Et si la quatrième fois était la bonne pour Martins Dukurs ?
Deux fois, à Vancouver en 2010 et à Sotchi en 2014, le letton Martin Dukurs a lutté jusqu’au bout pour la médaille d’or olympique du skeleton, mais il a du s’incliner d’un souffle face au Canadien Jon Montgomery et quatre ans plus tard, plus nettement, devant le Russe Alexander Tretiakov. Il est pourtant le N°1 mondial de sa discipline depuis toutes ces années, l’octuple vainqueur de la Coupe du monde IBSF, et le quintuple champion du monde en titre ! Et si sa 4e tentative, à Pyeongchang, était enfin la bonne ?
La conclusion de la Coupe du monde 2016-2017 de Skeleton a pour cadre la piste de glace du Centre de glisse d'Alpensia à PyeongChang, le 17 mars. Martins Dukurs y signe la 48e victoire de sa carrière. Il établit le record de la piste olympique en 50.64 lors de sa deuxième descente, ce qui lui permet de devancer au final le champion local Yun Sung-bin de seulement 1 centième de seconde et surtout, de s'adjuger sa 8e victoire consécutive au classement général de la Coupe du monde IBSF. Et comme souvent, son grand frère Tomass n'est pas loin : il se classe 3e à Alpensia. "Cette piste représente un challenge intéressant" note après coup le letton qui est également octuple champion d'Europe, "Je ne dirais pas que mon second run était bon ou parfait, mais il était au moins meilleur que le premier. Yun a peut-être fait plus d'erreurs dans sa deuxième descente. C'est le sport".
"Aux Jeux, tout repart de zéro !"
Sur le site où se joueront les médailles olympiques les 15 et 16 février 2018, Martins Dukurs remarque : "Bien sûr, cette victoire ne veut rien dire. Aux Jeux, tout repart de zéro. Il y a quatre manches, et je ne pense pas que ce sera facile, mais je vais travailler dur, et essayer de faire du mieux que je peux", et observe à propos de la 3e place de son frère : "Quand j'étais plus jeune, c'était juste moi et moi en compétition. Maintenant, je cours pour mon pays et ma famille, et je surveille toujours Tomass sur les écrans pour voir comment il se débrouille. Ce résultat me ravit, mais le plus heureux est mon père Dainiss, Nous avons travaillé dur cet hiver, il y a eu des hauts et des bas, des déceptions, et aussi des moments chanceux, et nous avons déjà établi le plan qui nous emmène dans la saison olympique".
Martins Dukurs a vécu comme à son habitude depuis 2010 une saison au sommet, remportant au passage son cinquième titre de champion du monde le 26 février 2017 à Königsee (Allemagne) sous les yeux et les applaudissements du président du CIO Thomas Bach. Il a encore brillé sur toutes les pistes du circuit international, engrangeant quatre victoires supplémentaire pour compiler un total inégalé dans son sport. Bref, cela fait maintenant huit ans que personne n'est en mesure de rivaliser sur un hiver avec le champion qui a grandi au bord de la piste lettone de Sigulda, dont son père et entraîneur national Dainiss était le responsable. Mais dans le cadre particulier des Jeux d'hiver, Martins Dukurs n'a pas encore connu la joie de la victoire.
Deux médailles d'argent amères
Martins Dukurs dispute ses premiers Jeux d'hiver à 21 ans sur la piste de Cesana Pariol à Turin en 2006. Comptant parmi les plus jeunes concurrents, Il prend la 7e place de la compétition gagnée par le vétéran canadien Duff Gibson (39 ans).
Le 12 février 2010, il mène la délégation de la Lettonie drapeau en mains au BC Center, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Vancouver. Les 18 et 19 février sur le toboggan de glace de Whistler, Dukurs est le plus plus rapide de la première manche où il bat le record de la piste et établit le meilleur temps de la compétition (52.32), mais le Canadien Jon Montgomery réplique du tac au tac en signant le meilleur temps des deux descentes suivantes. Il compte pourtant encore 18 centièmes de retard sur le Letton, à l'amorce de l'ultime manche. Montgomery est à nouveau le plus rapide lors de la descente finale, et il laisse la médaille d'argent à Dukurs pour 7/100e de secondes au total.
Il est à nouveau l'immense favori quatre ans plus tard à Sotchi. "Si je ne suis pas à mon meilleur niveau, si je ne fais que la moitié de ce que je peux faire et si je me retrouve avec une médaille d'argent, je ne serai vraiment pas heureux. Mon objectif est d'être le meilleur", dit-il avant de se lancer sur la piste Sanki. Mais les 14 et 15 février 2014, il trouve à nouveau à qui parler en la personne du Russe Alexander Tretiakov. Ce dernier le devance dans les manches 1 et 2, Dukurs est le plus rapide pour 2/100e de seconde dans la manche 3, Tretiakov parachève son oeuvre dans la dernière manche et l'emporte avec une avance de 81/100e. "J'ai donné mon maximum à chacune des quatre manches. Techniquement, c'était bon, et mon matériel était OK. C'est peut-être mon départ qui n'était pas le meilleur" explique le Letton pour la 2e fois vice-champion olympique,. "D'une manière générale, je suis satisfait de mes quatre runs. Mais il y a des compétiteurs, et vous ne savez jamais à quel niveau ils se situeront. Aujourd'hui, le meilleur, c'était Alexander".
Pour cimenter sa place de plus grand skeletoneur de l'histoire, Martins Dukurs, désormais tout proche des 50 victoires en Coupe du monde, seul à totaliser huit globes de cristal, doit transformer son quatrième essai, ou sa troisième tentative de grimper une marche plus haut sur le podium des Jeux d'hiver. Il sera à nouveau l'immense favori pour le titre olympique à Pyeongchang, en espérant bien que cette fois, rien nI personne ne viendra entraver sa marche vers la consécration suprême.