Coe brave les critiques et réussit un doublé unique

La victoire de Sebastian Coe dans le 1500m des Jeux de 1980 à Moscou fut l’un des moments les plus agités de l’histoire olympique.

Coe brave les critiques et réussit un doublé unique

Abattu par sa défaite quelques jours auparavant dans le 800m, sa discipline de prédilection, face à Steve Ovett, son vieux rival et compatriote britannique, Coe avait obtenu l’honneur suprême du sacre dans le prestigieux 1500m.

Cette légendaire victoire acquise au stade Lénine de Moscou devait lui sembler à des années-lumière à l’approche des Jeux Olympiques de Los Angeles 1984.

Sa forme avait en effet périclité dans l’intervalle. On lui avait diagnostiqué à tort une mononucléose infectieuse alors qu’en réalité, il souffrait d’une infection potentiellement encore plus dangereuse, la toxoplasmose.

Pendant que Coe passait le plus clair de son temps à l’hôpital, Ovett, Cram, un autre Britannique, et l’Américain Steve Scott lorgnaient sur sa couronne de roi du demi-fond mondial.

Cram avait remporté les Championnats du monde de 1983 à Helsinki dans un style clinique tandis que l’heure du Marocain Said Aouita commençait doucement à sonner.

Jamais loin de la controverse, Coe avait été sélectionné comme l’un des trois représentants britanniques sur 1500m pour les Jeux olympiques de 1984, en dépit de sa défaite aux épreuves de sélection face à l’infortuné natif du Yorkshire Peter Elliott. La décision était plutôt téméraire, mais elle allait porter de jolis fruits.

La météo et le calendrier de Los Angeles avaient transformé la compétition en dix jours éprouvants pour les coureurs et Ovett fut l’un des athlètes les plus durement affectés par la canicule et le programme lessivant.

Après avoir remporté sa série, il se plaignit plus tard de douleurs à la poitrine, mais après une campagne du 800m exténuante, il fut déclaré suffisamment en forme pour s’aligner au départ de la course.

Coe, pour sa part, était dans sa position familière de chercheur de gloire dans le 1500m après sa défaite dans le 800m, son épreuve fétiche.

Cette fois, c’est le Brésilien Joaquim Cruz qui l’avait privé de l’or sur le double tour de piste et le Britannique fit l’objet d’une pression grandissante, surtout de la part de la presse britannique fébrile, afin qu’il se rachète à nouveau dans le 1500m.

En finale, c’est Scott qui assura le train dans le but de fatiguer Coe et ses pairs au sprint dévastateur, avant d’être relayé par l’Espagnol Jose-Manuel Abascal dans les derniers 400m.

Lorsque Cram, déroulant sa foulée saccadée, démarra à l’extérieur à 250m de l’arrivée, la réplique de Coe fut énergique.

Il entra dans la dernière ligne droite avec près d’un mètre d’avance et creusa l’écart sur un Cram impuissant, qui permettait toutefois à la Grande-Bretagne de réaliser le doublé.

La première réaction de Coe après avoir franchi la ligne d’arrivée, nouveau record olympique à la clé, fut éloquente. Il lança un regard venimeux vers la tribune des journalistes, comme pour signifier : "Qui a dit que j’étais fini ?"

Durant son tour d’honneur, son regard d’acier ne se déroba jamais, le doigt brandi fièrement pour montrer qui était le véritable numéro un.

Il devint le premier homme à conserver sa couronne du 1500m, parachevant ainsi l’une des carrières olympiques les plus remarquables qui soient.

Plus de