Bobsleigh - La fusée rasta décolle à Calgary

Il est impossible d’évaluer les exploits de l’équipe jamaïcaine de bobsleigh à l’aune de ses chronos ou de ses médailles. Le quatuor de l’île des Caraïbes s’est toujours tenu bien à l’écart du podium, mais ses efforts lui ont valu l’admiration de la planète et une renommée internationale qui a même servi d’inspiration à un film.

Bobsleigh - La fusée rasta décolle à Calgary
(Getty Images)

Leur histoire est remarquable et débute lorsque deux entrepreneurs locaux assistent à une course de charrettes à bras, en Jamaïque. Ils estiment que la technique peut être transférée avec succès vers le bobsleigh. La publication d’annonces de recrutement pour participer à l’expérience donne des résultats positifs et trois militaires se retrouvent au sein de la toute nouvelle équipe de bobsleigh.

Lorsqu’ils arrivent au Canada, leur expérience est très mince et ils perdent rapidement l’un de leurs équipiers, victime d’une blessure à l’entraînement. Chris Stokes, le frère du pilote Dudley Stokes, est alors appelé à la rescousse en dernière minute, lui qui n’est jamais monté dans un bob auparavant !

Naturellement, les Jamaïcains ne lésinent pas sur leur bonne volonté et leur enthousiasme, mais comment vont-ils s’en tirer, eux qui représentent un pays dont c’est la toute première aventure sportive hivernale. Dans la première manche de l’épreuve du bob à deux, Dudley Stokes et Michael White terminent 34es sur 41 équipes, une entrée en matière pour le moins respectable. Lors de la deuxième descente, le duo jamaïcain fait mieux en se classant 22e, devant des pays de tradition hivernale comme le Japon, l’Italie et la Bulgarie. Puis, lors des troisième et quatrième courses, ils terminent respectivement 31es et 30es, pour une 30e place au classement final.

Loin d’avoir été ridicule, le duo jamaïcain a battu 11 autres bobs, dont le premier équipage américain qui n’a pas réussi à aller au bout des quatre courses.

Les Jamaïcains reportent ensuite leur attention vers le bob à quatre, une épreuve plus imposante, plus rapide, et techniquement plus ardue dans laquelle leur manque flagrant d’expérience constitue, semble-t-il, un obstacle encore plus grand. Ils démarrent mal leur première course, puisqu’une pièce se détache de leur bob lorsque Dudley Stokes saute dans l’engin. Résultat, l’équipe termine 24e sur 26 partants. Lors de la deuxième manche, Michael White lutte pour bien se positionner et les Jamaïcains ne peuvent signer que le 25e temps.

Et les choses ne vont vraiment pas s’arranger dans la troisième descente. Malgré un départ canon, Stokes, blessé, perd le contrôle du bob dans la redoutable courbe Kreisel et l’engin jamaïcain se retourne. Il dévale la piste durant un moment avant de s’arrêter, permettant aux athlètes de l’évacuer et de marcher lentement jusqu’au bas de la piste. Ainsi va s’arrêter l’aventure, mais pas la légende. L’histoire de ces Jamaïcains qui ont réussi à mettre sur pied une équipe de bobsleigh pour Calgary va inspirer le film à succès Rasta Rockett, alors que de manière sans doute plus significative, le pays bénéficiera de leur héritage sportif en envoyant des équipes de bobsleigh lors des cinq éditions suivantes des Jeux d’hiver.

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