Athlétisme - Sasha Zhoya : « Les attentes qui m’entourent me donnent la motivation »
Sasha Zhoya fait partie des athlètes qui participeront ce dimanche 8 octobre à la Journée Paralympique à Paris. À cette occasion, découvrez comment le hurdleur français parvient à repousser ses limites pour répondre aux attentes qui l'entourent.
Sasha Zhoya a conclu sa deuxième saison senior avec une sixième place aux Championnats du monde d'athlétisme 2023 et un nouveau record personnel en 13,15 s.
Course après course, année après année, le Franco-Australien confirme les attentes placées en lui. Elles sont nombreuses et comment pourrait-il en être autrement avec un parcours comme le sien ? En U18 et en U20, personne n'a jamais couru le 110 m haies plus vite que lui.
Mais si son profil est aussi singulier, ce n'est pas uniquement pour ses exploits dans les catégories de jeunes. Son histoire est unique à tous les niveaux.
Le double champion de France du 110 m haies est né à plus de 14 000 km des pistes où il a décroché ses titres nationaux. Sasha Zhoya a vu le jour à Perth en Australie, d'une mère française et d'un père zimbabwéen. Sur l'île-continent, celui qui admirait alors Usain Bolt a rapidement brillé en athlétisme grâce à des performances prometteuses autant en saut à la perche qu'en 110 m haies.
Équipe de France ou sélection australienne ? Perchiste ou hurdleur ? Les questions qui entouraient ses premiers exploits ont été aussi nombreuses que ses qualités. Lui a préféré y répondre sur la piste.
« À 18 ans, j'ai décidé de rejoindre l’équipe de France pour représenter les couleurs de la France, le pays de ma mère. Je me sens honoré et chanceux de porter ce maillot. Je suis toujours prêt pour représenter mon pays », a-t-il expliqué à Olympics.com lors d'une interview à Budapest.
Sasha Zhoya a hâte de vivre les Jeux Olympiques de Paris 2024 dans son pays
Ce choix ne l’empêche pas de profiter au maximum du mélange de cultures dont il est issu. En-dehors de la saison sportive, il n’hésite pas à mettre le cap sur l’Océanie pour profiter de l’été austral. Une opportunité unique se présente quand même à lui avec ce choix : participer aux Jeux Olympiques de Paris 2024 dans son pays.
« Je suis incroyablement excité par Paris 2024. J'ai discuté avec certains athlètes qui ont eu l'opportunité de faire les JO à domicile. Il y a une grande différence entre les Jeux à la maison et les Jeux à l'étranger. Ces Mondiaux en Hongrie le montrent. Ces cris, ces encouragements poussent les athlètes hongrois à repousser leurs limites et à établir de nouveaux records personnels. J'ai hâte de vivre ça avec le public français, le sentir nous pousser à courir plus vite, à sauter plus haut. »
Même s'il fera ses premiers pas sur la scène olympique au Stade de France, le hurdleur de 21 ans aura des ambitions élevées, à la hauteur de son esprit de compétiteur. Et elles ont été renforcées par sa performance aux Mondiaux 2023. Finir sixième prouve qu'il est sur le bonne voie pour viser une médaille aux JO.
Cet objectif est le symbole d'un athlète qui ne se fixe aucune limite. Le licencié à Clermont se nourrit de la hype qui l'accompagne depuis des années pour y arriver.
« Les attentes me donnent la motivation. Elles me rappellent que je dois être là à l'entraînement pour donner le meilleur de moi-même. On me suit depuis mes années juniors et c'est de plus en plus le cas. Cela m'aide vraiment à faire ce qu'il faut pour accomplir ce que j'ai envie d'accomplir : être champion olympique, être champion du monde et évidemment battre le record du monde », annonce-t-il de manière aussi déterminée que posée.
Sasha Zhoya n'a pas peur de parler de ses émotions
Ce discours n'a rien d'arrogant. Sasha Zhoya parle avec autant de passion de ses ambitions que de ses failles. Son adaptation au niveau senior a parfois été ralentie par des blessures et il n'a aucun mal à évoquer le sujet. En interview comme auprès de préparateur mental ou psychologue.
« Tu vas avoir des sentiments, et des émotions et parfois, ils peuvent te tirer vers le bas. Il faut être à l'aise avec le fait que tout n'ira pas toujours bien. Il faut accepter les mauvaises situations et les blessures peuvent être les plus mauvaises situations possibles. J'ai eu des petits soucis, des petites blessures au début de ma carrière mais le plus important est de pouvoir rebondir le plus vite possible. »
La maturité d'un tel discours pourrait faire oublier qu'il n'a que 21 ans. Ses nombreuses années à faire les gros titres aussi. La précocité de ses exploits n'a d'égal que la vitesse à laquelle il efface les haies, mais il en faut plus pour lui faire oublier que prendre son temps est parfois une nécessité.
« J'ai de grands rêves mais c'est une progression sur la durée. On ne devient pas champion du monde en deux jours », admet le champion d'Europe espoirs en titre.
Malgré les contre-temps subis, l'élève de Ladji Doucouré est là où il espérait être. Attentes, blessures, concurrence, Sasha Zhoya a pris l'habitude de tranformer chaque obstacle en force à l'image de la vitesse qu'il produit en franchissant chaque haies. En gardant cet état d'esprit et ce rythme, les records vont continuer de tomber et les lignes de son palmarès risquent de se multiplier.