Emanuel Rego, le roi de la plage
Brian Pinelli de la Revue Olympique s’entretient avec la star brésilienne de volley-ball de plage, Emanuel Rego, champion olympique en 2004, actuellement en pleine préparation pour Londres 2012.
Dans une forme resplendissante, détendu et bronzé, Emanuel Rego évolue avec brio sur le terrain de volleyball de plage, avec toute l’expérience d’un joueur chevronné. Du haut de son mètre 90, la superstar brésilienne de 38 ans a joué sur tous les terrains de volleyball de plage depuis Atlanta 1996, où fut décernée la première médaille olympique dans ce sport. À force de services et de smashs, avec son partenaire Ricardo Santos, Rego a franchi toutes les étapes vers la médaille d’or à Athènes en 2004, puis du bronze à Beijing, quatre ans plus tard.
Les Jeux Olympiques, l’été prochain, seront les cinquièmes de Rego. Le volleyball de plage se déroulera au centre de Londres, à Horse Guards Parade, à deux pas de Downing Street et du palais de Buckingham. «Je pense à l’émotion que cela provoque et j’en ai des frissons, explique Rego à propos de l’événement. Aux Jeux Olympiques, il est difficile de contrôler ses émotions, surtout quand l’ambiance est bonne, avec des spectateurs tout autour. Dans un lieu aussi grandiose que le site de Londres, je ne doute pas que cette compétition sera absolument superbe!»
Un lieu chargé d’histoire
Sur cette place d’armes chargée d’histoire a lieu chaque année le fameux «Trooping the colour», soit la revue des troupes en l’honneur de l’anniversaire de la reine. C’est aussi l’ancien siège de l’armée britannique, ce qui rend le cadre exceptionnel pour le tournoi. Au lieu de sabres, les armes les plus dangereuses seront les mains ouvertes des titans de ce sport qui, avec dextérité, envoient des balles à une vitesse vertigineuse.
«Vous mentionnez l’armée britannique et j’ai l’impression qu’à Londres nous serons comme des guerriers, déclare Rego avec une pincée d’humour dans la voix. Les joueurs de volley affrontent le soleil, le sable et le vent et aussi leurs adversaires. C’est un vrai combat, où la victoire revient aux équipes qui s’adaptent le mieux.» Vedette expérimentée de volleyball, il attribue une grande part de sa motivation au plaisir de jouer avec Alison Cerutti, son partenaire.
Londres a toujours fait partie de ses plans
Ce Brésilien de 25 ans, au physique musculeux, haut de 2,02 m, affiche au filet une force absolument impressionnante. Emanuel Rego explique que Londres a toujours fait partie de ses plans, quand bien même il approchera de 40 ans au début des Jeux. «Chaque fois que je pense aux Jeux, je veux de nouveau y être, dit-il. Lorsque je me lève pour aller m’entraîner ou jouer dans un tournoi, je pense qu’il s’agit d’un autre pas vers les Jeux. Comme je l’ai fait pour les quatre éditions précédentes, je m’efforce de me motiver chaque année et à chaque heure d’entraînement.»
Et si la reine désire faire une promenade depuis son palais de Buckingham sur Horse Guards Parade, juste pour jeter un œil sur ces guerriers du sport comme Rego aime à les décrire? «Bien sûr, la possibilité d’une visite de la reine me rendra nerveux, admet-il. J’ai regardé le mariage de son petit-fils, le prince William comme toute la planète l’a fait. Je crois bien que la planète s’arrêtera de nouveau pour voir la reine regarder du volleyball de plage. Ce sera amusant mais aussi traditionnel.»
De nouveaux combats pour quatre rivaux amicaux
En mai dernier, Rego et Cerutti ont mis un terme à la série d’invincibilité de 40 victoires consécutives en sept tournois détenue par le duo dominant américain, Todd Rogers et Phil Dalhausser, qu’ils ont battu lors d’un tournoi de la FIVB à Prague (République tchèque). Il est hautement probable que les quatre rivaux amicaux s’engageront dans de nouveaux combats à l’avenir, peut-être même pour l’or à Londres.
«C’est vraiment un excellent ambassadeur du sport et l’un des plus grands de tous les temps», déclare Rogers, médaillé d’or olympique en 2008, en parlant de Rego. «Il prend le temps d’accorder des interviews, de signer des autographes, d’embrasser des bébés... Je le placerais au niveau de Karch et Sinjin, poursuit Rogers, comparant le Brésilien aux anciennes vedettes de volleyball américaines Karch Kiraly et Sinjin Smith. «C’est un joueur plutôt exceptionnel et il demeurera dans mes listes comme l’un des trois premiers.»
Bien qu’à encore cinq ans de là, il est difficile de ne pas imaginer Rego chez lui, à Rio de Janeiro, jouant aux Jeux en 2016, sur la plage où il a débuté sa carrière, il y a près de 20 ans. «On verra ce qu’il en sera en 2013. Si je continue à jouer, je veux être compétitif», explique Rego quant à sa carrière après Londres. «J’écouterai mon corps et mes émotions, mais à présent, quand j’y pense, je ne peux pas m’envisager à cet âge. On ne sait jamais ! Nous sommes des athlètes, nous nous améliorons sans cesse, grâce à de nouveaux défis. »
Peut-être comme entraîneur à Rio en 2016?
S’il ne concourt pas à Rio, Rego espère qu’il pourra transmettre son expertise à la prochaine génération de joueurs. «J’ai débuté le volleyball de plage à Copacabana, où auront lieu les Jeux Olympiques, dit-il à propos de la compétition qui donnera lieu certainement aux billets les plus courus de 2016. «Je veux y prendre part, même si je n’y suis qu’à titre d’entraîneur car les Jeux à Rio de Janeiro seront fabuleux.»
Le vétéran brésilien paraît engagé à la poursuite de son succès – et peut-être même d’une troisième médaille olympique – en attendant la venue de ce qui ne manquera pas d’être un spectacle inoubliable fin juillet-début août 2012. «Comme d’habitude, avec les meilleurs joueurs du monde s’efforçant d’accéder au sommet, les Jeux ne manqueront pas de surprises, ajoute Rego. Mais je crois que Londres sera davantage chargé d’émotions que nulle part ailleurs.»