Jeux Paralympiques de Paris 2024 | Ils vont vous faire vibrer : Oksana Masters
Toutes les plus méchantes et mauvaises fées s’étaient penchées sur son berceau, comme pour s’assurer qu’elle n’aurait aucune chance dans la vie.
Oksana Masters voit le jour en juin 1989, un peu plus de 3 ans après la catastrophe de Tchernobyl, en plein cœur de l’Ukraine alors soviétique, sans tibias, une jambe plus courte que l’autre, six doigts partiellement collés à chaque main, un seul rein et un estomac partiel. Elle est abandonnée à la naissance, et passe les premières années de sa vie dans un orphelinat où le personnel la vend au plus offrant, entre ses 5 et ses 7 ans. Jusqu’au jour où la lumière apparait enfin : une orthophoniste américaine visite l’orphelinat, rencontre Oksana et demande son adoption.
Pas un long fleuve tranquille...
Au bout de longs mois d’attente, la jeune fille débarque enfin aux Etats-Unis, et débute une nouvelle vie. Une famille, de l’amour, une école... Mais pas un long fleuve tranquille pour autant : elle est amputée d’une jambe à 9 ans, et de l’autre avant ses 13 ans.
Comme la plupart des enfants et des adolescents américains, elle a goûté à tout un tas de sports. Ce sera l’aviron, d’abord, où elle progresse tellement rapidement qu’elle décroche une médaille de bronze dans l’épreuve du deux de couple mixte aux Jeux Paralympiques de Londres 2012.
Tout est bien qui finit bien ? Pas tout à fait : elle se blesse au dos et doit abandonner l’aviron. Qu’à cela ne tienne, elle se met aussitôt au ski de fond, et la voici dès 2014 à Sotchi. « Mon objectif était de réaliser des performances honnêtes pour ne pas me prendre la honte devant tout le monde », expliquait-elle. Elle en revient avec deux médailles, d’argent et de bronze.
D’été en hiver, les médailles s’accumulent
Elle s’est mise au cyclisme, aussi, et se retrouve qualifiée deux ans plus tard pour les Jeux de Rio 2016 où elle échoue deux fois au pied du podium : 4ème de la course en ligne, et 5ème du contre-la-montre. Cinq ans plus tard à Tokyo, elle se couvre d’or dans les deux épreuves. Elle n’a pas abandonné pour autant les sports d’hiver, et elle a eu bien raison, puisqu’entre Pyeongchang 2018 et Pékin 2022, ce sont 11 médailles supplémentaires, dont 4 en or, qui viennent garnir son armoire à trophées.
Elle arrive à Paris 2024 sans pression, en légende et en exemple au sein de la délégation américaine, avec une pensée pour ses compatriotes ukrainiens qu’elle n’oublie pas. Et la certitude, mille fois éprouvée tant elle a su surmonter les épreuves et les difficultés.
« À chaque fois que j’ai mal, que je me sens seule ou que l’avenir parait sombre, je me dis la même chose : je vais aller mieux. Et c’est ce qui s’est toujours passé. »