Parmi les épreuves olympiques les plus attendues, la finale du 100 m hommes est souvent source de rebondissements et d’anecdotes mémorables.
À Atlanta, le champion en titre était le Britannique Linford Christie. Il s’était qualifié pour la finale, mais devait faire face à des adversaires redoutables, à savoir l’Américain Dennis Mitchell, Frankie Fredericks de Namibie, le Canadien Donovan Bailey et Ato Boldon, de Trinité-et-Tobago.
Déjà grand-père et âgé de 36 ans, Christie ne manquait pourtant ni d’assurance, ni de détermination.
Après un début difficile et deux faux départs, signés Christie et Boldon, les coureurs regagnèrent une troisième fois les starting-blocks, s’élancèrent, mais furent stoppés à nouveau. Les images de contrôle montraient que Christie était parti une fraction de seconde trop tôt, et cette nouvelle faute lui valut d’être disqualifié. Le coureur britannique, abasourdi, refusa tout d’abord cette décision. Il ne s’éloigna qu’après plusieurs minutes de contestations, se résignant finalement à suivre la course depuis le tunnel.
Les autres athlètes s’élancèrent alors pour la quatrième fois, sans nouvel incident. Mitchell prit la tête avant d’être dépassé par Boldon, qui conserva son avantage jusqu’à mi-course. C’est alors que Bailey fonça pour s’imposer dans les 30 derniers mètres, triomphant avec un temps de 9 s 84, soit une avance de 0,05 seconde sur son plus proche rival, et signant du même coup un nouveau record mondial.
Tout se passa très vite, et à la rapidité des événements s’ajoutait la surprise : en effet, aucune médaille ne revenait à Mitchell, le premier coureur à parcourir les 100 m en moins de 10 secondes lors d’une finale olympique.
Bailey dédia sa victoire à son oncle Keith, qui luttait contre le cancer. Il ignorait que Keith était en fait décédé la veille : sa famille le lui avait caché afin qu’il puisse se concentrer sur la finale.
Les exploits de Bailey n’étaient pas terminés. Il était également le finisseur de l’équipe canadienne au relais 4 x 100 m. Lors de la finale, la course fut d’abord menée par les Américains, mais un passage de témoin irréprochable permit aux Canadiens de s’imposer et ils parvinrent à accroître leur avance sur les 200 mètres suivants. Enfin, Bailey réalisa un sprint exemplaire et franchit la ligne d’arrivée en brandissant les poings en signe de triomphe, décrochant une nouvelle médaille d’or.