Bonne Saint Valentin ! Le couple olympique Élodie Clouvel et Valentin Belaud parlent de l'art de l'adaptation

La médaillée d’argent de Rio 2016 Élodie Clouvel et le double champion du monde Valentin Belaud forment le couple qui domine le pentathlon moderne français, un sport où la capacité d’adaptation est fondamentale. Une compétence plutôt utile pendant cette période inédite.

Elodie Clouvel - Pentathlon
(2016 Getty Images / Sam Greenwood)

Le pentathlon moderne est l’une des disciplines les plus fascinantes du programme olympique. Non pas car c’est une combinaison de cinq sports, mais parce que ces cinq sports sont complètement différents les uns des autres. Escrime (épée), natation (200 m nage libre), équitation (saut d’obstacles), tir et course à pied (combiné). Et il est impossible d’avoir des points faibles. Si vous voulez dominer la discipline, bien sûr.

« Pour être championne olympique, il faut être excellente dans tous les sports. Dans le pentathlon moderne d’aujourd’hui, il n’y a pas de place pour un point faible. » Ces mots viennent de la vice-championne olympique de Rio 2016 Élodie Clouvel, la première pentathlète française à obtenir une médaille olympique. Avec son compagnon Valentin Belaud, plus jeune champion du monde de l’histoire en 2016 qui a récupéré son titre en 2019, ils pourraient devenir le nouveau couple en or de Tokyo 2020. C’est leur objectif. Ensemble dans la vie depuis 5 ans, ils s’aident mutuellement pour maintenir leur place au sein des meilleurs pentathlètes au monde.

Pour Tokyo2020.org, ils ont accepté de parler de leur passion de ce sport et de leur vie, qu’ils ont temporairement délocalisées dans la campagne landaise pendant la période de confinement. Ils peuvent ainsi continuer à se préparer sans se déplacer.

Cinquante nuances d’adaptation

Lorsque le confinement a été annoncé en France, en mars 2020, Clouvel et Belaud ont rapidement pris la décision de louer une maison dans les Landes afin de continuer à s'entraîner. Même s'ils ne pouvaient ni nager ni monter à cheval, ils se sont adaptés. Mais au final, cela n'a pas véritablement changé leurs habitudes.

En pentathlon moderne, « nous nous adaptons constamment », expliquaient-ils. Ils se sont donc adaptés.

L’adaptation est fondamentale en pentathlon moderne. Aux Jeux Olympiques, la manche de classement d’escrime a lieu lors du premier jour de compétition, puis toutes les autres épreuves ont lieu le lendemain, avec une nouvelle manche d’escrime. Cela veut dire qu’en un seul jour, en moins de six heures, les athlètes doivent prendre part à cinq épreuves à un niveau intense, où chaque épreuve requiert des compétences différentes. Les qualités techniques, tactiques, mentales, intellectuelles ou physiques sont tour à tour sollicitées, voire même parfois ensemble.

Pour atteindre le plus haut niveau, une semaine d’entraînement doit ressembler au programme d’un stage multisport d’été. Mais ce n’est pas juste pour une semaine ou deux. C’est toutes les semaines. Pour Valentin et Élodie, une semaine ressemble à ça : 

  • Matin : natation puis escrime ou tir 
  • Après-midi : course à pied ou tir & course à pied combinée
  • Deux fois par semaine : équitation
Nous voulons avoir une session de course à pied, de natation et de tir tous les jours.

Adapter son équipe

Les détails sont fondamentaux pour parvenir au sommet de son sport. C’est quelque chose que Valentin et Élodie ont bien compris. En plus de leurs différents entraîneurs sportifs, ils sont également suivis par un psychologue afin de renforcer leur mental, mais également par une professeure de danse. Oui, de danse. Ils n’ont pas (encore ?) l’intention de s’aligner sur l’épreuve de breakdance des Jeux Olympiques de Paris 2024, mais cette professeure de danse est là pour les rendre plus efficaces. 

« Nous économisons de l’énergie sur tous nos mouvements et nos gestes, explique Valentin Belaud. Tout le monde s’entraîne dur et progresse, mais nous pouvons aller encore plus loin et tenir plus longtemps en éliminant tous les gestes parasites. »

S’adapter à quelqu’un d’autre

Contrairement aux autres disciplines combinées olympiques comme le triathlon et le décathlon où le succès dépend principalement de soi, ce n’est pas le cas en pentathlon moderne. 

Avec l’escrime, le pentathlète doit faire face à un adversaire. Et cet adversaire est multiplié par 35, car tout le monde se rencontre une fois dans une combat à mort subite où la première touche est gagnante. Adaptation, disiez-vous ? « Combattre contre un adversaire est totalement différent des autres sports, explique Élodie Clouvel. Il faut prendre l’ascendant sur l’adversaire pour le toucher et surtout l’amener dans la position idéale pour faire ce que l’on veut. »

Après cela, ce n’est plus un adversaire avec qui il faut faire affaire, mais un partenaire. Ce partenaire, c’est un cheval. Et il n’appartient pas à l’athlète, évidemment. Il le découvre 20 minutes avant la compétition. Une nouvelle définition de l’adaptation…

S’adapter soi-même

Mais une question reste en suspens. Comment se lève-t-on le matin en se disant « c’est bon, je veux faire du pentathlon » ? Et bien on ne se réveille pas avec cette idée, tout simplement. Cette idée apparaît plutôt comme une évidence. Pour Valentin Belaud, c’était par soucis d’hyperactivité. Et par soucis pratique, aussi.

« J’ai fait du judo, du tennis de table, de l’escalade, de la course à pied… Mais à un moment, mes parents m’ont demandé de choisir car ce n’était pas pratique de m’emmener à plusieurs sports. Mais je ne pouvais pas choisir. Je suis hyperactif et j’avais besoin de faire plein de choses, alors je me suis dirigé vers le pentathlon moderne à l’age de 8 ans. C’est une discipline tellement riche, j’ai adoré. Et en une seule après-midi, je pouvais faire trois sports. Mes parents ont donc adoré aussi ! »

Pour Élodie Clouvel, elle a répondu à une sorte de « pentathlon calling ». D’abord nageuse de haut-niveau, entraînée par l’emblématique entraîneur Philippe Lucas, elle n’est pas parvenue à se qualifier pour les Jeux Olympiques de Pékin 2008. Comme son rêve de toujours est de « devenir championne olympique », elle a écouté l’appel de la Fédération Française de Pentathlon à l’âge de 19 ans, qui lui a proposé d’intégrer son équipe. Elle ne savait pas monter à cheval, ni tenir un pistolet, ni manier une épée, mais elle s’est entraînée. Puis elle a remporté une médaille d’argent à Rio 2016. Au fait, qui a parlé d’adaptation ?

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