Guy, héros improbable du terroir français
La nation organisatrice n’a pas eu trop d’occasions d’applaudir des héros du cru sur le podium d’Albertville. C’est alors que Fabrice Guy va entrer en scène. Quatre ans auparavant à Calgary, il a terminé parmi les anonymes du combiné nordique, à la 20e place. Son sport ne suscite traditionnellement guère d’enthousiasme dans sa France natale, et ses exploits ne bénéficient que d’une modeste couverture.
Mais à l’approche des Jeux d’Albertville, Guy est plus en forme que jamais puisqu’il a gagné quatre des cinq épreuves de Coupe du monde. À la veille des Jeux, qui vont se dérouler chez lui, il a soudainement endossé le costume surprenant de favori de l’épreuve.
Fabrice Guy est originaire de la petite ville de Mouthe, dans l’Est de la France, et il n’est guère habitué à autant d’attention. À Albertville, il peut compter sur un public nombreux et enthousiaste, puisqu’on dit que plus de la moitié des habitants de sa ville natale a fait le déplacement jusqu’aux Jeux pour le soutenir.
Son principal adversaire va être l’Autrichien Klaus Sulzenbacher, meilleur sauteur que lui, mais moins bon skieur. Comme prévu, ce dernier signe un score impressionnant de 221,6 points avec son saut, mais Guy ne s’en laisse pas conter et obtient un demi-point de plus !
Cela signifie qu’il va s’élancer en troisième position en ski de fond, 42’’7 derrière l’homme de tête, Klaus Ofner, un autre Autrichien. Il ne faut par longtemps à Fabrice Guy pour prendre les commandes de l’épreuve et une fois en tête, plus personne ne pourra le déloger. Il signe le cinquième temps du parcours de ski de fond et franchit la ligne avec 48 secondes d’avance sur ses adversaires.
Cerise sur le gâteau pour le public local, ce n’est pas Sulzenbacher qui monte sur la deuxième marche du podium, mais Sylvain Guillaume, un autre athlète français. En un clin d’œil, le combiné nordique est entré dans le cœur de tous les supporters olympiques français.
Guy ne pourra toutefois pas rééditer son succès lors des Jeux suivants, puisqu’il terminera 17e, deux ans plus tard à Lillehammer, et seulement 29
à Nagano 1998, gagnant toutefois une médaille de bronze par équipes.