TQO de boxe africain : Les équipes algérienne et marocaine peuvent aller loin à Paris 2024, selon Sarah Ourahmoune et Jean-Philippe Lustyk
Dix-huit athlètes ont obtenu un quota lors de ce Tournoi de qualification olympique de boxe africain (9-15 septembre à Dakar). La vice-championne olympique de Rio 2016 Sarah Ourahmoune et le journaliste Jean-Philippe Lustyk, qui commentaient la compétition pour Olympic Channel, ont fait le bilan.
Le Tournoi de qualification olympique de boxe africain se déroulait à Dakar du 9 au 15 septembre. Une compétition riche en action avec 18 quotas pour les JO de Paris 2024 (11 chez les femmes, 7chez les hommes).
L’Algérie et le Maroc ont impressionné pendant cette semaine avec huit quotas obtenus.
Les boxeuses Widad Bertal (-54 kg), Yasmine Mouttaki (-50 kg) et Khadija Mardi (-75 kg) ont obtenu un quota pour le Maroc et Hadjila Khelif (-60 kg femmes), Roumaysa Boualam (-50 kg femmes), Imane Khelif (-66 kg femmes), Jugurtha Ait Bekka (-63,5 kg hommes) et Mourad Kadi (+92 kghommes) ont ramené un quota pour l’Algérie.
Médaillée d’argent à Rio 2016, Sarah Ourahmoune était accompagnée par le journaliste spécialiste de boxe Jean-Philippe Lustyk aux commentaires du TQO, diffusé sur Olympic Channel.
Après le dernier combat, ils sont restés dans les locaux d’Olympic Channel pour faire le bilan. Assis côte à côte et affichant une grande complcité, l’ancienne championne de 41 ans et la voix de la boxe en France ont notamment évoqué la boxe maghrébine et parlé de leurs coups de cœur.
*Les Comités Olympiques Nationaux (CNO) étant les seules autorités habilitées à déterminer qui représentera leur pays aux Jeux Olympiques, la participation de chaque athlète aux Jeux de Paris 2024 sera de fait du ressort desdits CNO, qui sélectionneront leur délégation nationale respective à Paris.
LIRE AUSSI :
L’Algérie et le Maroc, deux pays au style singulier
« Il y a une patte algérienne : ils sont tous très fluides, les mains en bas », explique Ourahmoune, vice-championne olympique française chez les -51 kg à Rio 2016. « C'est marrant parce que les boxeuses ont repris les codes de l'équipe masculine. On sent que probablement, les entraîneurs sont communs et qu'elles s'entraînent souvent avec l'équipe masculine. Et ça se sent. Il y a une vraie école algérienne. Pareil pour le Maroc, je trouvais aussi qu'on retrouvait des similitudes chez les femmes et chez les hommes. »
Jean-Philippe Lutsyk, qui a commenté certains des plus grands combats de l'histoire de la boxe pour la télévision française, estime quant à lui qu’il y a une véritable différence de boxe entre les zones du continent.
« Dans l'ensemble, c'est une compétition qui met en valeur la boxe. Il y a des oppositions de styles et ça, c'est toujours passionnant. En Afrique subsaharienne et en Afrique centrale, notamment au Ghana et au Nigéria, on a des boxeuses et des boxeurs qui frappent, des puncheurs. Moins au niveau du Maghreb, [où] c'est plus fluide, plus agile. »
Mais le style s’accompagne aussi d’efficacité, poursuit Ourahmoune, fascinée par l'évolution de la boxe maghrébine.
« Le niveau de l'équipe algérienne et marocaine est bien plus élevé que l'équipe précédente que j'ai connue, à Rio notamment, où c'était des boxes plus classiques, traditionnelles. Désormais, elles ont un style de boxe qui n'est pas simple à boxer. Les boxeuses des pays de l'Est notamment, où c'est rude, raide, n'arrivent pas à travailler devant ces filles [marocaines ou algériennes]. »
Les athlètes qui ont marqué Lutsyk et Ourahmoune lors du TQO
« Patrick Chinyemba », répond Sarah Ourahmoune, sans hésiter. À 22 ans seulement, le jeune boxeur de Zambie pourrait participer à ses deuxièmes JO, après Tokyo 2020. Au japon, il avait été éliminé par le futur champion olympique britannique des -52 kg Galal Yafai. Il a obtenu son quota après l’abandon sur blessure du Tunisien Alaeddine Zidi en finale des -51 kg.
« Ce n'était pas l'issue à laquelle on s’attendait mais on l’a vu sur trois combats : c’est un personnage et il boxe. Il peut se permettre de jouer, de faire le show parce qu'à côté, il a des qualités incroyables. Il est hyper agile, il voit clair, ça va vite, il a une vraie intelligence du ring. Il va plaire au public. Il est performant et il est attachant, il est drôle. »
« [Il est un peu comme] Prince Naseem Hamed, mais encore plus extravagant », poursuit Lutsyk, évoquant ses souvenirs de la légende britannique des années 1990, champion du monde chez les professionnels et grand showman. « Après, il est en construction, il a 22 ans. Mais on a rarement vu ça en amateurs. »
Roumayssa Boualam, première boxeuse à représenter l’Algérie aux JO, a également obtenu un quota. L’athlète de 28 ans a marqué Lutsyk.
« J'aime bien son relâchement, son coup d'œil. Sa personnalité aussi, tout ce qu'elle est. » Véritable pionnière de la boxe féminine en Algérie, la championne d’Afrique 2023 espère inspirer la jeune génération en décrochant une médaille à Paris 2024.
Et selon Ourahmoune, elle fait partie des boxeuses qui pourraient figurer sur le podium des prochains Jeux.
« Je pense que Widad Bertal, Roumayssa Boualam, Imane Khelifi et Khadija Mardi ont des chances de médailles. Mais ça dépendra de tellement de choses... Le tirage au sort, une part de chance… Mais en tout cas, elles ont le potentiel pour pouvoir se hisser jusqu'au podium. »
Rendez-vous du 27 juillet au 10 août à l’Arena Paris Nord pour les phases préliminaires et au Stade Roland-Garros pour les phases finale de la boxe à Paris 2024.