Comme cela sera le cas jusqu’en 1956, le Canada est représenté par le club vainqueur du championnat national amateur, la « Allan Cup ». Après les Winnipeg Falcons aux Jeux d’été d’Anvers en 1920, les Granites de Toronto à Chamonix en 1924 et les universitaires des Toronto Varsity Blues à Saint-Moritz en 1928, tous médaillés d’or, ce sont les « Winnipegs » du Winnipeg Hockey Club qui se rendent à Lake Placid pour tenter de conserver l’invincibilité canadienne.
Le tournoi ne comprend que quatre équipes : Canada, Pologne, Etats-Unis et Allemagne, en raison de la crise économique majeure (la « Grande Dépression ») qui secoue le monde à l’époque. « Des conditions qui n’ont cessé de s’aggraver alors qu’approchait la date de clôture des inscriptions », peut-on lire dans le rapport officiel, et qui ont empêché nombre de formations nationales de faire le voyage jusqu’aux Etats-Unis.
Ainsi, et pour dépasser le compte de douze rencontres (chaque équipe en compétition se rencontrant deux fois au sein d’une poule unique dans une formule appelée « double round robin ») est-il décidé d’organiser parallèlement des matches de « gala » en invitant deux équipes de clubs supplémentaires : l’Université McGill de Montréal et le Lake Placid Athletic club, appelées à affronter tour à tour les quatre équipes nationales olympiques.
Cela va donner lieu à un évènement unique : au lieu de rencontrer le Canada puis les aux Etats-Unis, le club de Lake Placid ne va affronter le 11 février qu’une seule équipe composée de joueurs des deux formations ! Tous les hockeyeurs de cette sélection exceptionnelle enfilent le maillot américain, les Canadiens ne se distinguant que par leurs chaussettes. « Cet affrontement amical a été un des meilleurs matches de l’ensemble du programme olympique » explique le rapport officiel. La sélection d’un jour USA-Canada s’impose 3-2 au terme d’une rencontre spectaculaire où les joueurs la composant ont montré « un excellent état d’esprit ».
Pour en revenir au tournoi olympique proprement dit, il se déroule en deux endroits : six rencontres en plein air dans le stade olympique de glace (qui comprend deux terrains de hockey) et six rencontres en salle dans l’arène olympique spécialement construite pour ces Jeux. Le Canada n’écrase pas un à un ses adversaires avec des scores fleuves comme précédemment, notamment à Saint-Moritz en 1928 où il avait additionné 38 buts sans en concéder un seul.
Pour leur première rencontre, le 4 février, les Winnipegs (pas moyen de se tromper : ils portent un grand W sur leur maillot) se défont des Etats-Unis 2-1 après prolongations. Le 6 février, leur première rencontre face à l’Allemagne s’achève sur le score de 4-1. Le 7, ils battent la Pologne 9-0 et le lendemain, dominent à nouveau l’Allemagne 5-0 avant s’imposer 10-0 dans leur deuxième rencontre avec la Pologne.
Le 13 février, c’est la véritable « finale », la dernière rencontre ce tournoi olympique, le « match retour » entre le Canada et les USA. Selon le rapport officiel : « Cette rencontre a littéralement rempli l’arène olympique à ras-bord. Personne n’est en mesure d’estimer combien de tickets supplémentaires auraient été vendus s’il y avait eu plus de place pour y installer leurs acheteurs ».
Douglas Everett ouvre le score pour les Etats-Unis en première période au bout de seulement 2 minutes. Hack Simpson égalise pour le Canada à la 9e minute. En deuxième période, à 13:38, Winthrop Palmer redonne l’avantage aux USA, mais Romeo Rivers remet immédiatement les deux équipes à égalité et on en reste là : 2-2. C’est la toute première fois que le Canada est tenu en échec aux Jeux Olympiques !
Il n’en reste pas moins qu’avec cinq victoires et un match nul pour un total de 11 points, le Canada fait un large vainqueur du tournoi olympique 1932 pour une quatrième médaille d’or consécutive depuis l’entrée du sport au programme lors des Jeux d’été 1920. Les USA (4 victoires, 1 défaite, 1 nul, 9 points) remportent une troisième médaille d’argent, et l’Allemagne (2 victoires, 4 défaites, 4 points) prend la médaille de bronze, le premier de ses deux podiums olympiques en hockey sur glace, sur une période d’un siècle.