Alors que les athlètes défilaient dans les rues de la ville alpine française de Chamonix en janvier 1924, peu de spectateurs auraient imaginé qu'ils assistaient aux prémices du plus grand événement de sports d’hiver au monde.
Au total, 258 concurrents étaient présents lors de la « Semaine internationale des sports d’hiver », organisée sous le haut patronage du Comité International Olympique (CIO) à Chamonix, au pied du Mont-Blanc. Cent ans plus tard, ces premiers Jeux Olympiques d'hiver continuent d'inspirer, non seulement du point de vue de l'innovation sportive, mais aussi de la manière d'accueillir un événement qui laisse un héritage aux générations futures.
Retour sur les 100 années qui se sont écoulées depuis Chamonix 1924 et sur la façon dont les Jeux Olympiques d'hiver ont changé depuis ces Jeux historiques.
Le processus de sélection des hôtes pour les Jeux Olympiques d'hiver
La préparation des Jeux Olympiques d'hiver peut prendre des années, tant pour l'entraînement et la qualification des athlètes que pour les organisateurs avec la mise en place de plans logistiques afin d'accueillir l'événement multisports en toute sécurité.
Comme tous les hôtes précédents, Chamonix Mont-Blanc a été sélectionnée par une Session du CIO, lors de la réunion de 1921 à Lausanne, en Suisse. C'est là que la décision à été prise : la station allait accueillir la première édition des Jeux Olympiques d'hiver. Moins de trois ans plus tard, du 25 janvier au 5 février 1924, les compétitions avaient lieu, organisées par le Comité National Olympique français.
Compte tenu de la complexité de l'organisation des JO, les hôtes sont désormais généralement choisis environ deux fois plus tôt avant le début des Jeux.
L'attribution des Jeux Olympiques d'hiver 2026 à Milano Cortina, en Italie, a été confirmée en 2019, à l'issue d'un processus de deux ans qui comprenait un dialogue avec les parties intéressées, une étape de candidature et un processus de sélection final avant le vote lors de la 134e Session du CIO.
Un héritage durable
Le président du Comité International Olympique Thomas Bach a souligné, dans un article de la revue Olympique du CIO, paru dans l'édition de décembre 2023 que « l'événement est à un point critique » en raison du changement climatique dans de nombreuses régions et que le CIO vise à « réduire notre impact sur l'environnement », et à « étudier des solutions à long terme pour l'organisation de l'édition d'hiver des Jeux et étudier des mécanismes pour rendre les sports d'hiver plus durables ».
Les projets actuels du CIO concernant l'organisation potentielle des Jeux d'hiver de 2030, 2034 et 2038 mettent l'accent sur la durabilité. De nombreux sites permanents proposés sont déjà construits et sont utilisés pour des compétitions de haut niveau. La commission du futur hôte des Jeux Olympiques d'hiver du CIO recommande que « les sites de compétition sur neige proposés devraient être fiables sur le plan climatique jusqu'au moins au milieu du siècle prochain. »
Des recherches récentes montrent que 89% des sites permanents des Jeux Olympiques d'hiver restent utilisés. Cela comprend les deux sites permanents de Chamonix 1924 – la rampe de saut à ski des Bossons et le Stade Olympique de Chamonix, qui a accueilli de nombreux événements sportifs ainsi que les cérémonies d'ouverture et de clôture.
Les événements sportifs se multiplient
Des médailles ont été décernées dans 16 épreuves réparties dans cinq sports différents à Chamonix 1924 : bobsleigh, curling, hockey sur glace, patinage (patinage artistique, patinage de vitesse) et le ski nordique (combiné nordique, patrouille militaire, ski de fond, saut à ski). L'événement a duré 11 jours et 16 nations y ont participé sur les trois sites.
Un siècle plus tard, les Jeux se sont étendus et durent désormais 16 jours environ,avec la participation de plus de 90 Comités Nationaux Olympiques.
Les prochains Jeux de Milano Cortina seront les XXVe Jeux Olympiques d'hiver et devraient inclure 116 épreuves à médaille dans 16 disciplines. Les épreuves sportives et les disciplines disputées aux Jeux comprennent le ski alpin, la luge, le skeleton, le ski acrobatique et le snowboard. Le ski-alpin a également été ajouté pour Milano Cortina 2026.
Tous les quatre ans, les Jeux Olympiques d’hiver restent un des événements les plus prestigieux auquel participer. Treize nations sur trois des continents du monde les ont jusqu’à présent organisé. La plupart de ces sites ont également accueilli l'une des compétitions régulières du Championnat du monde, en plus des étapes des circuits mondiaux de haut niveau que chaque sport organise au cours de chaque saison hivernale, régies par une Fédération internationale reconnue, qui supervise également les critères de qualification et travaille avec les hôtes et le CIO pour garantir qu'un nombre optimal de disciplines et d'athlètes soient accueillis lors des Jeux d'hiver.
Environ 2 900 athlètes devraient concourir à Milano Cortina 2026, dont 47% de femmes, alors que les Jeux Olympiques évoluent vers un équilibre entre les genres. Seulement 4,3% des concurrents à Chamonix 1924 étaient des femmes. Elles avaient toutes participé aux épreuves de patinage artistique.
Alors que Chamonix 1924 comptait trois sites de neige, les éditions olympiques d'hiver plus récentes ont présenté des infrastructures en intérieur pour les sports de neige, avec des compétitions sur glace souvent organisées dans un centre-ville.
Des avancées technologiques et techniques
À Chamonix en 1924, des équipes de bobsleigh avaient concouru avec d'épais pulls en laine et sans casque. La patinoire pour le patinage artistique était extérieure et des équipes de hockey sur glace participaient eux sans gants ni protection. Cent ans plus tard, beaucoup de choses ont changé, à la fois pour protéger la santé et la sécurité des athlètes, mais aussi dans l'évolution des vêtements et des équipements, permettant l'amélioration des niveaux de performance.
Les tremplins pour le saut à ski ont été construits plus haut, les virages des parcours de bobsleigh sont bien plus serrés et les enceintes intérieures accueillant désormais les compétitions de patinage, de curling et de hockey sur glace. Tous ces facteurs sont pris en compte par les organisateurs qui planifient des Jeux Olympiques.
Dans un article paru dans l'édition de décembre 2023 du magazine de la Revue Olympique du CIO, le président Bach a souligné que « les athlètes continuent d'innover et de repousser les limites de ce qui peut être réalisé sur des skis ou des patins, depuis des vitesses plus élevées jusqu'à des hauteurs plus élevées. »
Il s’agit d’un processus qui a commencé presque immédiatement après la fin des Jeux de Chamonix 1924, alors que les discussions pour les deuxièmes Jeux Olympiques d’hiver étaient déjà entamées.
Chamonix 1924 a accueilli une fréquentation totale estimée à 10 000 spectateurs, tandis qu'un nombre record de 1,5 million de billets ont été vendus pour les événements sportifs des Jeux de Vancouver 2010.
La couverture médiatique des Jeux Olympiques d’hiver a également changé radicalement. Les quelques minutes de séquences filmées en noir et blanc des Jeux d'hiver de Chamonix 1924 racontent les joies de la compétition et du rassemblement mais pour la plupart, la couverture des premières épreuves olympiques se limitait à des articles de journaux et à des couvertures radio occasionnelles dans certaines parties du monde.
Les premiers Jeux d'hiver télévisés ont eu lieu à Grenoble en 1968, avant que l'invention du World Wide Web ne donne lieu à la retransmission en direct des Jeux Olympiques d'hiver sur Internet. À partir de l'édition de Turin 2006, ils ont même été retransmis depuis les téléphones mobiles.
Les Jeux de Beijing 2022 ont attiré plus de 2 milliards de téléspectateurs, avec 3,2 milliards engagements sur les réseaux sociaux officiels @Olympics. Alors que tous les angles de tous les sites sont désormais capturés et analysés par les diffuseurs et les spectateurs sur leurs dispositifs, l'apparence des Jeux est devenue un autre facteur important à prendre en compte pour les hôtes.
Une chose n'a pas changé : le bonheur sur les visages des athlètes et ces fans qui ont la chance d'être témoins de leurs exploits sportifs. On espère que cela continue encore longtemps.