EuroVolley hommes 2023 | Jenia Grebennikov, la défense à plus d’un titre : « Les Jeux Olympiques, ça se prépare dès maintenant » 

Par Florian Bouhier
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Photo de 2016 Getty Images

Champion olympique lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, Jenia Grebennikov s’est confié à Olympics.com avant de décoller, direction Israël, où l’équipe de France débutera, dès le mercredi 30 août, la phase de groupe de l’EuroVolley 2023 contre la Turquie. 

Du 28 août au 16 septembre se tient l’EuroVolley 2023 en Macédoine du Nord, en Bulgarie, en Israël et en Italie. Comme lors de chaque compétition internationale, les champions olympiques sont attendus à un an de "leurs" Jeux Olympiques, à domicile.

À 33 ans, Jenia Grebennikov est un des cadres de l’équipe de France masculine de volley. Fort d’une carrière internationale débutée en 2011 et plus de 300 sélections, le libero était la personne idoine à interroger sur l’état de forme et les objectifs des Bleus.

« Personnellement, l’EuroVolley 2023, c'est une étape, pour voir si on est au niveau. Cette année, nous n’avons pas à obtenir la qualification aux Jeux, mais certaines équipes, on les voit, elles ont le couteau entre les dents… Le niveau est tellement homogène à partir des phases finales. On aimerait gagner bien sûr. Mais le podium serait un bon résultat. »

Rencontré juste avant le décollage pour Tel Aviv et le premier match des Bleus face à la Turquie ce mercredi, Jenia Grebennikov est également revenu sur les Jeux Olympiques de Tokyo et sur son poste de libéro qu’il a réussi à apprivoiser, avec le temps, pour devenir une référence mondiale.

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Jenia Grebennikov : « Je n'avais aucune technique, j’étais vraiment à l'arrache... »

« Ce groupe, c’est comme des frères pour moi. Les années, elles passent et on s’entend toujours aussi bien. On se connaît tous très bien, on se parle souvent le soir, on passe énormément de temps ensemble. Personne n'est dans son coin. »

L’été 2015 fut l’été de la genèse de l’équipe de France de volley masculine. Cet été-là, les Français avec notamment Earvin Ngapeth, Benjamin Toniutti, Nicolas Le Goff, Kévin Tillie et Jenia Grebennikov remportent coup sur coup la Ligue mondiale et le Championnat d’Europe 2015, premier trophée majeur des Bleus. Huit ans plus tard, ils sont encore présents à l’assaut des derniers défis internationaux de leur carrière.

Ce groupe qui a marqué l’histoire de l’équipe de France de volley et du sport français, Jenia Grebennikov aurait pu ne jamais y être.

« Moi, j'adorais être réceptionneur-attaquant. Quand j'étais jeune, ça passait, on avait tous la même taille et le filet était plus bas. Puis, au fur et à mesure, le filet s’élevait et moi, j'avais moins de puissance, je ne sautais pas aussi haut que les autres, je ne grandissais pas aussi vite que les autres », raconte-t-il d’un ton amusé, symbole de son caractère solaire au sein de ce groupe bleu.

Alors, sous les conseils de son père, Boris Grebennikov, ancien volleyeur international, le jeune Jenia va apprendre les subtilités d’un poste pas comme les autres le poste de libero.

« Mon père m'a dit : ‘Jenia, ta taille ne suffira pas. Si tu veux jouer dans les gros clubs et être en équipe de France, jouer les Jeux Olympiques, tu dois être libero’. »

Poste exclusivement défensif, le libero ne peut ni attaquer, ni servir. Il doit se concentrer sur la réception et la défense, prolongeant les échanges par leur lecture de jeu et leur vivacité.

« Je n'avais aucune technique, j’étais vraiment à l'arrache et mon plaisir, c'était vraiment d'attaquer, faire des points, faire le show. Mais à un moment donné, je me suis dit, ça ne suffira pas. Je me suis concentré sur ce poste et ça a marché. J'ai eu ma première sélection en équipe de France où j'étais pris en stage et j’ai pu voir que j’avais fait le bon choix. »

Ce poste de libero, Jenia Grebennikov va le rendre à son image, tourné vers le collectif.

« Les gens au début me disaient ‘Pourquoi tu tapes dans les mains de tout le monde ? Pourquoi tu cries partout ?’ En vérité, c'est juste que c'était moi, j'avais envie d'être avec le groupe, de donner quelque chose en plus. (…) J'ai essayé d'apporter un peu mon grain de sel dans ce poste parce qu’à la base, c'est ennuyeux. »

« Aujourd’hui si tu me dis, retourne à l’attaque, je ne peux pas. »

S'il n’est plus question d’attaque pour Jenia Grebennikov, l’équipe de France, elle, veut réaliser un bon EuroVolley (« le podium serait un bon résultat », dit-il), avant de repartir à l’attaque d’une nouvelle médaille d’or olympique.

Jenia Grebennikov « Les Jeux Olympiques, c’est le Graal ! »

« Dès qu'on a fini des Jeux Olympiques, on a envie d'y retourner parce que c'est vraiment une expérience incroyable. »

Rien ne vaut les Jeux Olympiques pour Jenia Grebennikov. Pour le natif de Rennes, cette compétition est à part.

« Dès qu'on dit sport, on pense directement Jeux Olympiques. C'est le Graal. C'est la compétition qui m'attire à chaque fois et j'ai envie de gagner une médaille de nouveau parce que c'était vraiment incroyable. »

Lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, la France perd deux de ses trois premiers matches dans la phase de groupe. Elle est au bord de l’élimination.

« On était vraiment en galère. On perd contre l’Argentine (2-3) et je me souviens, j’appelle ma famille et je leur dis que je reviens dans une semaine. Mes parents me disaient - ‘Non, vous allez vous qualifier’ - mais moi je pensais que c’était quasiment impossible. La valise était prête. »

La suite ? La magie d’un sport et d’un groupe qui s’élève, faisant fi de l’enjeu et de l’adversité. Les Français dominent les meilleures nations mondiales et remportent le titre olympique à la surprise générale.

« La deuxième semaine passe tellement vite parce que c'est exploit sur exploit et on ne réalise pas ce qui se passe. J'ai compris un ou deux mois après ce qui s'est passé, mais sur le moment, je n'ai pas saisi. »

Cette épopée lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, Jenia Grebennikov ne se lasse pas de la raconter et de replonger dans les souvenirs dorés d'un tournoi qui a sacré plus qu’un groupe d’athlètes, une vraie bande de potes.

Si une médaille d’or olympique est l’aboutissement d’une carrière, « un graal », qu’est-ce qu’une participation olympique à domicile représente pour un athlète ? Le joueur du Zénith St Petersbourg ne cache pas son impatience d’en découdre à Olympics.com.

« On a vraiment hâte d'y être, surtout que c'est à Paris. Franchement, ça va être un moment incroyable avec la famille. Ça va faire deux ans qu’on pense vraiment aux JO et cette année, c'est plus concret, car on est vraiment focalisé sur la préparation sur des JO. »

On reste focalisé sur notre objectif qui sont les Jeux Olympiques de Paris. Le Championnat d’Europe n'est qu’une étape, mais on va essayer de faire le maximum. »

« Les Jeux, ça se prépare dès maintenant ! »