Arielle Gold évoque les JOJ, sa médaille à PyeongChang et les défis de 2020
Après avoir décroché deux médailles d'argent aux Jeux Olympiques de la Jeunesse d'hiver (JOJ) d'Innsbruck en 2012, la snowboardeuse américaine Arielle Gold a été sacrée championne du monde en 2013 et sélectionnée au sein de l'équipe américaine pour les Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi en 2014. Une blessure à la veille des Jeux l'a malheureusement empêchée de se rendre en Russie. Toutefois, elle a pu faire son grand retour quatre ans plus tard et goûter au rêve olympique aux Jeux d'hiver de PyeongChang 2018 où elle a remporté la médaille de bronze au halfpipe, se classant juste derrière Chloe Kim, une autre athlète des JOJ. Ici, Arielle revient sur son expérience aux Jeux et sur la façon dont les JOJ l'ont préparée à la scène olympique.
Cette année a été difficile pour de nombreux athlètes. Comment la pandémie vous a-t-elle affectée ?
C'est clairement un challenge. Déjà, je pense que passer autant de temps à la maison, surtout lorsque l'on est habitué à être tout le temps sur la route comme je le suis, a eu des effets sur mon mental. Mais cette situation a aussi eu des côtés positifs. J'ai pu me concentrer sur mes études, prendre vraiment soin de moi, faire beaucoup de sport et me préparer autant que possible à la saison qui arrive, sans poser un pied sur la neige.
A-t-il été difficile de vous entraîner alors que l'on ne sait toujours pas si certains événements pourront avoir lieu ou non ?
Oui, tout à fait. J'en ai parlé avec plusieurs coéquipiers et autres athlètes pour savoir comment ils appréhendent la saison à venir, et je pense qu'ils se concentrent juste sur leur préparation. De toute façon, ça ne fait jamais de mal de s'entraîner, même si peu de championnats sont finalement maintenus cette saison. J'essaie de saisir toutes les occasions possibles d'être sur la neige et de me concentrer sur ce que nous pouvons contrôler. Mon but est d'essayer d'être prête pour le retour des compétitions, peu importe quand elles auront lieu.
Au-delà de cette saison, les Jeux Olympiques d'hiver de Beijing 2022 approchent à grands pas. Vous y songez déjà ?
Je les ai bien sûr en tête. Pour les Jeux Olympiques précédents, même si je savais qu'ils approchaient, j'essayais de ne pas me concentrer uniquement sur cet objectif. Je pense qu'il y a parfois des attentes vraiment élevées autour de cet événement et je ne veux pas qu'un seul tournoi définisse toute ma saison. J'y travaille évidemment, et savoir que les Jeux approchent est une bonne source de motivation, mais je ne veux pas que cela soit la seule et unique raison de mon travail acharné.
Vos débuts sur la scène olympique remontent aux JOJ d'hiver d'Innsbruck 2012. Quel bilan tirez-vous de votre expérience à ces Jeux ?
Innsbruck a été une expérience incroyable. À l'époque, je ne me rendais pas compte à quel point cette expérience est comparable aux Jeux Olympiques, mais maintenant que j'ai participé aux deux compétitions, je trouve que c'est formidable qu'ils aient réussi à recréer cette ambiance pour les jeunes athlètes qui poursuivent le rêve olympique. Je dirais que cela m'a assurément préparée à ce que j'allais ressentir sur la scène olympique. Cela a aussi été une occasion en or de rencontrer des athlètes venus du monde entier, spécialisés dans tous les sports. Ça m'a vraiment poussée à continuer à m'entraîner pour participer un jour aux vrais Jeux Olympiques.
Quels sont vos meilleurs souvenirs d'Innsbruck ?
Difficile de choisir ! Je dirais tout simplement aller à la cafétéria tous les jours. Le chemin pour y aller était magnifique, car nous logions à Innsbruck. Ça nous faisait une petite promenade agréable à travers la ville et c'était l'occasion rêvée de découvrir certaines de ses attractions. Nous n'avons pas souvent cette chance pendant les tournois, car nous logeons généralement dans des zones plus rurales et plus proches des montagnes. Donc c'était génial de loger en ville et de pouvoir faire le plein de culture.
Et rentrer chez vous avec deux médailles [d'argent au halfpipe et au slopestyle] a également contribué à rendre ce voyage merveilleux, non ?
Oui, c'est évidemment toujours un plus ! Je me rends à chaque compétition avec l'espoir de réaliser de belles performances, mais au fil de m'a carrière, j'ai appris à accorder moins d'attention aux résultats et plus à l'expérience en général. Mon but est de prendre du plaisir sur ma planche.
Qu'avez-vous appris pendant votre séjour à Innsbruck qui vous a aidée dans votre carrière depuis ?
Honnêtement, je pense que la plus grande leçon que j'en retire est de profiter de l'expérience d'un bout à l'autre. C'est surtout vrai pour les Jeux Olympiques, car ils ont quelque chose d'unique que l'on ne retrouve pas dans les autres événements traditionnels de la saison, comme concourir aux côtés d'athlètes du monde entier ou faire connaissance avec des athlètes de tous les horizons et tous les sports. Et je pense que le simple fait de socialiser avec ces athlètes aux Jeux Olympiques de la Jeunesse m'a donné l'assurance et la volonté de vraiment profiter au maximum des JO, de faire autant de nouvelles rencontres que possible et juste de réellement m'imprégner de cette expérience dans son ensemble.
Deux ans seulement après Innsbruck, vous avez été sélectionnée pour faire partie de l'équipe américaine aux Jeux de Sotchi 2014, mais une blessure vous a empêchée de concourir. Quel souvenir avez-vous de cette période ?
Ce fut clairement l'un des moments les plus difficiles de ma carrière. J'avais des attentes assez élevées quant aux Jeux, notamment en raison de mon jeune âge, et j'ai aussi laissé les attentes des autres peser un peu trop sur moi. Donc, je n'ai pas retiré autant de positif que j'aurais pu de cette expérience et ma blessure n'a bien sûr pas aidé. C'était vraiment décevant. La pression des mois précédant les Jeux a aussi été difficile à gérer. J'en ai quand même tiré de belles leçons, j'ai eu la chance d'assister aux Jeux et de découvrir cette atmosphère qui leur est propre. Puis j'ai de nouveau eu l'occasion d'y participer en 2018 et de faire les choses différemment.
Qu'avez-vous ressenti à l'approche de PyeongChang 2018 ?
C'était complètement différent, notamment parce que je n'avais pas eu d'aussi bons résultats les saisons précédentes que durant celles avant mes premiers Jeux. Donc, je pense qu'il y avait moins de pression extérieure, parce que l'on n'attendait plus autant de moi. À l'aube de mes premiers Jeux, Sports Illustrated m'avait nommée future médaillée. J'avais 17 ans et peut-être un peu trop confiance en moi, mais je n'étais vraiment pas prête à gérer toute cette pression. Avoir la chance d'y reparticiper en 2018, cette fois-ci plutôt comme une outsider, m'a aidée à tempérer mes attentes et à me concentrer pour réaliser les meilleures performances possibles sans trop prêter attention aux feux des projecteurs.
Et pensez-vous que cet état d'esprit vous a aidée à remporter la médaille de bronze ?
Cela a vraiment fait la différence. J'ai aussi beaucoup travaillé aux côtés d'un psychologue du sport cette saison-là. Je pense que j'étais vraiment plus forte mentalement, un peu plus résiliente, et cela a beaucoup joué. Le fait d'avoir déjà été présente aux Jeux a effacé un peu de leur éclat ; je savais à quoi m'attendre. J'ai pu me concentrer sur ma préparation et tout faire pour réaliser les meilleures performances possibles.
Que représentent pour vous les Jeux Olympiques ?
J'essaie de les voir comme un événement comme un autre. Mais je n'oublierai évidemment jamais mon expérience aux JO de 2018. J'ai grandi en rêvant de participer aux Jeux Olympiques et de remporter une médaille olympique, ce fut donc une expérience incroyable pour moi. C'était aussi la confirmation que tout le travail acharné que j'avais fourni portait ses fruits. C'est le grand temps fort de ma carrière. D'autres événements comme les X Games sont aussi très importants pour moi, mais voir de mes propres yeux le niveau de performance des autres athlètes durant les Jeux Olympiques m'a vraiment prouvé de quoi nous pouvons tous être capables lorsque nous concourons dans les meilleures conditions possibles.