Les épreuves de luge se sont terminées en beauté : dans l’euphorie générale, avec des larmes de joie et de tristesse, une alliance insolite et même la visite d’un VIP.
Le relais par équipes mixtes de luge est une discipline relativement nouvelle dans le monde olympique, puisqu’elle a fait son entrée aux JOJ d’hiver de 2012 à Innsbruck et n’est apparue aux Jeux Olympiques seniors qu’en 2014 à Sotchi. C’est dans une ambiance particulièrement festive que se sont achevées les compétitions de luge aux Jeux Olympiques de la Jeunesse d’hiver de Lillehammer 2016.
Chaque équipe comprend deux athlètes individuels, un homme et une femme, ainsi qu’un duo. Lorsqu’un lugeur atteint la ligne d’arrivée, il doit toucher un panneau qui déclenche l’ouverture du portillon de départ pour ses coéquipiers en haut de la piste.
Mais à vitesse élevée, toucher ce panneau peut s’avérer plus difficile qu’il n’y paraît. La lugeuse tchèque Michaela Marsikova n’a pu retenir ses larmes lorsqu’elle n’a pas réussi à entrer en contact avec le panneau à son arrivée. Cela équivaut, en athlétisme, à laisser tomber le témoin, et l’une de ses rivales polonaises l’a prise dans ses bras pour la réconforter. Les deux athlètes se sont éloignées ensemble de la raquette d’arrivée.
Cela illustre parfaitement l’esprit de camaraderie qui a régné durant toute la compétition. La luge est une discipline difficile, où les sportifs peuvent dépasser les 100 km/h, et dans cette grande famille, l’entraide est le maître mot.
« Nous travaillons tous ensemble comme une même équipe », a déclaré le Britannique Lucas Gebauer-Barrett.
Les athlètes du Royaume-Uni n’étaient pas assez nombreux pour former une équipe nationale, ils se sont donc unis à leurs homologues du Kazakhstan. Cette alliance était si insolite que l’un des responsables de l’équipe britannique s’est précipité pour prendre une photo du tableau électronique qui affichait le nom de l’équipe.
Gebauer-Barrett a ajouté : « Leur niveau d’anglais est limité, mais nous avons frappé nos poings ensemble avant le départ et nous sommes souhaité à tous une bonne course. »
Suite à la disqualification de la République tchèque, l’équipe britanno-kazakhe a terminé à la 12e et dernière place, tandis que l’Allemagne, qui s’était contentée de l’argent lors des épreuves en simple et en double, est enfin parvenue à décrocher l’or après une série de descentes palpitantes, sous le regard du Prince Haakon de Norvège.
Les Allemands, Jessica Tiebel, Paul-Lukas Heider, Hannes Orlamuender et Paul Gubitz, ont célébré leur victoire comme il se doit à l’arrivée. Ils ont coiffé les Russes au poteau avec un temps cumulé de 2 min 52 s 520, soit à peine 188 millièmes de seconde d’avance au terme des trois manches.
La Russie a récolté l’argent avec un chrono de 2 min 52 s 708, devant l’Italie (2 min 53 s 040).
La mère de Paul-Lukas Heider, Sybille, bénévole des JOJ, n’a pu retenir des larmes de joie. « Je n’arrive pas à y croire, dit-elle. C’est énorme. On adore la luge, on s’y consacre corps et âme. Tout réussir comme ça en une journée, c’est génial. C’est comme une vraie victoire aux Jeux Olympiques. »
Paul-Lukas Heider a raconté que jusqu’à mardi, l’équipe allemande surnommait son entraîneur Monsieur Argent après avoir manqué la première marche du podium sur cette piste norvégienne rendue célèbre par les exploits de leur compatriote Georg Hackl, le champion individuel masculin des Jeux d’hiver de 1994.
« Maintenant on peut dire que c’est une semaine parfaite, a-t-il conclu. C’est très différent, cette épreuve par équipes, et on est hyper motivés. Cela prouve à quel point nous sommes doués pour la compétition. »
Par ADRIAN WARNER (YIS/CIO)
Adrian Warner est reporter au Service d’information des JOJ (Youth Information Service, YIS) de Lillehammer. Il a couvert 13 éditions des Jeux Olympiques et a collaboré avec Reuters, le London Evening Standard et la BBC.