Kim Rhode a un sept sur sept dans le viseur à Tokyo 2020

La tireuse sportive américaine Kimberly Rhode a signé un exploit unique aux Jeux d'été en revenant médaillée des six Jeux qu'elle a disputés, depuis son titre en double trap gagné à 17 ans à Atlanta en 1996. Aujourd'hui quadragénaire et n° 1 mondiale du skeet, elle n'a nullement l'intention de s'arrêter, visant une septième médaille consécutive à Tokyo 2020, et même bien au-delà, lors des Jeux à domicile devant son public à Los Angeles 2028 !

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Kim Rhode a un sept sur sept dans le viseur à Tokyo 2020
(Getty Images)

"C'est génial ! J'ai disputé tellement de Jeux Panaméricains. Les premiers, c'était en 1995 en Argentine. J'étais remplaçante. Là, ce sont les septièmes, et ça a été un voyage incroyable. Je ne peux pas être plus heureuse en apportant l'or aux États-Unis, et bien sûr, le prochain objectif, c'est d'en ajouter d'autres. J'ai vraiment hâte de disputer les Jeux de Tokyo. Aller chercher ce record, sept sur sept, ça ajoute sûrement un peu de pression, mais en même temps, je suis tellement excitée ! On verra bien ce qui arrivera, et avec un peu de chance, je rendrai tout le monde fier", dit Kim Rhode le 3 août 2019 à Lima (Pérou), où elle vient de remporter le titre panaméricain en skeet pour la troisième fois consécutive en se montrant comme à son habitude bien plus précise que ses rivales dans cet exercice consistant à fracasser les plateaux en se déplaçant sur un arc de cercle entre deux cabanes équidistantes d’où ils sont projetés.

Cette épreuve a des quotas pour les Jeux de Tokyo, mais ce n’est déjà plus un problème pour la tireuse californienne de 40 ans. En effet, Kim Rhode a décroché sa place pour les États-Unis dès les Championnats du monde 2018 disputés en septembre à Changwon (République de Corée), avec une médaille d'argent, en même temps que sa compatriote Caitlin Connor qui l'a devancée.

En 2019, avant les Jeux Panaméricains, Kim Rhode a tout simplement gagné les trois épreuves de la Coupe du monde ISSF au programme : en mars à Acapulco (Mexique), en avril à Al Ain (Émirats Arabes Unis) et en mai à Changwon. Cette dernière victoire constituant son 21e succès en Coupe du monde, dans une compétition où elle a atteint 122 plateaux sur 125 en qualifications, et 57 sur 60 en finale. Bref, en skeet féminin, sur la route des Jeux de Tokyo 2020, il y a Kimberly Rhode et les autres.

1996-2004 : deux titres olympiques et un bronze double trap

Regarder le palmarès de Kim Rhode, c'est survoler un quart de siècle d'histoire du tir sportif féminin, et bientôt plus, puisque comme on le voit, la spécialiste américaine du double trap pour commencer, puis du skeet à partir de 2004, poursuit actuellement son parcours d'excellence et ne se fixe aucune limite temporelle.

Elle n'a que 17 ans (et 5 jours) lorsqu’elle devient pour la première fois championne olympique en dominant les qualifications et la finale du double trap avec deux records olympiques de 108 et 141 points inscrits dans la fosse olympique de Wolf Creek le 21 juillet 1996 lors des Jeux d’Atlanta. Elle est alors la plus jeune médaillée d’or de l’histoire de son sport aux Jeux.

Après un bronze remporté à Sydney en 2000 derrière la Suédoise Pia Hansen (or) et l’Italienne Deborah Gelisio (argent), Kim Rhode sera la dernière championne olympique de sa discipline, remportant son 2e titre le 18 août 2004 au centre de tir olympique de Markopoulo où elle devance d’un point la Sud-Coréenne Lee Bo-na. Le double trap féminin est ensuite retiré du programme olympique.

2008-2016 : de l'argent, de l'or et du bronze en skeet

"Changer pour le skeet a été le plus grand défi de ma carrière", raconte-t-elle. "Je me retrouvais opposée à des gens qui comptaient 20 ou 30 ans de pratique." Mais elle monte en puissance dans cette discipline et à Beijing le 14 août 2008, Kim va jusqu’au barrage pour la victoire entre trois concurrentes ayant marqué le même score (93, record olympique !). L’Italienne Chiara Cainero s’impose, et Kim sort gagnante d’un deuxième barrage pour la médaille d'argent face à l’Allemande Christine Brinker. Elle connaît désormais toutes les marches du podium !

Quatre ans plus tard à Londres, le 29 juillet 2012, sur les sept postes de tir de la compétition de skeet féminin aux Royal Artillery Barracks, Kimberly Rhode réalise une performance étincelante en fracassant 99 plateaux sur 100 avec sa carabine. Record olympique battu et record du monde égalé, elle remporte sa troisième médaille d’or à 33 ans, seize années après être une première fois montée sur la plus haute marche du podium. "Je n’y crois pas encore !", dit-elle à chaud après sa victoire, "du début de la compétition jusqu’à maintenant, ça a juste été un tourbillon d’émotions. Je veux courir, crier, pleurer, sauter dans tous les sens. C’est incroyable. J’attends que quelqu’un vienne me pincer !" Quand on lui demande comment elle a fait pour se maintenir si longtemps au plus haut niveau, elle répond : "C’est toujours nouveau pour moi, toujours excitant. C’est un voyage".

"Le tir est un sport dans lequel vous pouvez mener une très longue carrière. Le plus vieux médaillé de l’histoire est Oscar Swahn, âgé de 72 ans quand il a disputé ses derniers Jeux. Je crois que j’ai encore quelques Jeux Olympiques en réserve", dit l'Américaine avant d'aller disputer ses sixièmes Jeux à Rio.

Le vendredi 12 août 2016 sur le pas de tir de Deodoro, Kim Rhode franchit le tour qualificatif en 2e position avec trois plateaux manqués sur 75. Elle termine quatrième de la phase demi-finale et affronte la Chinoise Weng Mei dans le match pour le bronze, alors que les deux tireuses italiennes, Chiara Cainero et Diana Bacosi, s’affrontent en finale pour une victoire de cette dernière. Dans la rencontre pour le bronze, Rhode et Weng ne manquent qu’un plateau chacune, se retrouvent en tir de barrage et l’Américaine l’emporte 7-6.

Rendez-vous en 2028 à Los Angeles ?

Ses six médailles consécutives dans une épreuve individuelle remportées sur cinq[NH1]  continents différents sont un exploit unique aux Jeux d’été, tous sexes confondus, et un record féminin hiver comme été. "Les Jeux Olympiques, pour moi, c’est surmonter les hauts et les bas, les obstacles, le bon, le mauvais. Et j’ai toujours dit que le bronze, c’était difficile, alors que l’or, c’est aisé," note-t-elle au Brésil.

Trois ans plus tard, la plus récompensée des tireuses sportives explique à quel point elle attend de se retrouver en compétition dans la capitale japonaise en 2020. "Je suis évidemment excitée en regardant vers Tokyo, puisque j'y vais pour y réaliser un sept sur sept, ce qui serait le nouveau record". Mais ce n'est pas tout ! "C''est aussi parce que cela me permettra de faire un pas de plus vers les Jeux de Los Angeles 2028, dans ma ville natale, devant mon public. Une des raisons pour lesquelles je suis impatiente d'aller à Tokyo 2020, c'est juste l'atmosphère, les traditions, la culture, et vraiment aussi mes coéquipiers, les souvenirs et la camaraderie qui précèdent et suivent les Jeux Olympiques. C'est ce que j'ai trouvé les six dernières fois, chaque édition est unique et tellement différente ! J'ai hâte de voir ce que Tokyo apportera !"

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