Dicko, Riner, Agbégnénou and co : l'éloge de l'amitié à Tokyo 2020

La première épreuve de judo par équipes mixtes des Jeux Olympiques s’est déroulée à Tokyo 2020, en 2021. Une épreuve qui a montré au monde les valeurs d’amitié et de solidarité présentes dans le sport.

5 minPar Guillaume Depasse
Gold Medalists Team France
(2021 Getty Images)

Organisation, performances, records et unité ont fait partie des éléments qui ont rendu ces Jeux en tous points historiques.

Après une période où le monde entier s’est retrouvé isolé, les JO de Tokyo 2020 ont rassemblé plus de 10 000 athlètes, montrant combien les valeurs d’amitié et de solidarité étaient au cœur du sport. Le Qatarien Mutaz Essa Barshim et l’Italien Gianmarco Tamberi qui partagent un titre olympique, les skateurs et skateuses sautant de joie pour les réussites de leurs concurrents, athlètes hommes et femmes s’unissant pour de nouvelles épreuves par équipes mixtes… La liste est non exhaustive, mais les souvenirs sont présents.

À 21 ans, Romane Dicko vivait ses premiers Jeux, avec déjà deux titres de championne d’Europe à son palmarès. La judokate française a remporté le bronze en individuel, dans la catégorie des +78 kg, et l’or dans l’épreuve par équipes mixtes avec la France après avoir été à un combat de l’élimination face à Israël en quart de finale. Mais plus que la médaille d’or, décrochée avec ses dix partenaires dont Teddy Riner et Clarisse Agbégnénou, elle retient les moments de partage et d’amitié de cette journée historique, qui a vu la France remporter le premier titre olympique de judo par équipes mixtes, au Nippon Budokan face au Japon.

Romane Dicko plonge dans ses souvenirs et les partage.

« Concurrents mais aussi amis »

Il y a beaucoup de nations fortes, mais il n'y a pas beaucoup d'équipes fortes et complètes. C'est toujours le challenge de se dire “on a une équipe moins forte sur le papier, mais on peut montrer que la force de l'équipe va faire la différence”. Et par rapport au Japon, sur le papier, on est les moins forts. Ils ont plus de médailles olympiques, plus de titres olympiques. Et pourtant, la force de l'équipe de France fait qu'on les bat chez eux pour la première édition. L'équipe, c'est incroyable. Même dans la salle d'échauffement, entre pays, on s'entraide, on s'encourage.

C'est aussi ça le judo, le sport. On est concurrents mais on est aussi amis. On veut s'entraider, on se donne de la force parce que les Jeux Olympiques, c'est peut-être qu'une seule fois dans une carrière. On veut juste kiffer ensemble.

Quand on parle d’amitié dans le code moral [du judo], ce n'est pas juste un mot. C'est réel. On peut se fighter sur le tapis avec une concurrente et après, on va rigoler ensemble. On va s'embrasser, parce que c'est le sport, parce qu'on veut vivre ces moments ensemble. Je parle du judo parce que c'est [mon sport], mais je pense que tous les sportifs diront la même chose. C'est une aventure humaine, encore plus le sport de haut niveau.

« Une équipe unique et soudée »

C’était la première fois que l'épreuve par équipes mixtes est aux Jeux Olympiques, et on a vraiment à cœur de marquer les Jeux Olympiques à Tokyo. On arrive en finale face au Japon. C’est la finale des Titans. France - Japon, la plus grosse concurrence en judo. Et c'est vrai qu'avant la finale, on se dit : “OK les gars, en finale des Jeux, ça y est, maintenant il faut se libérer, il faut lâcher les chevaux et on va chercher le titre olympique chez eux". C’est beaucoup d'émotions. On nous parle souvent de l'image qu'on a renvoyée : une équipe unie et soudée.

Et c'est comme ça qu'on l'a ressenti sur place. On était une seule équipe, mixte, filles et garçons, et tous pour l'or olympique. C'était incroyable.

« Monsieur Riner prend la parole »

Les résultats [en individuel] disent que sur le papier, peut-être qu'on ne peut pas y arriver. Mais on se motive. Il y a les anciens, forcément. Clarisse, Teddy, qui nous disent : “les gars, l'épreuve individuelle est passée. C'est une autre épreuve. Les 'équipes' sont une autre compétition, on laisse tomber les rancœurs de l'épreuve individuelle, il y en a qui ont une médaille, d'autres, non. C'est pas grave, on part pour une nouvelle épreuve, la première de l'histoire, kiffez et malgré le fait qu'on n'ait pas beaucoup de médailles en individuel, on va leur montrer qu'on est une équipe forte et soudée”. Chacun met sa petite graine.

[Après le match contre Israël], Monsieur Riner, le grand frère de l'équipe, celui avec le plus d’expérience nous dit : “les gars, on a eu une frayeur, c'est passé, on laisse ce combat de côté et maintenant on avance. Il reste deux matchs, on y va step by step”.

Puis les jeunes, tout le monde est là. C’est vraiment une équipe. Je pense aussi au staff, forcément, au kiné, au médecin, au préparateur physique. On était tous soudé pour l'équipe.

« On est au Japon, kiffons ensemble »

J'ai beaucoup de souvenirs avec les Israéliens, aussi avec les Allemands qui étaient avec nous sur le podium. Après on sautait ensemble. On s'est dit “purée, on est au Japon, kiffons ensemble”.

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