Rares sont les Olympiens ayant subi une déception de cette taille après avoir passé des années à s’entraîner dans l’espoir de vaincre et d’empocher une médaille d’or à portée de main avant de voir tous leurs rêves réduits à néant. Ceux qui se sont retrouvés dans cette situation ont dû « faire avec » et continuer de lutter. C’est exactement ce que fit Gorman.
Lieutenant de la marine, il avait dominé pratiquement toute la compétition du tremplin hommes. Dès le départ, il avait été évident que cette épreuve serait celle de deux athlètes : Gorman et son coéquipier Kenneth Sitzberger. Dans les faits, Gorman prit le dessus sur Sitzberger dans toutes les manches sauf une.
Or, la neuvième manche se révéla être décisive au moment où Gorman menait avec une confortable avance. Il ne lui restait que deux plongeons à effectuer lorsque, après une longue attente sur le plongeoir, il s’élança en arrière pour effectuer un double salto et demi groupé.
Dès qu’il avait pénétré dans l’eau, il avait su (tous les plongeurs le savent) que le plan n’avait pas fonctionné. Le plongeon n’avait pas la précision de ses tentatives précédentes et l’entrée dans l’eau n’était pas propre. En sortant du bassin, Gorman leva les yeux au ciel puis mit ses mains sur la tête. Sa note dépassait juste 10 alors que Sitzberger s’apprêtait à engranger plus de 21 points dans cette manche. La marge qu’il s’était ménagée, dans la douleur, lors des huit plongeons précédents fut instantanément effacée.
Mais Gorman sut se reprendre pour effectuer son dernier plongeon qui, cette fois, fut parfait. Alors qu’il avait surpassé Sitzberger pour la neuvième fois en dix plongeons, il dut néanmoins se contenter de la médaille d’argent.