Ekaterina Karsten, la rameuse qui vise ses huitièmes Jeux à Tokyo en 2020

Ekaterina Karsten a participé à toutes les éditions des Jeux Olympiques depuis 1992, remportant deux médailles d'or, une d'argent et deux de bronze. À 46 ans, la Bélarussienne a également remporté six titres de championne du monde et 29 Coupes du monde en aviron. Jusqu'à présent. Toujours au sommet de son sport, la remarquable Ekaterina Karsten a pour ambition Tokyo 2020 et n'a pas l'intention de laisser quoi que ce soit lui barrer la route…

4 min
Ekaterina Karsten, la rameuse qui vise ses huitièmes Jeux à Tokyo en 2020
(Getty Images)

Comment vous portez-vous physiquement ?

Je me sens plutôt bien. Je me sens assez forte. Je m'entraîne avec de jeunes athlètes et je tire beaucoup d'énergie du travail avec eux. J'ai vécu de la même façon au cours des 30 dernières années et pour moi, c'est normal de me réveiller tôt et de m'entraîner.

Est-ce la perspective de participer à vos huitièmes Jeux Olympiques à Tokyo en 2020 qui vous motive ?

Ce serait probablement le point culminant de ma carrière si j'allais à Tokyo. Je ne veux pas trop y penser, je ne suis pas sûre d'être en assez bonne condition physique pour aller à Tokyo, mais ce serait fantastique.

Votre mari vous a offert une bague en 2017 pour célébrer vos 30 ans d'aviron, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

C'était une bague très spéciale. À l'intérieur, les anneaux olympiques sont gravés à côté des dates de toutes mes participations aux Jeux Olympiques. Il a volontairement laissé un espace libre : quand il me l'a offerte, il m'a dit que c'était pour Tokyo 2020 et que j'y serai certainement. Il me soutient dans tout ce que j'entreprends.

Quel est le secret de votre longévité ?

J'y ai beaucoup réfléchi, mais en fait il n'y a pas de secret, j'adore ce que je fais. Voilà, c'est tout. Je n'ai jamais suivi de régime spécial. J'avais parfois l'habitude de rester dehors tard et même après des nuits blanches, j'y allais et je gagnais parfois.

Il n'y a rien de spécial, peut-être que je suis juste un peu chanceuse de nature.

Que pense votre fille du fait que vous soyez toujours en compétition au niveau élite à l'âge de 46 ans ?

Elle s'inquiète beaucoup bien sûr, surtout de ma santé et quand les choses tournent mal avec mon corps. Elle me parle énormément, mais elle sait aussi que l'aviron est toute ma vie et elle me soutient toujours. Je pense qu'elle est très fière de moi, mais elle n'en parle pas beaucoup.

Ma nièce, qui vit en Biélorussie, parle beaucoup plus fort de mes réalisations et de mes médailles (rires).

Votre fille pratique-t-elle l'aviron ?

Elle est très grande et elle ramait. J'avais l'habitude de dire que je finirais ma carrière après avoir ramé en équipe avec ma fille et gagné les Jeux Olympiques. Mais malheureusement, ma fille a cessé de ramer après seulement un an et demi.

Quand vous repensez à vos premiers Jeux à Barcelone en 1992, qu'est-ce qui a changé pour vous et pour le sport ?

Je n'avais que 20 ans, c'était mon boulot. Je n'ai pas vraiment apprécié ce qu'étaient les Jeux Olympiques.

La grande différence entre cette période et aujourd'hui sur l'eau, c'est la technique et le tempo, qui sont vraiment différents aujourd'hui. L'aviron s'est tellement développé, les athlètes repoussent beaucoup plus leurs limites. Ils sont tellement plus avancés. L'aviron est beaucoup plus difficile maintenant et beaucoup plus professionnel.

Quel a été votre meilleur moment jusqu'ici ?

Atlanta 1996, en couple, c'est sûr. C'était un grand événement et ma première médaille d'or olympique. C'était tellement génial. Et à partir de ce moment-là, nous avons commencé la tradition, avec mon premier entraîneur, d'acheter une bouteille de champagne et ensuite nous mettions la médaille d'or à l'intérieur d'un verre et buvions ensemble – juste  dans un verre normal parce que les médailles étaient toujours trop grandes pour tenir dans une coupe à champagne.

Avez-vous des regrets ?

Non, aucun. Je ne changerais rien. Tout s'est passé comme ça devait se passer.

Qu'est-ce qui vous passionne en dehors de l'eau ?

J'adore les puzzles. Quand j'en commence un, je ne peux pas m'arrêter. J'en ai fait un de 5 000 pièces, une carte du monde. Cela m'a pris plusieurs mois. Je dois les faire entre les séances d'entraînement et le temps passe si vite. 

J'aime aussi faire pousser des fleurs, m'en occuper et faire des arrangements floraux. Et j'adore tricoter. J'ai commencé à le faire il y a longtemps. J'avais l'habitude de tricoter des vêtements pour ma fille. Elle voulait acheter quelque chose et je le tricotais pour elle à la place. 

Tout cela me fait oublier l'aviron et m'aide à me détendre.

Pouvez-vous imaginer une vie sans aviron ?

Non, je ne peux pas l'imaginer. J'allais arrêter l'aviron après Rio (Jeux Olympiques de 2016) mais je ne pouvais pas le faire, je ne pouvais pas imaginer ne pas m'entraîner et ne pas avoir d'horaire. Pour l'instant, je ne veux même pas penser à arrêter de ramer.

Plus de