leur Comité National Olympique pour l’éventail de leurs capacités.

« C’est tout à notre honneur d’avoir eu une préparation aussi minime et d’être malgré tout en quarts de finale », souligne Sara-Rose Smith, qui a également 17 ans. « C’est tout simplement incroyable. »

« C’est certainement dû au fait que nous jouons beaucoup au basketball en Australie et que nous avons de l’expérience », renchérit Ruby Porter. « Nous savons quoi faire et quand. »

L’Australie est considérée comme un outsider à Buenos Aires 2018 mais Suzi-Rose Deegan affirme qu’elle et ses partenaires sont avantagées par leurs qualités physiques.

« Ce n’est pas la technique qui nous à permis de franchir les tours, c’est le travail collectif et l’animation », dit-elle. « Nous sommes australiennes et nous sommes habitués à ce genre de défi physique. Si nous arrivons demain à être aussi bonnes au tir qu’aujourd’hui et si nous nous démenons, nous passerons. »

L’Australie affrontera la France en demi-finale mercredi, tandis que les États-Unis seront opposés à la Chine, qui a battu l’Argentine 19-17 après prolongation.

Dans le tournoi masculin, les derniers quarts de finale ont permis à la Slovénie de battre la Russie 15-14 pour gagner le droit d’affronter la Belgique en demi-finale, tandis que l’Argentine, emmenée par Juan Esteban de la Fuente, a battu la Géorgie 21-12 et rencontrera l’Ukraine.

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