Teófilo Stevenson : un poids lourd qui vaut son pesant d’or

Teófilo Stevenson se distingue tant par le record qu'il a établi - premier boxeur à remporter trois médailles d'or olympiques dans la même catégorie en trois éditions consécutives des Jeux - que par une loyauté indéfectible envers son pays. Le boxeur cubain compte parmi les meilleurs sportifs du XXe siècle. Il fête aujourd’hui ses 55 ans, l’occasion de revenir sur le brillant parcours de cet athlète.

3 min lecture|
Teófilo Stevenson : un poids lourd qui vaut son pesant d’or
© Getty Images

Une force et une rapidité à toute épreuve

La victoire de Stevenson aux Jeux Olympiques de Munich dans la catégorie des poids lourds marque le début d’une longue série de médailles d'or : Montréal en 1976, Moscou en 1980, que viennent compléter celles décrochées aux Jeux Panaméricains de 1975 et 1979 et aux Championnats du monde de 1974, 1978 et 1986. À cette avalanche de métal doré s’ajoutent de nombreux honneurs : à Munich en 1972, l’Association Internationale de Boxe qui s’appelait alors la Fédération Internationale de Boxe Amateur lui décerne le Trophée "Val Baker", attribué au boxeur le plus doué et le plus élégant.

De l’or bien mérité ! Il fait en effet preuve d’une rapidité et d’une force exceptionnelles qui laissent KO ses adversaires. À Montréal par exemple, il élimine ses trois premiers rivaux en un temps record de 7 minutes et 22 secondes ! Cuba boycottant les Jeux Olympiques de 1984 et 1988, Stevenson ne pourra défendre son titre ni à Los Angeles ni à Séoul. En 1988, il met un terme à sa carrière après un combat à Las Tunas, la ville qui l’a vu naître 36 ans auparavant.

La boxe à Cuba : un cas particulier

Réservoir de boxeurs de haut niveau comme Félix Savón, avec ses trois titres olympiques, et Hector Vinent, avec ses deux médailles d'or olympiques, Cuba n’a toutefois pas su conserver ses héros. En 1962, Fidel Castro signe en effet un décret national qui interdit le professionnalisme sportif. De nombreux athlètes s’exilent alors pour faire carrière.

Symbole de l’amateurisme face au professionnalisme, la boxe reste malgré tout le principal porte-drapeau de Cuba. L’île se distingue notamment aux Jeux Olympiques, remportant cinq médailles à Munich, huit à Montréal, neuf à Moscou, neuf à Barcelone, sept à Atlanta et six à Sydney.

Stevenson figure parmi les rares sportifs cubains à résister aux offres alléchantes de l'étranger. Un promoteur américain lui aurait ainsi proposé plusieurs millions de dollars pour affronter Mohammed Ali, alors champion du monde des poids lourds. Faisant preuve d’une fidélité sans faille à son pays, le Cubain aurait décliné l’offre : "Tout l’argent qu’on pourrait me donner n’égalera jamais l’amour que je porte à ma patrie".

Amateur avant tout

La boxe amateur existe depuis l’Égypte antique. Sa première apparition olympique remonte à la fin du VIIe siècle avant J.-C. Lors des premiers Jeux Olympiques modernes à Athènes en 1896, elle est interdite car jugée trop dangereuse. Après un chassé-croisé d’interdictions et de réintroductions, elle devient sport olympique de façon définitive à Anvers en 1920.

Resté amateur en privilégiant le sport et son pays à l’argent, Stevenson est non seulement demeuré fidèle à sa patrie mais aussi à l’esprit olympique.

Sur le ring depuis l’âge de 9 ans, Teófilo Stevenson a remporté neuf médailles dont huit d’or et plus de 302 combats pour 22 défaites seulement : vous avez dit amateur ?