En route pour Tokyo avec Pamela Rosa, pionnière du skateboard

Pamela Rosa tient absolument à participer aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Elle souhaite devenir le modèle qu’elle n’a jamais eu, en tant que jeune femme accro au skateboard ayant grandi dans la jungle d’un quartier défavorisé du sud-est du Brésil.

En route pour Tokyo avec Pamela Rosa, pionnière du skateboard
(Julio Detefone)

Malgré ses 19 ans, la Brésilienne Pamela Rosa, qui aspire à devenir olympienne, a déjà dû parcourir un long chemin semé d’embûches pour atteindre le plus haut niveau du skateboard féminin. Née dans une famille à faible revenu de São José dos Campos, Pamela s’est battue contre le manque d’installations, de ressources financières et de soutien généralisé pour se frayer un chemin vers la scène sportive ultime.

Prête désormais à aller chercher sa qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020, la double médaillée d’or de skateboard de rue des X Games a hâte de montrer au monde ses capacités.

"Pour les gens, ça va être incroyable de suivre ça à la télévision, dit Pamela Rosa. Quand j’étais gamine, je regardais jusqu’aux plus petites compétitions, j’avais envie d’y participer. Aujourd’hui, alors que le skateboard figure au programme des Jeux Olympiques, énormément de jeunes filles vont suivre l’événement à la télévision en rêvant de participer aux Jeux quand elles seront plus grandes, et elles vont travailler très dur pour y aller."

"C’est une très grande opportunité pour nous."

L’enthousiasme de l’adolescente est non seulement contagieux, mais aussi clairement ancré dans la réalité. L’heure du skateboard féminin a bel et bien sonné. Pour la première fois cette année, chaque épreuve de la Ligue de skateboard de rue (Street League Skateboarding, SLS) – le circuit mondial de l’élite de ce sport – comprendra une section féminine complète et les meilleures obtiendront leur billet pour Tokyo.

"Ce sont 18 mois très importants pour nous et surtout pour le Brésil, explique Pamela. Le skate féminin ne dispose pas de beaucoup de structures au Brésil, mais désormais, grâce aux Jeux Olympiques, il y a plus d’épreuves et davantage de personnes vont pouvoir y participer. Tout cela va permettre au sport de progresser et de devenir plus professionnel."

Avec le skateboard, Pamela Rosa a trouvé un moyen de sortir de la pauvreté et de la misère, et elle souhaite qu’un maximum de jeunes du monde entier découvre le sport et la culture qui ont changé sa vie.

"J’ai grandi dans des conditions assez difficiles. Nous vivions dans un deux-pièces, moi, ma mère, mes deux sœurs et mon père, dit-elle. Quand j’étais petite, la vie était agréable, mais en grandissant, j’ai réalisé que le quartier n’était pas top et qu’il fallait que j’en parte. J’ai réalisé où j’étais, et j’ai dû grandir assez vite."

Le skateboard a totalement changé ma vie, cela m’a beaucoup aidé à l’école et dans mes relations avec les autres. C’est une source d’inspiration Pamela Rosa Brésil - Pamela Rosa Brésil

"Je n’ai aucune idée de ce que j’aurais fait si je n’avais pas découvert le skate."

Heureusement, le sort s’en est mêlé. Une semaine après que Pamela a grimpé pour la première fois sur la planche de l’ami de sa sœur, la municipalité a construit un skatepark à quelques minutes de chez elle. Timide, mais très énergique et courageuse, Pamela, alors âgée de 8 ans, a saisi l’occasion qui lui était offerte.

Six ans plus tard, la Brésilienne participait aux X Games. Mais plus important encore, peut-être, le skateboard avait aussi permis à Pamela de s’extérioriser.

"Le skateboard a totalement changé ma vie, dit l’adolescente en souriant timidement. Cela m’a beaucoup aidé à l’école et dans mes relations avec les autres. C’est une source d’inspiration."

"Aujourd’hui, ça m’a poussé à aller à la rencontre de gens dans le monde entier et même à parler à mes idoles, des gens que j’ai toujours admirés."

Tout n’a pas été facile. Malgré son talent naturel évident, Pamela a dû faire preuve de ténacité pour progresser dans la hiérarchie.

"Durant les premières années, il m’était difficile de participer aux compétitions, de pouvoir payer le voyage et les hôtels, explique Pamela. Les amis de mon quartier me donnaient des pièces d’occasion pour ma planche. Et parfois, un petit sponsor local me donnait une planche ou des roues gratuites."

"Au bout de cinq ans, ça a commencé à aller mieux."

Et une fois que la situation s’est améliorée, Pamela savait exactement à qui elle voulait renvoyer l’ascenseur en premier.

"L’argent que j’ai gagné m’a permis d’aider ma famille. Ma mère et mon père vivent dans une maison plus confortable, dit-elle en souriant de plus en plus. Et je paie toujours les études de ma sœur pour qu’elle puisse aller à l’université. Elle veut devenir professeur d’éducation physique. Je suis très heureuse de pouvoir faire ça pour eux."

Maintenant que les conditions de vie de ses proches se sont améliorées, Pamela sait qu’il est temps de penser à elle. L’an dernier, elle a terminé dans les cinq premières des trois compétitions de skateboard de rue des X Games, avec une troisième place comme meilleur résultat en Norvège. Mais aux Championnats du monde de skateboard SLS, organisés à Rio de Janeiro au Brésil, Pamela a terminé sixième, devancée par deux autres Brésiliennes, Leticia Bufoni (deuxième) et Virginia Fortes Aguas (cinquième). Étant donné qu’un maximum de trois athlètes par Comité National Olympique pourront se qualifier pour le skateboard à Tokyo en 2020 et que Pamela a terminé juste devant une autre de ses compatriotes, Karen Feitosa de Barros (septième), elle sait que la bataille va faire rage.

"Je pense beaucoup à Tokyo, mais je dois m’efforcer d’avoir de bons résultats cette année pour me qualifier", dit-elle, en faisant référence au fait que la qualification sera basée sur le classement mondial. "Je dois obtenir les points nécessaires pour être du voyage."

Au vu de tout ce qu’elle a traversé, il faudrait être courageux pour parier contre elle.

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