J’ai participé à mes premiers Jeux Olympiques à Athènes 2004 et je voulais à tout prix vivre la cérémonie d’ouverture. À un détail important près : je devais entrer en lice peu après cette cérémonie et les officiels du Comité olympique britannique voyaient d’un assez mauvais œil que je prenne part au défilé des athlètes, ce qui peut s’avérer fatigant et avoir une influence sur vos performances dans les jours qui suivent. Nous sommes donc parvenus à un compromis fantastique, ce qui a été aussi le cas de l’un de mes partenaires du badminton qui disputait lui aussi ses premiers Jeux Olympiques et qui n’aurait raté pour rien au monde la cérémonie. On m’a offert un billet pour aller m’asseoir dans les tribunes et j’ai donc pu assister à la cérémonie d’ouverture et y être impliquée, et c’était absolument génial.
J’avais 27 ans à l’époque et je voulais autant participer à la cérémonie d’ouverture à Athènes parce qu’on ne sait jamais ce que nous réserve l’avenir. Je savais simplement qu’il fallait que j’y sois. Vu des tribunes, c’était vraiment formidable car j’ai pu voir la cérémonie dans sa totalité, ce qui n’est pas toujours le cas lorsqu’on est athlète, car on attend le défilé hors du stade. En étant dans les tribunes, j’ai donc pu apprécier et savourer pleinement tout ce qui s’est passé.
C’est difficile d’expliquer à quelqu’un qui n’est jamais allé aux Jeux Olympiques ou qui n’a jamais disputé de compétition sportive l’importance que revêt la flamme. Gail Emms Grande-Bretagne - Gail Emms Grande-Bretagne
J’ai été vraiment émue en voyant la flamme, c’est tellement symbolique. C’est difficile d’expliquer à quelqu’un qui n’est jamais allé aux Jeux Olympiques ou qui n’a jamais disputé de compétition sportive l’importance que revêt la flamme. Quand on dit aux gens qu’on est vraiment ému aux larmes au moment de l’embrasement de la vasque, ils ne comprennent pas toujours, mais c’est la seule chose qui symbolise réellement les Jeux Olympiques. Quel que soit son pays d’origine, tout le monde a entendu parler de la flamme et le fait d’être là, de la voir de visu et de savoir qu’elle vous représente en tant que concurrent est tout simplement extraordinaire. Être présente à la cérémonie d’ouverture a représenté pour moi l’aboutissement après tant d’années passées à rêver d’aller aux Jeux Olympiques.
J’ai ressenti des sensations étranges lors de la cérémonie de clôture de 2004. Nathan Robertson, mon partenaire de double mixte, et moi, nous avions gagné notre médaille d’argent et toute la semaine qui a précédé la cérémonie de clôture, nous avons fêté ça en grande pompe. Mais lorsque la cérémonie de clôture est arrivée, je ne voulais pas absolument pas que tout cela s’arrête. Mes sentiments étaient donc vraiment partagés : une dose de fête, un soupçon de tristesse, sans compter que j’étais aussi assez perdue, car je me suis dit « Et maintenant ? ».
Je ne voulais pas revenir à la réalité, je voulais simplement rester dans la bulle olympique, une bulle si unique, si spéciale, contenant tant de gens formidables. Gail Emms Grande-Bretagne - Gail Emms Grande-Bretagne
Je fais partie de ces gens qui se souviennent beaucoup plus de ce qu’ils ont ressenti que des véritables moments. Ainsi, si je ne me souviens pas vraiment de tous les détails de la cérémonie, je me rappelle très bien ce que j’ai éprouvé. J’étais très angoissée en pensant au futur.
C’est pourquoi mes sentiments étaient ambivalents durant la cérémonie. D’un côté, je voulais vraiment faire la fête, ma médaille autour du cou, et tout le monde voulait en faire autant, et en même temps, j’étais vraiment effrayée à l’idée de redescendre sur terre. Tout le monde essayait de faire la fête, mais nous étions tous également un peu tristes et dépités d’arriver au terme de ces quelques semaines exceptionnelles. Ça faisait vraiment bizarre d’avoir travaillé si dur et si longtemps pour en arriver là et que tout s’arrête. Je ne voulais pas revenir à la réalité, je voulais simplement rester dans la bulle olympique, une bulle si unique, si spéciale, contenant tant de gens formidables. Et je me souviens que je ne voulais vraiment pas que tout cela se termine.
J’ai également participé à la cérémonie d’ouverture à Beijing, mais cette fois, j’ai eu l’occasion de défiler avec l’équipe de Grande-Bretagne et c’était absolument formidable. Il faisait très chaud et très humide et nous transpirions tous comme des fous. Le défilé a été superbe et je me rappelle avoir pensé que les spécialistes d’athlétisme avaient vraiment de la chance de pouvoir concourir dans le stade du Nid d’oiseau. Ce dernier était vraiment extraordinaire et ça a dû être fantastique de concourir dedans. À ce moment-là, je me suis dit que si j’avais mis le paquet sur l’athlétisme à l’école, je serais peut-être devenue par la suite une spécialiste du saut en longueur ou quelque chose dans ce genre, et j’aurais eu la chance de participer aux compétitions dans le stade.
Il y avait plein de lumières qui tournoyaient dans tous les sens lors de la cérémonie d’ouverture et c’était dingue à regarder. C’est dans ces moments-là qu’on réalise la longueur d’une piste d’athlétisme car j’avais mal au bras à force de saluer sans arrêt de la main le public. Et j’avais les joues douloureuses à force de sourire. Je me souviens avoir cherché les drapeaux britanniques dans le stade. Ce drapeau est si reconnaissable qu’on peut le repérer partout. Et donc chaque fois que l’un d’entre nous apercevait le drapeau britannique, on portait tous notre attention dessus en hurlant et en applaudissant la personne qui le portait car nous savions qu’elle était là pour nous encourager. De la même manière, dès qu’on apercevait une caméra de télévision, on se mettait tous à courir vers elle comme des fous. Je ne sais pas pourquoi on voulait tous faire ça, mais les caméras agissaient sur nous comme des aimants. C’est un peu comme si on retrouvait tous nos 10 ans. C’est cela la magie de la cérémonie d’ouverture.