Le CIO ouvre la voie à l’égalité des sexes

L'égalité des sexes dans le sport a progressé, mais il reste encore beaucoup à faire. Voici de quelle manière le CIO ouvre la voie.

Le CIO ouvre la voie à l’égalité des sexes
© 2016 Getty Images

Par Donna de Varona

La Journée internationale du sport au service du développement et de la paix des Nations Unies (ONU) nous rappelle le pouvoir unificateur du sport et le rôle important que celui-ci joue pour envoyer un message de paix et d'égalité pour tous. L'aire de compétition offre une plateforme propice au changement social afin de faire tomber les barrières, construire des ponts et rassembler tout un chacun, indépendamment de sa race, de sa nationalité ou de son sexe. Toutefois, la discrimination à l'encontre des femmes demeure dans de nombreux domaines, y compris dans l'arène sportive, même si les comportements liés aux stéréotypes sexuels continuent d'évoluer.

En tant qu'olympienne – et en tant que commentatrice qui a commencé à couvrir les Jeux Olympiques à l'âge de 17 ans – j'ai pu constater par moi-même de quelle manière la participation et l'accès au sport peuvent aider à réduire l'écart entre les hommes et les femmes.

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Le sport peut avoir et a une influence positive sur l'évolution de l'égalité des sexes. L'aire de compétition contribue non seulement à l'édification d'un monde meilleur, mais elle offre aussi un espace où nous pouvons promouvoir l'égalité des sexes en donnant aux femmes et aux jeunes filles des chances égales de tirer parti des bienfaits du sport. Il n'y a pas de meilleur endroit pour ce faire que les Jeux Olympiques. Chaque pays doit suivre les mêmes règles et jouer sur un pied d'égalité – or le fait d'avoir l'occasion de représenter votre pays et de rencontrer des femmes solides et talentueuses venues du monde entier vous ouvre de nouvelles perspectives. Les Jeux Olympiques ont une action égalisatrice sur le sport féminin.   

La pratique sportive responsabilise les femmes athlètes et leur donne des compétences et la confiance nécessaires pour survivre et briller dans le monde d'aujourd'hui, aussi bien sur l'aire de compétition qu'en dehors. Les sports individuels et les sports d'équipe ont vocation à aller au-delà des limites du sexe, de la religion, de la race et de la nationalité. Ils assurent la promotion de la santé et du bien-être, de la confiance en soi, des capacités sociales et décisionnelles, et surtout, de la persévérance. Les sportives renversent les stéréotypes sexuels, sont des sources d'inspiration pour toutes les jeunes filles et incarnent l'égalité des sexes.

Ouvrir de nouvelles perspectives

Alors que nous avons parcouru un long chemin pour que nous soyons tous égaux sur l'aire de compétition, il n'en a pas toujours été ainsi. Lorsque j'ai concouru aux Jeux Olympiques d'été de 1960 à Rome et de 1964 à Tokyo, les possibilités et les ressources mises à la disposition des femmes athlètes étaient extrêmement limitées. Les femmes ont concouru pour moins d'un tiers des médailles. Le premier sport olympique féminin par équipes, le volleyball, a seulement été ajouté à Tokyo — et je ne parle pas du marathon, du basketball ou du football, ni de la manière dont la presse parlait des femmes athlètes à l'époque. Ce n'est qu'en 1972, avec l'adoption du Titre IX, que j'ai fièrement défendu, que les choses ont commencé à changer.

J'ai commencé à défendre le Titre IX quand j'ai débuté en tant que commentatrice sportive à la télévision. Et lorsque le Congrès américain a approuvé cette loi qui change la donne, qui a ouvert la porte à la non-discrimination sur la base du sexe dans toutes les écoles américaines recevant un financement fédéral, les directeurs sportifs des institutions pédagogiques n'ont pas eu d'autre choix que de faire de la place aux femmes athlètes.

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La manière dont le sexe était perçu dans le sport a aussi changé pour toujours. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Suite à l'adoption de l'amendement Titre IX, le nombre de femmes pratiquant un sport à l'université a augmenté de 545 % et le nombre de femmes faisant du sport au lycée a, pour sa part, augmenté de 990 %. Cette hausse a conduit à l'avènement de générations de dirigeantes capables et confiantes qui ont tiré les enseignements appris en compétition et sur le terrain pour rejoindre des conseils administratifs, des ambassades, des bureaux, etc. De fait, une étude de EY montre que plus de 90 % des cadres supérieurs féminins ont fait du sport plus tôt dans leur vie.

Les progrès que cette loi a contribué à apporter ont été des plus encourageants à mes yeux. Mais il nous reste encore plus à faire et nous avons un rôle à jouer pour continuer à réduire l'écart entre les hommes et les femmes dans le sport.  

Créer le changement

En tant que chef de file du Mouvement olympique, le Comité International Olympique (CIO) a une responsabilité à assumer s'agissant de l'égalité des sexes.

Aujourd'hui, grâce à son projet d'analyse sur la question de l'égalité des sexes et à sa commission des femmes dans le sport, le CIO poursuit son engagement, à savoir utiliser le sport pour faire progresser les droits et le bien-être des femmes et des jeunes filles dans le monde et veiller à ce que les changements soient reflétés non seulement sur l'aire de compétition, mais aussi au niveau de la prise de décisions dans le sport. Parmi les nombreuses actions que le CIO entreprend, la démarche la plus audacieuse est celle qui consiste à appeler à une participation croissante des femmes aux Jeux Olympiques, à hauteur de 50 %, ainsi que le stipule l'Agenda olympique 2020. Mais cela ne s'arrête pas là – les recommandations préconisent en outre la présence de davantage de femmes parmi les officiels, les entraîneurs et les présidents de commissions olympiques et de fédérations sportives. Les changements doivent être menés et mis en place au plus haut niveau.

Étayé par 25 nouvelles recommandations en matière d'égalité des sexes, cet objectif fait fond sur les récents progrès en matière d'égalité des sexes aux Jeux Olympiques auxquels j'ai personnellement assistés et qui m'ont fait chaud au cœur.

Prenez par exemple les Jeux de 2012 à Londres, où il y a eu 44 % de participation féminine, avec des femmes engagées dans chaque sport inscrit au programme olympique. Puis, comparez ce pourcentage à celui de cette année aux Jeux Olympiques d'hiver de PyeongChang, où il y a eu un nombre record de 1 242 femmes athlètes en lice dans les sept sports d'hiver. Cette année, nous avons donc vu le plus fort pourcentage d'olympiennes en compétition de l'histoire des Jeux Olympiques d'hiver. Le Nigéria, l'Inde et le Togo ont notamment envoyé pour la toute première fois des femmes athlètes concourir à une édition des Jeux.  

Au sein du Mouvement olympique, la possibilité d'être une source d'inspiration pour les jeunes filles en les incitant à faire du sport – et à atteindre l'excellence sportive – et la manière dont nous intégrons la discussion autour de l'égalité des sexes dans le sport, sont déterminantes. Nous en parlons depuis longtemps, mais aujourd'hui le moment est venu de prendre des mesures plus importantes et plus audacieuses pour ouvrir la voie à une véritable parité hommes-femmes dans le sport.

Ce qui doit être fait

Malgré les dernières avancées au sein du Mouvement olympique et en dehors – avec un soutien toujours plus important apporté aux femmes athlètes partout ailleurs – nous devons aller de l'avant avec encore plus de réformes.

Cela passera par une coopération avec les fédérations de sport, les officiels, les commissions et les hauts dirigeants car nous allons construire un avenir où l'égalité des sexes sera l'une des principales priorités.

Nous devons également placer plus de femmes à des rôles de décideurs dans le sport – y compris dans les chaînes de télévision, les commissions, les organes dirigeants et les départements des sports dans les universités. Si de plus en plus de femmes athlètes et officielles sont encouragées à parler et à s'exprimer franchement à tous les niveaux, le changement est inévitable.

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Les progrès découleront aussi des actions en justice, sur la base de l'héritage du Titre IX. Cela étant, le changement n'aura pas lieu uniquement grâce à l'adoption de nouvelles politiques. Nous devons trouver le moyen de mettre en œuvre avec succès les politiques en matière d'égalité des sexes, et si tel n'est pas le cas, il faudra en subir les conséquences.

Nous ne pouvons devenir le changement que nous souhaitons voir que si nous rallions à notre cause et mobilisons nos compétences pour prendre des mesures et adopter un changement efficace ensemble. Alors seulement toutes les femmes athlètes pourront réaliser leurs rêves à travers le sport.

Donna de Varona est une double médaillée olympique en natation, détentrice d'un Emmy dans la diffusion sportive et membre de la commission des femmes dans le sport du Comité International Olympique . Donna de Varona a fait ses débuts dans la retransmission sportive dans Wide World of Sports sur ABC à l'âge de 17 ans, et partant est devenue la plus jeune et la première commentatrice sportive pour un réseau national. Cette fervente défenseur de l'égalité des sexes dans le sport a couvert 18 éditions des Jeux Olympiques d'hiver et d'été. Elle est aussi la première femme à co-présenter une émission sur les Jeux Olympiques, diffusée en deuxième partie de soirée, pour une grande chaîne de télévision.