Après PyeongChang, le skieur acrobatique Fabien Boesch fait une entrée fracassante dans la cour des grands
Fabian Boesch compte parmi les skieurs acrobatiques les plus prometteurs au monde. L'année dernière, le prodige suisse a multiplié les exploits : sacré champion du monde de big air, il est aussi devenu le premier skieur acrobatique de l'histoire à poser un "quad flip 1980", et a décroché l'argent lors de sa deuxième épreuve de slopestyle pendant la Coupe du monde 2020. Un beau palmarès, pour un athlète qui avait fini 24e en slopestyle aux Jeux de PyeongChang 2018.
La peur est une émotion rare pour Fabian Boesch, qui se consacre corps et âme à accomplir des exploits que personne n'avait encore jamais réalisés.
"Je suis fasciné par les tricks sur lesquels nous travaillons actuellement", confie le champion du monde de big air en ski acrobatique 2019. "C'est vraiment dingue ! J'espère qu'on va continuer sur cette voie. Je suis curieux de voir jusqu'où on peut aller, ce qui est possible et ce dont je suis capable."
"Au début, tout le monde pensait que les trips [triples rotations] étaient irréalisables. Et pourtant, j'ai fait un quad [quadruple rotation]."
Ce fameux quadruple flip 1980 a d'ailleurs marqué un véritable tournant dans la discipline. Le jeune athlète de 22 ans qui, contre toute attente, remporta la médaille d'or aux X Games en 2016, était en plein échauffement pour l'édition 2019 lorsqu'il a réalisé un trick sans précédent.
En l'écoutant raconter le processus qui a débouché sur cette prouesse si audacieuse, on comprend mieux la motivation et l'engagement dont les sportifs doivent faire preuve pour révolutionner leur discipline.
"Lorsque je m'entraînais sur les triples, j'avais l'impression d'avoir encore un peu de temps après la troisième rotation. J'ai fait 10-15 triples juste pour être sûr de les maîtriser parfaitement, en ouvrant à la fin pour voir si j'avais encore suffisamment d'impulsion pour en faire une de plus", explique Fabien Boesch. "J'en ai parlé à mon entraîneur et il m'a dit 'Ok, c'est possible, tu as le temps'."
"À ce stade, je ne pensais plus qu'à ça. Je savais que c'était possible et je me répétais sans cesse que je pouvais y arriver et que j'allais réussir. Je n'ai pas eu peur. Je n'ai pas pris cette décision sur un coup de tête, je savais exactement le temps que j'avais en l'air."
C'est donc sûr de lui qu'il franchit le pas en janvier 2019, laissant bouche bée la foule qui assistait à l'entraînement pour les X Games à Aspen, aux États-Unis. Même si ce trick sans précédent n'a pas valu de médaille à Fabien Boesch, qui a fini neuvième de la compétition, il illustre l'assurance gagnée par le jeune skieur suisse depuis sa deuxième apparition olympique aux Jeux de PyeongChang 2018.
Connu depuis toujours pour son côté casse-cou, Fabien Boesch a franchi un nouveau cap en termes de performances ces dernières années. Au cours des deux derniers étés, loin de se reposer et de récupérer, il s'est consacré à rechercher de nouvelles possibilités, tout en s'entraînant sans relâche.
"La plupart du temps, je commence par le trampoline", précise-t-il au sujet de sa routine estivale. "Même si le [nouveau] trick est un double, il peut généralement se diviser en deux temps. Je fais donc d'abord la première partie en atterrissant sur le trampoline, puis j'enchaîne sur la deuxième partie. Je recommence plusieurs fois jusqu'à me sentir à l'aise. Puis je saute du trampoline dans une fosse en mousse en essayant d'assembler les deux parties, pour réussir le trick."
"Ensuite, je le refais en entier sur le trampoline. C'est une étape cruciale. Une fois que je sais comment le trick fonctionne, je peux savoir où j'en suis pendant le saut."
Et d'ajouter : "Aujourd'hui, les gros coussins d'air permettent de s'entraîner sur la neige, ce qui est fantastique car je peux voir ce que ça donne avec le poids supplémentaire des skis aux pieds. Après cette dernière étape, je suis prêt."
Malgré sa passion à la fois pour le big air et le slopestyle, Fabien Boesch apprécie tout particulièrement la créativité permise par cette deuxième discipline. Le jeune homme originaire d'Engelberg se dit séduit par la possibilité de choisir son propre chemin, et par conséquent ses tricks, tout au long du parcours.
Certains des sites où il participe au cours de la saison fournissent des détails sur le parcours, voire des animations en 3D. Pourtant, ce véritable électron libre reconnaît que la plupart du temps, il préfère s'y rendre sans préparation pour observer le site et se faire sa propre idée.
"En fait, les représentations en 3D sont toujours un peu différentes [du vrai parcours]", explique-t-il. "Il est impossible de savoir la longueur du saut ou le degré d'inclinaison de la piste de réception. La plupart du temps, je préfère donc y jeter un coup d'œil pour me faire une première impression, puis j'étudie le parcours lors du premier entraînement, je fais une première descente pour tester la vitesse, puis je réfléchis à ma stratégie."
Une technique qui semble porter ses fruits, puisque Fabien Boesch a fini aux cinquième et deuxième place lors de ses deux premières épreuves de slopestyle en Coupe du monde cette année. Et pour poursuivre sur sa lancée, il ne laisse aucune chance au hasard.
"Je dois être en super forme, sur tous les aspects", affirme-t-il. "Il ne suffit pas d'être costaud, ou rapide ou endurant, il faut être les trois à la fois. Lors des compétitions de slopestyle, on s'entraîne pendant deux jours avant de passer les qualifications, puis les finales, ce qui fait beaucoup de descentes. Si vous fatiguez vers la fin, cela peut s'avérer dangereux."
"Je fais surtout du VTT, en montée comme en descente. Je monte généralement pendant une heure et demie avant de redescendre. Et je fais aussi de la natation. Le vélo pour les jambes, la natation pour le haut du corps."
Alterner entre ses deux disciplines ne pose pas de problème à Fabien Boesch, qui utilise les mêmes skis pour les deux. Par conséquent, il n'est pas surprenant qu'il ait déjà l'intention de participer à deux des épreuves des Jeux Olympiques d'hiver de Beijing 2022, où le big air en ski acrobatique fera son entrée au programme aux côtés du slopestyle.
Mais Fabien Boesch ne vise pas seulement les médailles. Ce qu'il aime plus que tout, c'est être sur la neige, sur la plus prestigieuse scène au monde, entouré de ses camarades.
"Nous nous entraidons à chaque compétition et chaque entraînement", déclare Fabien Boesch. "Sur le télésiège, on papote. 'Tu as vu mon dernier trick ? Qu'est-ce que tu en penses ? C'était bien ? Il faut que je change quelque chose ?' C'est vraiment utile, j'adore ça !"