Si, en 1948, Audrey Patterson ouvrit la voie aux athlètes noirs, Alice Coachman l’emprunta glorieusement. Le lendemain de la médaille historique de Patterson, Alice Coachman, en effet, devint la première Noire de l’histoire à remporter un titre de championne olympique en athlétisme.
Alice Coachman venait d’un milieu modeste de Géorgie et ses ambitions sportives ne bénéficièrent que d’un piètre soutien parental, d’autant que la ségrégation qui sévissait aux États-Unis restreignait également l’accès aux installations d’entraînement de haute qualité. Sans se décourager, elle ne compta que sur elle-même pour développer sa force et sa technique. Seule la compétition la passionnait et c’est ainsi qu’elle se servit d’une corde et de deux piquets pour s’entraîner au saut en hauteur, tout en développant son ardeur en courant pieds nus sur de mauvaises routes empierrées et poussiéreuses.
Son sport était le saut en hauteur mais elle présentait des talents dans nombre d’autres épreuves également. Elle décrocha des titres nationaux dans le 50 m, le 100 m et le relais 400 m. Elle était par ailleurs une très bonne joueuse de basketball. Néanmoins elle excellait avant tout en saut en hauteur comme en témoigne le titre national de cette discipline qu’elle détint durant dix ans d’affilée jusqu’en 1948.
Réticente, tout d’abord, à l’idée de concourir aux Jeux Olympiques, elle accepta finalement de se présenter aux séries et balaya rapidement le record national de saut en hauteur, en dépit d’un dos en mauvaise condition.
À Londres, et devant 83 000 spectateurs, elle fit honneur à l’occasion qui se présentait. Avec la Britannique Dorothy Tyler, Alice Coachman passa la barre à 1 m 68, mais comme cette dernière avait acquis cette hauteur dès son premier essai elle fut déclarée victorieuse. C’est ainsi qu’elle fut non seulement la première femme noire à décrocher un titre de championne olympique, mais aussi la seule femme américaine à remporter une médaille d’or à ces Jeux de 1948. Le roi d’Angleterre en personne la lui remit et, de retour chez elle, elle eut droit au traitement des héros.
Elle fut reçue par le président Truman et sa ville d’Albany organisa une « Journée Alice Coachman » au cours de laquelle un défilé de 282 kilomètres se déroula en son honneur au cours duquel elle fut acclamée par une foule de Noirs et de Blancs. Quatre ans plus tard, elle devait signer un contrat avec Coca-Cola, ce qui fit d’elle la première athlète féminine noire à représenter un produit de consommation à l’international.