Cristobal Huet, une légende du hockey sur glace avec Lausanne 2020
Le Franco-Suisse Cristobal Huet a mené une extraordinaire carrière de gardien de but en hockey sur glace. International en équipe de France de 1997 à 2017 ayant participé aux Jeux de 1998 et de 2002 et à onze championnats monde, Il a connu un long et superbe parcours dans la ligue professionnelle nord-américaine (NHL), devenant le seul joueur de son pays à gagner la Stanley Cup en 2010. Il a disputé ses six dernières saisons à Lausanne où il est devenu l'entraîneur des gardiens du club. Entretien avec une légende du hockey, ambassadeur des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Lausanne 2020.
Qu'est-ce qui vous a poussé à garder les buts en hockey sur glace ?
La passion ! Sans aucune prétention au départ. Et j'ai franchi toutes les étapes en France. Je ne pensais pas faire carrière, j'aimais juste ce sport, mais je suis quelqu'un de compétitif et cela m'a amené à faire ce long parcours professionnel.
Vous avez disputé les JO de 1998 et de 2002 avec l'équipe de France. Quels sont vos souvenirs ?
Ça a été une expérience incroyable, même si on n'a pas ramené de médaille. Mais ce sont des moments d'émotion très forts. Représenter son pays, cela a toujours été quelque chose de très important pour moi, et le faire pour les Jeux Olympiques, avec d'autres athlètes, d'autres délégations, cela a été assez émouvant et impressionnant. À Nagano, nous n'avions pas participé à la cérémonie d'ouverture, nous jouions le lendemain. Il y avait pour la première fois dans ces Jeux la présence des joueurs professionnels de la NHL, les grandes stars, Wayne Gretzky, Martin Brodeur and Co, qui étaient avec nous au village olympique. Pour moi, hockeyeur de 23 ans, c'était vraiment quelque chose. À Salt Lake City, nous jouions aussi le lendemain, mais nous avions pris le parti d'assister à la cérémonie et de profiter de l'instant. J'en garde un souvenir ému et je remercie nos dirigeants de nous avoir laissés y participer, car cela reste un instant magique. Les cérémonies d'ouverture et de clôture sont toujours des moments un peu à part aux Jeux.
Que représente pour vous le fait d'avoir été en quelque sorte le pionnier français dans la ligue professionnelle nord-américaine ?
J'en suis fier, mais j'ai fait les choses assez égoïstement, pour moi, sans penser à devenir un pionnier. J'ai essayé d'aller le plus loin possible, au maximum de mes capacités et de m'élever.
La victoire en Stanley Cup en 2010 avec les Blackhawks de Chicago est-elle le sommet de votre carrière ?
Je ne pense pas, non. C'est ce qui reste pour beaucoup de monde, pour moi aussi, mais je n'avais pas joué énormément, cela n'a pas la même saveur. Après, il est vrai que j'ai mon nom gravé sur la Coupe et cela reste sûrement un fait majeur dans ma carrière. Mes grands moments sont plutôt le All-Star Game de la NHL en 2007, et toutes les victoires auxquelles j'ai participé plus activement, dans d'autres clubs. En Suisse, quand j'ai gagné le championnat, et même avant avec Grenoble en championnat de France, et puis il y a mes années à Montréal avec le club des Canadiens. Pour un francophone, jouer à Montréal était quelque chose de vraiment spécial. J'ai sûrement joué mon meilleur hockey là-bas.
Vous vous êtes ensuite installé en Suisse…
Je suis revenu en 2010, j'ai joué deux années à Fribourg, puis six ans à Lausanne. Mais je revenais déjà tous les étés, puisque j'étais marié avec une Suissesse. Durant mes dernières années de joueur à Lausanne, nous avons prévu ma reconversion, ce que je fais actuellement, à savoir entraîneur des gardiens du club. Mais je n'en étais pas certain au départ, je n'ai pris cette décision qu'à la fin de ma carrière.
Notamment grâce aux JOJ de Lausanne 2020, la patinoire de Malley est en cours de rénovation. Pouvez-vous nous en parler ?
Notre patinoire va être flambant neuve ! La construction est en train de s'achever. Il s'agira d'une arène de 10 000 places toute neuve, avec tout ce que l'on trouve dans une enceinte moderne. C'est très important et il y a de superbes échéances. C'est essentiel pour le club de hockey de Lausanne, mais il y aura aussi du tennis de table, de l'escrime et de la natation avec un plongeoir et un bassin aux dimensions olympiques. La région s'est dotée d'un outil important pour différents évènements, et notamment pour le hockey : cela projette le club dans une autre dimension. Elle accueillera les épreuves des JOJ de 2020, et également les Championnats du monde la même année. Les JOJ, les Mondiaux, la nécessité de refaire une patinoire pour le club de Lausanne ont permis d'avoir la commune et le canton derrière ce projet et d'engager les travaux.
Quelles sont les ambitions du club lausannois ?
Dans un avenir proche, c'est d'être un prétendant au titre. C'est de pouvoir défier les quatre ou cinq gros calibres du championnat, de bousculer un peu la hiérarchie, de frapper à la porte pour gagner un championnat dans les prochaines années. Ces vingt dernières années, seules quatre équipes ont été championnes de Suisse, ce n'est pas simple de faire bouger les choses, il faut rester humbles, mais le club se donne les moyens, notamment grâce à la nouvelle patinoire ; il se développe pour aller dans la bonne direction.
Pour quelles raisons vous êtes-vous engagé en tant qu'ambassadeur des JOJ de 2020 ?
On me l'a demandé ! Ayant moi-même participé deux fois aux JO et étant, je pense, une personnalité locale, j'ai estimé que cela faisait sens, et j'ai accepté volontiers. Je n'ai jamais participé à cet évènement qui n'existait pas à mon époque, et je trouve que c'est une superbe aventure pour les jeunes athlètes de pouvoir faire les Jeux Olympiques de la Jeunesse. Je ne suis pas forcément quelqu'un qui se met en avant, mais en étant sur place et en représentant ce que je peux représenter, je me prête au jeu avec grand plaisir. C'est un évènement exceptionnel qui permet aux jeunes de se lancer dans une aventure, à la fois humaine et sportive, à travers des compétitions saines. Pour ce qui est de mon rôle d'ambassadeur, je me contente pour le moment de répondre aux demandes qu'il peut y avoir à droite et à gauche, j'ai un travail qui est assez prenant, mais je pense que cela va s'accélérer dans les prochains mois.
Quelle est pour vous l'importance de cet évènement ?
C'est difficile de me projeter à la place des jeunes athlètes, mais je pense que c'est comme un rêve pour eux de vivre des JOJ et de pouvoir se confronter aux autres athlètes sur une telle épreuve internationale. J'aurais vraiment adoré pouvoir vivre cela. Je peux juste imaginer ce que cela représente pour ces jeunes. Il s'agit également d'un évènement pour la population de la région lausannoise et du canton de Vaud. Ils vont voir les stars de demain. Ils vont pouvoir profiter de cette fête dans notre région, ils verront ce que cela pourrait donner, d'organiser peut-être des vrais JO chez nous, dans la capitale olympique, dans notre belle région. Il faut que tout le monde profite de cette superbe fête !