Beach Pro Tour Paris 2023 : Lézana Placette-Alexia Richard, un objectif olympique pour célébrer leurs dix ans d'amitié
Aux portes du top 20 mondial et numéro 1 française, la paire Lézana Placette-Alexia Richard peut compter sur une amitié profonde pour briller au plus haut niveau du beach volleyball international.
« Ce sont deux filles qui se sont rencontrées il y a dix ans et qui se sont dit 'On va essayer d'aller aux Jeux Olympiques ensemble'. À la base, c'était juste un rêve et aujourd'hui, ça devient réel. On va tout faire pour que ça devienne réel. »
Quand Alexia Richard résume sa trajectoire avec Lézana Placette, il y a quelque chose de romantique. Et la réalité de leur parcours en volleyball de plage l’est encore plus !
L’aventure de la 21e paire mondiale est avant tout humaine, et c’est ce qui la rend si belle. Depuis quasiment une décennie, les deux Françaises ont noué une incroyable amitié au fil des tournois disputés aux quatre coins du monde.
Cette relation particulière est même devenue un véritable atout au fil des saisons et leur permet désormais de viser Paris 2024.
« La plus grande force que l'on a, c'est qu'on joue ensemble depuis neuf ans donc on se connaît par cœur, même sans se parler. On s'entend aussi super bien en dehors du terrain. Le fait d’être amies est une force qu’on arrive à transposer sur le terrain », explique Lézana Placette dans une interview exclusive avec Olympics.com, avant que sa coéquipière précise.
« La plus grande force que l'on a, c’est qu’on s’aime. »
À lui seul, cet échange symbolise la complicité des deux beach volleyeuses.
Une relation fusionnelle entre Lézana Placette et Alexia Richard
Lézana Placette et Alexia Richard passent huit mois sur douze à s’entraîner, à voyager et à jouer ensemble. Dans ce contexte, bien s'entendre est une nécessité.
« On est contente de partir ensemble parce qu’on sait qu’on va passer des bons moments sur le terrain, mais aussi en dehors. C’est important pour le mental », explique Lézana Placette.
Leur vie sportive a beau être programmée ensemble, cela ne leur suffit pas. À Toulouse, elles habitent à cinq minutes l'une de l'autre, se voient aussi parfois pendant leur temps libre et quand ce n’est pas possible, les échanges se poursuivent au téléphone. Elles sont tout simplement inséparables.
Au début de leur collaboration pourtant, ça n’a pas été aussi simple.
L’union de la paire Placette-Richard a eu lieu en 2014 quand Lézana a accepté de passer du volleyball au volleyball de plage pour accompagner Alexia qui était la seule de sa génération.
Elles ont été rapidement envoyées sur des compétitions internationales et ont même participé aux Jeux Olympiques de la Jeunesse de Nanjing 2014, « un souvenir grandiose ».
Une complémentarité totale
La soif de victoires et les objectifs élevés étaient déjà là, mais les personnalités étaient opposées.
« On avait des caractères complètement différents et on était un peu trop jeune pour se rendre compte qu'ils pouvaient être complémentaires si on les travaillait. J'avais trop de caractère, j'avais de l'agressivité et Lézana était plus passive. L'une pleurait parce qu'elle absorbait trop et l'autre parce qu'elle faisait une crise de nerfs. Dès la deuxième compétition, on a mis les cartes sur table en sortant tout ce qu'il y avait à sortir et depuis tout s'est bien passé. »
Ces pleurs en commun prouvent qu’elles étaient accordées, même dans leurs désaccords. Et il n’y a pas que leurs caractères qui sont en symbiose. Sur le terrain, elles sont joueuses, aiment les défis et forment une paire au jeu atypique basé sur les qualités d’Alexia au recul de block.
Au moment de désigner leurs trois meilleurs souvenirs en carrière, les choix ont aussi été les mêmes : la qualification en demi-finale de l'Elite 16 au Cap en 2022, la victoire contre les Italiennes au Beach Pro Tour Paris 2022 et l'accession au tableau principal de l'Elite 16 à Tepic pour lancer la saison 2023.
Sur le temps libre, l’une joue aux jeux vidéos quand l’autre lit. Même pour manger, leur passion commune, le fit est parfait.
« On adore manger. Lézana adore les gâteaux et moi le saucisson », s’amuse Alexia.
Au moment d’avouer de potentielles disputes au cours de la décennie passer ensemble, c’est d’ailleurs la nourriture qui est mentionnée en premier.
« Elle m’avait caché mes biscuits ! Quand elle me cache ma nourriture, je n’aime pas ça », avance l’aînée, comme dans une scène de ménage.
Derrière ce trait d’humour et cette joie de vivre partagée, tout n’a pourtant pas été si facile. Et c’est ce qui les a rendues encore plus fortes.
Se séparer pour mieux se retrouver
Lézana Placette et Alexia Richard ont connu une période l’une sans l’autre à partir de 2017. Alors que les résultats n’étaient pas à la hauteur des promesses suscitées par leurs médailles internationales chez les jeunes, la Fédération a décidé de tester d’autres paires.
Elles ont été séparées pendant huit mois, mais sans jamais rompre.
Malgré la distance, le contact n’a jamais été perdu et le plaisir de se retrouver, même en tant qu’adversaires à l’entraînement, toujours le même. Cette période, qui n’a pas été des plus fructueuses, s’est terminée par une situation dont elles s’amusent encore.
« On nous a convoquées à la même heure à la Fédération. Devant le bureau, on pensait qu'on allait se faire virer parce qu'on n'avait pas fait des résultats extraordinaires avec nos autres coéquipières. En fait, ils ont annoncé qu'on était remises ensemble », se rappellent-elles au sujet de ce soulagement.
La séparation leur a permis de voir autre chose, d’apprendre sur elles-mêmes et de progresser, mais c’est bien ensemble qu’elles avaient le plus de chances de remplir leurs objectifs.
« C'était constructif mais pas autant que ce que nous on pouvait s'apporter au quotidien », avoue Lézana Placette qui reconnaît que cette situation fait penser à la vie d’un couple, une comparaison récurrente avec leur parcours.
Se retrouver leur a permis de reprendre leur marche en avant. Comme dans une relation, la performance sportive se construit sur la durée et la persévérance a été la clé.
Elles se sont posées des questions sur la viabilité de leur projet après trois semaines compliquées à Cancun au printemps 2021, mais ces doutes ont été rapidement écartés. Et c’est peut-être l'affection qu'elles se portent qui a sauvé leur paire.
« C'est quand même plus facile d'être amies parce qu'on peut se dire les choses, on se connaît, on sait comment on fonctionne, on ose se dire les choses, ça permet d'avancer plus vite », explique Lézana Placette alors que sa coéquipière avoue que cette étape a été constructrice.
Depuis, leur progression dans la hiérarchie mondiale a été continue, mais est-ce vraiment le plus important ?
« Les résultats, c'est du bonus. Le vrai bonheur, c'est d'être ensemble » avoue Lez.
« Le vrai bonheur, c’est performer en étant qui on est au naturel » complète sa coéquipière.