Craig, « l’express de Detroit », réalise le doublé du sprint

Originaire de Detroit, Ralph Craig était initialement un hurdler, mais à Stockholm, il va montrer des capacités ébouriffantes en sprint.

Craig, « l’express de Detroit », réalise le doublé du sprint

Lorsqu’il arrive aux Jeux Olympiques, Craig, âgé de 20 ans, a répété ses gammes à l’université du Michigan et il détient le record interuniversitaire américain du 100 yards et le record international du 220 yards. Dans son pays, il jouit d’un très grand prestige : « Ceux qui l’ont vu s’entraîner, peut-on lire en avril 2012 dans les colonnes de l’Evening News de Rhode Island, clament qu’il sera encore plus rapide cette année qu’auparavant. »

Il foule pour la première fois la cendrée du stade olympique le 6 juillet, à l’occasion du 100 m, et gagne la dernière des 17 séries. Il n’y en a que six au deuxième tour et le vainqueur de chacune d’entre elles se qualifie pour la finale. Dans la quatrième course, Craig se range sous les ordres du starter et ce qui suit est incroyable : l’Américain et ses cinq adversaires réalisent au total neuf faux départs avant de pouvoir s’élancer pour de bon à la dixième tentative. A quelque 30 m de l’arrivée, Craig dépasse l’Allemand Richard Rau pour s’imposer dans un style convaincant.

La finale va être presque autant hachée. Cette fois, il n’y a plus que sept faux départs. Mais dès que les concurrents sont lâchés, Craig se retrouve rapidement embarqué dans une bataille à trois avec deux de ses compatriotes, Alvah Meyer et le grand favori, Donald Lippincott. Évoquant les derniers soubresauts de la course, le rapport officiel écrit ainsi : « Craig a couru brillamment et tout en puissance, laissant ses adversaires derrière lui, notamment Meyer son dauphin. Il a coupé la ligne avec 60 cm d’avance sur Meyer. » Craig gagne en 10’’8, alors que Meyer et Lippincott sont crédités tous deux de 10’’9, et George Patching et Frank Belote de 11’’0. La course a été captivante et elle s’est jouée à coup de dixièmes.

Le 10 juillet a lieu le premier tour du 200 m dans lequel Craig est au départ de la 12e série. Un seul adversaire se dresse face à lui, l’Anglais Robert Duncan, et il s’impose en 24’’1 à l’issue d’une course lente, comme il fallait s’y attendre. Sa demi-finale, un peu plus tard le même jour, va être autrement plus animée et Craig va se mettre au diapason, prenant la tête d’entrée puis repoussant quelques vaillants assauts, pour finalement gagner avec aisance.

Le lendemain en finale, Craig et Lippincott se retrouvent une nouvelle fois aux prises. Les deux Américains prennent tous deux un bon départ, mais à 40 m de l’arrivée, il est clair que Craig va changer de braquet pour s’imposer. C’est chose faite un peu plus loin. En 21’’7, il gagne encore d’un dixième de seconde, alors que le Britannique Willie Applegarth termine troisième.

Évoquant les exploits de Craig, le rapport officiel est dithyrambique : « Comme dans le 100 m, Craig a été magnifique, sa victoire résultant d’une technique incroyablement aboutie alliée à une belle intelligence de course d’un bout à l’autre. » Craig semble donc promis à une longue et fructueuse carrière, mais au lieu de cela, il décide de se retirer juste après les Jeux. On ne le reverra plus dans les sprints de haut niveau, mais il fera sa réapparition dans l’arène olympique aux Jeux de 1948 à Londres, en tant que porte-drapeau des États-Unis. Sélectionné dans l’équipe américaine de voile, il restera néanmoins à terre.

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