Tretyak et l'URSS enterrent les fantômes de 1980 en triomphant en hockey
Aux Jeux de 1984 à Sarajevo, les stars soviétiques de hockey sur glace chassent le fantôme de leur défaite choc douloureuse subie quatre ans auparavant à Lake Placid contre les États-Unis, le fameux « miracle sur glace » américain comme on l’a baptisé.
Le groupe soviétique se montre invincible pour la sixième fois dans la compétition, grâce à son trio d’attaquants Vladimir Kroutov, Igor Larionov et Sergeï Makarov - surnommé la ligne KLM d’après leurs initiales – et aux prouesses inégalables dans les cages de Vladislav Tretyak qui obtient son troisième et ultime titre olympique.
Tretyak qui est déjà l’une des vedettes du CSKA Moscou, entre dans la légende internationale en 1972 après ses performances exceptionnelles lors de la série de matches URSS – Canada et au sein de l’équipe soviétique sacrée championne olympique cette année-là à Sapporo.
La toute puissante URSS conserve son titre quatre ans plus tard à Innsbruck, après avoir battu sa rivale tchèque finalement deuxième, et infligé une série de déroutes aux Etats-Unis, à la Pologne et à la Finlande.
Tretyak – qui au milieu des années soixante-dix est comparé à une légende telle que Pelé en terme d’impact sur le hockey sur glace – a aidé son pays à remporter le nombre stupéfiant de dix championnats du monde entre 1970 et 1983, et à se classer deux fois deuxième et une fois troisième lors des trois années où le titre a échappé aux Soviétiques.
Quand Sarajevo se présente, la superstar soviétique vient d’être approchée par l’équipe professionnelle de NHL des Canadiens de Montréal – une formation qu’il admire pour sa préférence pour le jeu bien léché plutôt que la brutalité pour remporter ses matches. Et un peu partout, on laisse entendre qu’il pourrait accepter leur offre.
Il a dit aux journalistes qui l’interrogeaient sur son avenir peu avant les Jeux : « Que va-t-il se passer après Sarajevo ? Difficile de répondre. Ce qui compte par-dessus tout, c’est de gagner la médaille d’or. C’est la finalité suprême de mon entraînement. »
Tretyak pense que l’URSS va dominer la compétition à Sarajevo et son optimisme est tout à fait légitime. Dès le deuxième tour du tournoi, la bataille pour l’or se réduit inévitablement à un duel entre Soviétiques et Tchécoslovaques.
Ces derniers luttent courageusement, mais ils ne peuvent ni résoudre l’énigme Tretyak, ni gérer les descentes et le patinage fluide des ailiers Vladimir Kroutov et Makarov, ni neutraliser les passes millimétrées d’Igor Larionov.
Leur ultime confrontation est intense, mais l’URSS tient bon et sort victorieuse 2-0, en partie grâce à une série d’arrêts exceptionnels de Tretyak en fin de rencontre.
Après la fin du match et le gain de la médaille d’or, les Soviétiques lancent leurs crosses en l’air, et l’entraîneur Viktor Tikhonov – dont la décision de faire sortir Tretyak lors du choc de 1980 face aux États-Unis a peut-être coûté le titre à l’URSS – embrasse son invincible gardien en le serrant dans ses bras. Tretyak et ses partenaires viennent enfin de chasser le fantôme de leur défaite à sensation de Lake Placid.
Tretyak se retire la même année, repoussant même un pont d’or du Canada. En 1989, il deviendra le premier joueur soviétique intronisé au Temple de la renommée du hockey sur glace sans avoir jamais évolué en NHL.
Il sera élu à la Douma, le parlement russe, en 2006 et continuera à avoir des liens avec l’Amérique du Nord en créant l’association « Les amis du Canada » pour encourager les bonnes relations. Il continue en outre à diriger des écoles de gardiens dans les deux pays pour former les jeunes stars de hockey sur glace du futur.